C'est un nouveau coup de théâtre à l'Assemblée populaire de la wilaya (APW) de Béjaïa. La majorité semble basculer en faveur du Front des forces socialistes (FFS), aux commandes de cet organe délibérant depuis deux années, grâce au ralliement de dernière minute d'un élu RND dont les pérégrinations ne cessent de laisser pantois les observateurs de la scène politique régionale. En effet, grâce à la "caution" de ce membre RND, qui a fini par se démarquer de la coalition FLN-RCD-FSLD, l'alliance FFS-RND redevient majoritaire avec 22 élus, dont 18 issus du FFS et 4 autres du RND. Profitant de ce revirement subit de situation, le groupe FFS a procédé, hier, à l'adoption du budget primitif (BP) de l'exercice 2015, à l'issue d'une délibération tenue en l'absence du wali, du P/APW, des directeurs de l'exécutif, notamment le DAL, ainsi que des autres groupes d'élus. À noter que le groupe de l'opposition, constitué des élus RCD, FLN et FSLD, se démarque de cette réunion qu'il qualifie d'"illégale", du fait que la session extraordinaire de la veille, convoquée par le wali de Béjaïa, demeure suspendue jusqu'à ce que le tribunal administratif ait statué sur la requête introduite par ladite coalition qui rejette les procurations établies par trois élus FFS absents à cette assemblée exceptionnelle, dont le P/APW qui se trouve en congé de maladie. C'est ce que nous a fait savoir, hier, l'élu du FLN, Saâdi Djerroud, qui a tenu à préciser que "tant que le tribunal administratif n'a pas encore tranché cette affaire, toute décision ou délibération engageant l'APW de Béjaïa est nulle et non avenue". Selon notre interlocuteur, cette juridiction devra se prononcer aujourd'hui, mardi, sur ce dossier. "Outre la conformité des procurations présentées par le groupe FFS, la justice devrait statuer aussi sur le cas des indemnités perçues par des élus issus du même parti qui se trouvent absents depuis plusieurs mois", a-t-il ajouté. Pour sa part, le FFS se félicite d'avoir réussi à recouvrer sa majorité, mais aussi à adopter in extremis le budget primitif. "Nous avons fait notre devoir d'élus de la majorité en adoptant le BP avec 22 membres présents contre 21 absents. Maintenant, c'est au ministère de tutelle de prendre la décision d'approuver ou non ce budget. L'essentiel est que nous ayons pu déjouer le complot dont le FFS a été la cible. Nous avons su éviter de répondre aux provocations de l'alliance contre nature dont les membres ne cherchent réellement qu'à satisfaire leurs ambitions personnelles", nous a déclaré, hier, Karim Natouri, élu FFS à l'APW de Béjaïa. Selon lui, ce qui fait réellement courir ces élus de l'opposition, ce sont les deux points inscrits à l'ordre du jour de la session programmée pour le 8 décembre dernier où l'assemblée devait plancher sur deux dossiers très sensibles, à savoir l'hydraulique et le foncier industriel. "Nous allions demander des comptes sur l'exploitation illicite de forages par certains investisseurs de la région, mais aussi sur les conditions d'attribution d'assiettes foncières à d'autres hommes d'affaires dans le cadre du Calpiref. Hélas, nous avons trouvé en face de nous des élus qui roulent pour des intérêts des forces occultes !", s'indigne notre interlocuteur. K. O.