Devant la persistance de la plus grave crise politique qui secoue l'Algérie depuis l'indépendance et les risques qui pèsent sur le pays, l'armée jette tout son poids pour préserver l'Etat et permettre un retour rapide à une normalité institutionnelle. Elle réitère, encore une fois, avec force, sa feuille de route connue de tous, depuis le 2 avril dernier. Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Hier lundi, et au deuxième jour de sa visite en 2 ème Région militaire à Oran, le vice-ministre de la Défense nationale et chef de l'état-major de l'ANP, le général de corps d'armée Ahmed Gaïd Salah, tenait, ainsi, à rappeler et à préciser : «Cette approche s'articule sur la primauté de la légitimité constitutionnelle, à travers l'organisation d'élection présidentielle transparente, dans les plus brefs délais, afin d'éviter toutes les phases de transition dont les conséquences sont périlleuses. Clamées par certaines parties qui n'ont d'autres objectifs que l'aboutissement de leurs intérêts étroits et ceux de leurs maîtres.» Gaïd Salah ne se suffira pas, cette fois, que de dénoncer les partisans de la transition mais jettera un véritable pavé dans la mare lorsqu'il ajoutera : «Des parties qui commencent à être démasquées, et nous avons des informations confirmées de leur implication, et que nous dévoilerons au moment opportun.» A qui le chef d'état-major fait-il allusion ici, en particulier ? En tout cas, si c'est affirmé également officiellement et à un tel niveau, il va de soi que l'armée détient des dossiers solides sur certaines parties ou personnes agissant conformément à des plans préétablis. Il faut donc s'attendre à quelques surprises dans les jours à venir. Ceci étant, l'armée tient, plus que tout, à l'organisation d'une élection présidentielle dans les plus courts délais et, par voie de conséquence, soutient naturellement le dialogue que chapeaute l'instance présidée par Karim Younès. «Je le dis, affirme Gaïd Salah, cette approche qui appelle à la voie du dialogue rationnel, sincère et sérieux, jouit de l'appui de la majorité des composantes du peuple algérien, comme étant le moyen le plus adéquat à même de préserver les intérêts suprêmes de la Nation, ce qui a été confirmé par Monsieur le Chef de l'Etat dans son message adressé au peuple algérien à l'occasion de la journée du Moudjahid.» L'armée rend hommage au panel de Karim Younès Un processus de dialogue qui, certes, est entamé laborieusement mais qui, tout de même, a créé une certaine dynamique sur la scène politique depuis quelques jours et , en tout cas, a brisé le dangereux statu quo des semaines précédentes. Le patron de l'ANP ne manquera d'ailleurs pas de dire : «A ce titre précisément, je tiens à saluer les efforts patriotiques et sincères consentis par l'instance nationale pour la médiation et le dialogue et je valorise les résultats encourageants réalisés en si peu de temps, comme je tiens à remercier tous ceux qui ont répondu à l'appel de la patrie, partant de leur sincère conviction que l'Algérie, dont les terres ont été irriguées par le sang pur de millions de chouhada, saura s'en sortir.» Le chef de l'état-major insistera longuement sur l'impérieuse nécessité de la réussite de ce dialogue, et sur l'urgence, vitale pour le pays, de la tenue de l'élection présidentielle. «Dans ce cadre précisément, expliquera-t-il, je salue tous les efforts fournis pour faire avancer le dialogue et trouver une sortie rationnelle et objective de la crise actuelle, tout comme nous réitérons, encore une fois, nos appels aux enfants loyaux et sincères, mus par les bonnes intentions et jaloux de l'Algérie, à unir leurs forces tel un seul homme et répondre à l'appel de la patrie sans plus tarder, pour contribuer à l'enrichissement de ce dialogue national, de manière à garantir l'organisation de l'élection présidentielle dans les plus brefs délais, dans un climat de transparence, d'honnêteté et de respect de la volonté populaire dans l'élection d'un président de la République, au service de son pays et de son peuple avec fidélité et abnégation, qui jouira de toutes les prérogatives pour concrétiser les aspirations du peuple et qui mènera notre pays vers l'avenir escompté.» Commencer la préparation de la présidentielle dans les semaines à venir L'armée fait de l'organisation de la présidentielle une priorité nationale absolue. Gaïd Salah dira à ce propos que «ces élections seront une véritable opportunité pour accomplir la volonté populaire et la traduire concrètement à travers l'élection d'un président de la République (…)». Mieux, ajoutera-t-il, «bien au-delà, la logique impose que la préparation de ces élections commence dans les semaines à venir parce que le temps n'est pas de notre côté, comme nous l'avons souligné à maintes reprises, et parce que tout ce que nous avançons est basé sur des informations avérées et des données fiables qui confirment toutes que c'est le choix le plus sûr et le plus adéquat pour sortir de la crise actuelle. Ainsi, j'appelle, encore une fois, à l'impératif d'accélérer le processus d'installation de l'Instance nationale indépendante pour la préparation, l'organisation, et la surveillance des élections présidentielles, qui représente une garantie essentielle pour surpasser la situation actuelle.» Cela, avant de mettre en garde contre toute tentative d'entraver le processus devant mener à la présidentielle. Il dira, en effet, que «cependant et bien malheureusement, au moment où les fidèles et sincères enfants de cette patrie appellent à poursuivre la consolidation de la cohésion nationale et multiplient les efforts en privilégiant l'intérêt suprême de la Nation, quelques voix fourbes, dont les intentions malveillantes sont bien connues, ayant vendu leurs âmes pour servir les intérêts de la bande et ceux de leurs maîtres, œuvrent, par tous les moyens possibles, à entraver le travail de l'instance nationale de la médiation et du dialogue. Ils tentent notamment d'imposer des conditions irréalisables et des exigences rejetées dans leur totalité, notamment en faisant la promotion de l'idée de la négociation au lieu du dialogue et de la désignation au lieu de l'élection, usant de manœuvres flagrantes en portant l'attention sur des questions marginales et sans aucun intérêt, outre la tentative de diffuser des idées sombres qui condamnent le futur Président et lui imposent des agendas préétablis, et c'est là une pratique inacceptable car incompatible avec les dispositions de la Constitution qui est claire dans ce domaine et qui limitent les prérogatives du Président élu en dépit du fait que suite à son élection, il aura obtenu la légitimité de l'urne et jouira de la confiance du peuple qui l'a choisi sur la base d'un programme défini. Toutes ces manigances visent à perturber le processus du dialogue et de l'orienter pour servir les intérêts personnels de la bande». Fort probablement, Gaïd Salah fait-il allusion, ici, aux partisans de la Constituante, à savoir la remise en question hasardeuse et extrêmement dangereuse, de tous les fondements de l'Etat et de la Nation algériens. K. A.