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«Il est impératif que le Panel gagne la confiance des citoyens»
Mohamed Aziz Derouaz au Soir d'Algérie :
Publié dans Le Soir d'Algérie le 02 - 09 - 2019


Propos recueillis par Ilhem Tir
Faisant partie du comité de sages désigné par le Panel de dialogue présidé par Karim Younès, Mohamed Aziz Derouaz, dont le profil a été choisi en prenant en considération des critères bien définis tel que la crédibilité afin qu'il puisse avec ses pairs répondre au paramètre de confiance tant espéré, a accepté de répondre à nos questions.
Le Soir d'Algérie : Le Panel de médiation a désigné le 17 août un comité de sages de 41 personnalités dont vous faites partie. Pourquoi avoir accepté cette invitation ?
Mohamed Aziz Derouaz : Avant toute chose, je tiens à préciser que je suis un membre actif du «Hirak», depuis le 22 février avec 24 des 28 marches effectuées en famille, par conviction de tous ses membres. Cela étant, je n'ai cessé de me poser les questions que tout citoyen responsable doit se poser, et en particulier, en tant que «personnalité publique» que je suis et interpellé comme tel tout au long de ces marches par des dizaines de citoyens angoissés par le devenir du pays.
Je suis arrivé à la conviction que devant l'extrême gravité de la situation du pays, la seule solution viable de sortie de crise, est le retour à la légitimité, par l'élection d'un président de la République. Le seul problème de cette solution vient du fait qu'elle coïncide avec «la voie constitutionnelle», telle que préconisée et imposée par les autorités militaires, alors que le soulèvement populaire a fait échouer les deux premières tentatives d'organisation du scrutin. Plus le temps passe, plus la solution de l'élection présidentielle m'est apparue comme la seule qui s'impose avec des conditions de préparation devenant de plus en plus difficiles.
Aussi, j'ai d'abord accueilli favorablement la naissance de l'initiative de Panel de dialogue national par rapport notamment au respect et la considération que j'ai pour plusieurs de ses membres originels dont son coordonnateur, M. Karim Younès. Lorsque les coups de boutoir portés à l'instance, venus de tous côtés ont fait vaciller le Panel, dont la disparition pouvait porter un coup fatal à l'avancée vers une solution, ses responsables ont initié le projet d'un Comité de sages. J'ai donc accepté d'en faire partie, en tant que militant sans aucunement renier mes convictions de hirakiste.
Quelle est votre mission au sein de ce groupe ?
Ce Comité de sages a évolué en «commission consultative». Ce qui nous est demandé est de donner des avis et suggestions complémentaires au travail réalisé par les autres commissions du Panel ayant notamment exploité les différentes propositions des partis politiques et de la société civile. Le travail effectué doit aboutir principalement à la rédaction de 2 projets de textes dont, outre celui de la modification de la loi électorale, celui prépondérant de la création et l'organisation de la Commission de préparation, organisation, suivi et contrôle des élections totalement indépendante . Il y a là l'essentiel de ma motivation et conviction personnelles. Faisant mienne notre expression populaire «poursuivre le menteur jusqu'à la porte de sa maison», j'ai décidé d'adhérer à la défense de ce processus, malgré toutes les erreurs l'ayant jalonné.
Quelles sont les chances, selon vous, pour que le dialogue engagé par le Panel que préside M. Karim Younès aboutisse ?
Il est difficile d'évaluer les chances de succès de l'opération tant que les conditions posées par les participants au dialogue ne sont pas réunies. Le peuple dans sa majorité a gardé les mêmes revendications et les dérives observées çà et là ne sont que le résultat de la perte de temps et des contradictions, tant que la satisfaction des demandes semblant les plus simples et logiques à la population, n'est pas au rendez-vous. Or, pour qu'il y ait élection, il faut des électeurs et les cartes sont donc entre les mains des citoyens et nullement entre celles des tenants du pouvoir, du Panel, des forces politiques quelles qu'elles soient.
Il est donc impératif de gagner la confiance des citoyens, et c'est là l'immense chantier qui attend à la fois les membres du Panel ainsi que tous les citoyens de bonne volonté qui se sont associés à cette initiative. Le bon message doit passer et aboutir. Sans cela, il est inutile de perdre du temps à chercher des solutions, car l'échec de cette initiative renverra à des délais et des formes impossibles à déterminer, avec tous les dangers que les naïfs n'imaginent même pas.
