"La logique impose que la préparation de cette élection commence dans les semaines à venir parce que le temps ne joue pas en notre faveur", a souligné le chef d'état-major de l'ANP. Usant comme de coutume d'un ton direct et bien tranchant, le chef d'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense, Ahmed Gaïd Salah a réitéré, encore une fois, son rejet de toute option autre que l'élection présidentielle qui, a-t-il insisté, doit se tenir "dans les plus brefs délais". "Cette approche s'articule sur la primauté de la légitimité constitutionnelle, à travers l'organisation d'une élection présidentielle transparente dans les plus brefs délais, afin d'éviter toutes les phases de transition dont les conséquences sont périlleuses", a-t-il déclaré dans une allocution prononcée lors de sa visite à la 2e Région militaire (Oran), selon un communiqué du ministère de la Défense nationale. Cette sortie du patron de l'armée sonne comme une réponse à la rue et aux acteurs politiques et de la société civile qui se sont réunis récemment à Alger, sous la férule des dynamiques de la société civile, visant à rapprocher les points de vue et à organiser une conférence nationale dans le but d'arriver à une solution consensuelle à l'impasse dans laquelle se trouve le pays. Sûrement d'ailleurs puisque la solution préconisée ne recoupe pas la feuille de route défendue contre vents et marées par le pouvoir. Récemment certains acteurs politiques ont averti que les Algériens n'iront pas voter dans les conditions actuelles. Autrement dit, le pari d'une présidentielle "dans les plus brefs délais" est, à leurs yeux, irréalisable. Ce qui n'est pas de l'avis du patron de l'armée qui tient mordicus à l'"organisation d'une élection présidentielle dans les plus brefs délais, dans un climat de transparence, d'honnêteté et de respect de la volonté populaire dans l'élection d'un président de la République, au service de son pays et de son peuple avec fidélité et abnégation, qui jouira de toutes les prérogatives pour concrétiser les aspirations du peuple, et qui mènera notre pays vers l'avenir escompté". "Cette élection sera une véritable opportunité pour accomplir la volonté populaire et la traduire concrètement à travers l'élection d'un président de la République qui jouira de la légitimité requise et de la confiance du peuple, qui insiste sur cette exigence et sur sa position immuable quant à la préparation et au déroulement de l'élection présidentielle, dans les plus brefs délais", a-t-il insisté. Mieux, Gaïd Salah met la pression sur l'Exécutif pour installer "dans les semaines à venir" l'instance d'organisation et de surveillance des élections dont avait parlé le chef de l'Etat dans son discours du 3 juillet 2019. "Bien au-delà, la logique impose que la préparation de cette élection commence dans les semaines à venir parce que le temps ne joue pas en notre faveur, comme nous l'avons souligné à maintes reprises, et parce que tout ce que nous avançons est basé sur des informations avérées et des données fiables qui toutes confirment que c'est le choix le plus sûr et le plus adéquat pour sortir de la crise actuelle", a-t-il soutenu. Et d'enchaîner : "J'appelle encore une fois, à l'impératif d'accélérer le processus d'installation de l'instance nationale indépendante pour la préparation, l'organisation et la surveillance de l'élection présidentielle, qui représente une garantie essentielle pour surpasser la situation actuelle". Louanges au panel de Karim Younès Même s'il a rejeté, il y a quelques semaines, les préalables posés par Karim Younès et les membres de l'instance de dialogue et de médiation pour entamer leur mission, le chef d'état-major de l'ANP a tenu, cette fois-ci, à saluer le travail accompli par le panel qui, depuis début août, a multiplié les rencontres dans le but de trouver une solution à la crise. "Je tiens à saluer les efforts patriotiques et sincères consentis par l'instance nationale de la médiation et du dialogue, et je valorise les résultats encourageants réalisés en si peu de temps", s'est-il félicité, avant d'ajouter : "Comme je tiens à remercier tous ceux qui ont répondu à l'appel de la patrie, partant de leur sincère loyauté et de leur profonde conviction que l'Algérie, dont les terres ont été irriguées par le sang pur des millions de chouhada, saura s'en sortir, avec l'aide d'Allah Le Tout-Puissant, et triompher comme elle l'a toujours fait." Et le patron de l'armée d'appuyer : "Je salue tous les efforts fournis pour faire avancer le dialogue et trouver une sortie rationnelle et objective de la crise actuelle, tout comme nous réitérons nos appels aux enfants loyaux et sincères, mus par les bonnes intentions, et jaloux de l'Algérie, à unir leurs forces tel un seul homme et répondre à l'appel de la patrie sans plus tarder, pour contribuer à l'enrichissement de ce dialogue national, de manière à garantir l'organisation de l'élection présidentielle dans les plus brefs délais." Haro sur les partisans de la transition S'il a mis toute sa force et sa verve pour défendre l'option d'une élection présidentielle, le chef d'état-major de l'ANP s'est attaqué, avec la même force et violemment, aux tenants de la transition qu'il n'a pas ménagés, allant jusqu'à les accuser de travailler pour des parties étrangères. "Au moment où les fidèles et sincères enfants de cette patrie appellent à poursuivre la consolidation de la cohésion nationale et multiplient les efforts en privilégiant l'intérêt suprême de la nation, quelques voix fourbes dont les intentions malveillantes sont bien connues, ayant vendu leur âme pour servir les intérêts de la bande et ceux de leurs maîtres, œuvrent par tous les moyens possibles à entraver le travail de l'instance nationale de la médiation et du dialogue", a-t-il dénoncé, avant de poursuivre : "Ils tentent notamment d'imposer des conditions irréalisables et des exigences rejetées dans leur totalité, notamment en faisant la promotion de l'idée de la négociation au lieu du dialogue et de la désignation plutôt que l'élection, usant de manœuvres flagrantes en portant l'attention sur des questions marginales et sans aucun intérêt, outre la tentative de diffuser des idées sombres qui condamnent le futur président et lui imposent des agendas préétablis, et c'est là une pratique inacceptable, car incompatible avec les dispositions de la Constitution qui est claire dans ce domaine (…)". Ne s'arrêtant pas là, Gaïd Salah continue sa charge contre les partisans de la transition qui, selon lui, "n'ont d'autres objectifs que l'aboutissement de leurs intérêts étroits et ceux de leurs maîtres". "Des parties qui commencent à être démasquées, et nous avons des informations confirmées de leur implication et que nous dévoilerons au moment opportun", a-t-il promis. Evoquant le dossier de la lutte contre la corruption, le patron de l'armée a renouvelé son soutien aux juges et les a assurés du soutien de l'institution militaire. "Je tiens à adresser, à cette occasion, aux hommes de la justice notre reconnaissance et nos encouragements, pour les efforts qu'ils fournissent dans la lutte contre la corruption, et nous réitérons notre engagement au sein de l'Armée nationale populaire, à les accompagner et à leur assurer les garanties nécessaires à l'exécution de leur noble mission, loin de toute forme de pression", a-t-il dit, en assurant que les hommes de loi "sont déterminés et résolus à faire appliquer scrupuleusement la loi contre les conspirateurs, à travers le traitement de tous les dossiers sans exception, y compris ceux restés au fond des tiroirs et aux oubliettes".