Comme lors des 26 vendredis précédents, les revendications clairement exprimées par les marcheurs en cette vingt-septième semaine, bouclant six mois de révolte populaire du peuple contre le système honni, n'ont pas beaucoup changé. Sous un soleil brûlant, les marcheurs ont commencé à rallier le lieu mythique du centre ville : le cours de la Révolution, en début d'après-midi. Toujours aussi enthousiastes, femmes, hommes jeunes et moins jeunes, couples avec enfants, l'emblème national au vent ou noué autour des épaules, répétaient les slogans portant sur le départ de l'ensemble des résidus du clan Bouteflika, une deuxième République libre, démocratique et sociale, un Etat civil et non militaire, le pouvoir au peuple, l'application, sans tarder, des articles 7 et 8 de la Constitution. La libération des détenus d'opinion, la dissolution du parti FLN et son rangement au musée font partie intégrante des revendications de la population de Annaba. Les manifestants réclamaient aussi la non-association des autres partis de l'ex-Alliance présidentielle (RND, TAJ et MPA) dans toute recherche de solution à la crise. « Ne sont-ils pas responsables de la grave situation du pays, en ayant cautionné toutes les dérives de l'ancien régime ?» rappelle un marcheur d'un certain âge. « Bouteflika lil Harrach djibouh djibouh oua Tliba li Laalalig djibouh djibouh » (ramenez Bouteflika à la prison d'El-Harrach et Tliba à celle de Laalalig à Annaba), « Y'en a marre de ce pouvoir », « Koul djemaâ massira manach habsine » « Dégage sarraqine, dégage khaouana » (voleurs et traîtres dégagez) « El hissab oua el 3iqab lil içaba» (la bande doit rendre des comptes et payer pour ses méfaits). Les manifestants exprimaient ainsi leur dégoût de ceux qui se sont appropriés les biens du peuple. « A la poubelle echayatine » (les brosseurs à la poubelle) répétaient haut et fort les protestataires contre certaines chaînes TV connues pour avoir soutenu, des années durant, le régime déchu et qui essayent aujourd'hui, hypocritement et sans la moindre honte, de magnifier le Hirak. Pour signifier l'attachement des marcheurs à l'unité nationale, 48 emblèmes nationaux d'égale dimension, portant chacun le nom d'une wilaya du pays, ont été rassemblés et brandis le long de la marche. A. Bouacha