Ni l'usure de la répétition, ni les conditions climatiques extrêmes jamais vécues, ni la proximité de la fête de l'Aïd el-Adha, qui donneront un petit répit aux Algériens confrontés à une double crise politique et, surtout, économique, n'ont dissuadé un grand nombre de citoyennes et de citoyens de la ville de Boumerdès de sortir pour le 25e vendredi consécutif dans la rue pour réitérer leurs revendications : leurs droits de citoyens entiers : départ de tous les symboles du régime en place. La mobilisation a été, selon nos informations, également importante dans les villes de l'intérieur de la wilaya, notamment Bordj-Menaïel et Dellys. A Boumerdès, un débat a été improvisé, comme chaque vendredi, avant le début de la marche. Salhi, un syndicaliste, prend la parole. Il commence par dire : «Nous avons des juges mais nous n'avons pas de justice.» Il fustige ensuite les chaînes de télé privées. «Les oligarques sont en prison mais ils nous ont laissé leur poison », dira-t-il avec l'approbation générale. Et d'ajouter : «C'est scandaleux avec tout ce qui se passe dans le pays et l'énorme mobilisation du peuple, allumez l'une des chaînes, vous verrez des films de dessins animés.» Un marcheur fera part de sa colère au sujet de ces chaînes : «Si on ne fait pas de la brosse au pouvoir on ne passera jamais dans les chaînes vendues.» Abordant les questions cruciales qui se posent au pays, le syndicaliste dira : «Le Hirak n'a pas de problème avec l'armée. Le Hirak dit que le politicien reste un politicien et le soldat reste un soldat. Lorsque le Hirak revendique un ‘'Etat civil et pas militaire‘', il veut dire qu'il veut que le pays soit dirigé par un civil, intègre et compétent et surtout choisi par le peuple. Mais avec le gouvernement actuel, qui plus est a été désigné par Saïd Bouteflika, nous n'aurons jamais d'élections libres et transparentes.» Abachi L.