Pour une grande partie de l'intelligentsia de la wilaya de Boumerdès, acquise à la révolution du 22 février, la victoire du peuple est inéluctable. « La preuve !? Le régime est affolé et fait n'importe quoi. » Pour le 14e vendredi consécutif les citoyens et les citoyennes des communes de Boumerdès, Bordj- Menaïel et Dellys étaient fidèles au rendez-vous pour prendre leur part hebdomadaire au combat pacifique, bien difficile, contre le système, en faveur de la démocratie et de l'avènement de la seconde République en Algérie. La fatigue du jeûne du Ramadhan, la soif, la faim n'ont, en rien, découragé les manifestants, toujours aussi nombreux, de descendre dans la rue. « Nous n'avons plus le droit de fléchir ni laisser le terrain politique vide. Nous devons continuer notre lutte pacifique car les éléments de la sinistre bande sont toujours embusqués et à l'affût ; ils n'attendent que notre fléchissement pour reprendre leurs habitudes et si d'aventure nous les laissons faire, ils seront féroces et ils seront mus par la haine et l'esprit de la revanche. Alors, je dis à mes compatriotes, restons mobilisés d'autant plus que le reste du régime est aux abois et sur la défensive. Pour se convaincre, il suffit de voir l'armada de gendarmes mobilisés pour réprimer les citoyens sur les routes isolées et les milliers de policiers déployés pour empêcher les manifestants à Alger d'arriver un endroit désormais symbolique,» nous dira, ce vendredi, au milieu du cortège des marcheurs un enseignant de l'Université de Boumerdès. Ses accompagnants approuvent. Lors cette 14e marche, les manifestants n'ont pas décoléré contre Ahmed Gaïd Salah le patron de l'Armée. «Gaïd Salah dégage ! » est le slogan le plus repris par la foule. « Makache l'vot maâ el issaba ! (pas de vote avec la bande) » Même sentiment de colère contre le patron de l'armée chez les marcheurs de Dellys qui composaient un cortège imposant. Les protestataires ont entamé leur marche en face du siège communal pour se diriger vers le quartier Sid-El-Medjeni et faire le retour. « La population de Dellys est connue pour ses luttes pacifiques contre le système. Elle ne va rien lâcher de ses revendications contre le système qui l'a brimée et qui lui a collé des étiquettes, » nous rappelle un enfant de la ville millénaire. Comme à chaque vendredi, et ce, depuis la matinée du 22 février, les citoyens de Bordj- Menaïel, une autre ville des luttes culturelles et politiques dans la région, sont descendus dans la rue pour manifester contre le système «oppresseur désormais personnifié par Gaïd Salah,» rappelle un jeune. Abachi L.