Êtes vous convaincu par cette voie ?
Je suis conscient des faiblesses de cette initiative dont la responsabilité n'échoit pas à sa composante. Il est utile de rappeler que ce Panel est l'aboutissement d'une situation totalement fermée. C'est cette situation de blocage qui a conduit des «initiateurs» qu'il faut saluer, à faire ce premier pas dont l'objectif peut ou doit permettre qu'enfin, pour une première fois depuis l'indépendance, un président de la République, puis sans aucun doute une fois cela fait, des assemblées représentatives soient élus, en toute transparence et honnêteté. J'ai le droit de rêver.
Quelles sont les entraves auxquelles fait face le Panel ?
Le Panel a fait face dès sa phase de projet à des entraves. Si je remonte jusque-là, c'est parce que je considère que de nombreuses personnalités contactées pour y figurer ont constitué un problème en se désistant. Tout en ayant tellement souffert du «zaïmisme», de la croyance à l'homme providentiel, le «Hirak» a passé des mois à chercher ces personnes dans un effectif réduit à peau de chagrin par le travail de la nature auprès des référents historiques encore acceptables de la guerre de Libération nationale. Par ailleurs, le travail de sape du système a privé la société de références vivantes issues de la vie associative, sociale ou politique.
C'est ainsi que la composition initiale du Panel n'a pas réuni l'approbation de la société allant même jusqu'à banaliser la présence d'authentiques militants tels Abdelouahab Bendjelloul, syndicaliste reconnu et militant de la première heure du Conseil supérieur de la jeunesse, pour ne citer que lui parmi ceux dont tout un chacun dira : «On ne connaît personne».
Quelques erreurs ont été commises ayant engendré des conséquences regrettables, et notamment les départs de 2 parmi les premiers membres, ce qui a conduit à une refondation en «instance chargée du dialogue et de la concertation», restructurée en commissions plus fonctionnelles, et surtout plus aptes à répondre à la rapidité de la mission rendue de plus en plus nécessaire par l'évolution de la situation du pays. Mais, je considère que la difficulté principale réside dans l'incompréhension, volontaire ou non, de la mission de l'instance qui cristallise de plus en plus un rejet populaire suicidaire.
On entend çà et là dire : «Le Panel ne nous représente pas» ou encore, «pas de dialogue avec l'îçaba», alors qu'il est clair que nul n'a jamais prétendu représenter le «Hirak» ou le peuple, et qu'il n'a jamais été question de dialoguer ni avec l'içaba ni avec le pouvoir. On doit respect aux membres bénévoles et à leur engagement.
Qu'en est-il des mesures d'apaisement promises ?
Il faut parler de l'absence de progrès dans la satisfaction des «mesures d'apaisement» constituant le climat indispensable à créer pour établir la confiance, avant toute idée d'organisation d'une élection présidentielle. L'absence de résultat du Panel, relais des demandes des partis politiques et de la société civile, et donc de la population, dans les réponses du pouvoir, risque d'ôter toute crédibilité à cette instance qui aura ainsi du mal à convaincre la société de la sincérité des tenants du pouvoir dans la mise en place des nouvelles dispositions entourant l'organisation des élections.
Que pensez-vous de la mobilisation citoyenne maintenue depuis 28 vendredis maintenant ?
Il faut d'abord rendre un grand hommage à toutes ces femmes et ses hommes de Kherrata, sa région et de Khenchela sortis la semaine précédent le 22 février et qui ont inspiré le soulèvement populaire qui n'a plus cessé. L'histoire, et les générations futures retiendront ces dates et le formidable élan de tout le peuple algérien. Le «Hirak», tel qu'il est appelé, est la meilleure garantie que tout le monde peut avoir par rapport à ce processus électoral, une présidentielle ou d'autres scrutins à venir, car ce merveilleux peuple ne se laissera plus faire. Le peuple algérien s'est soulevé comme «un seul homme» avec toutes ses franges pour une cause principale : la dignité.
Cela a conduit bien entendu à faire échouer le plan du 5e mandat qui était en fait celui du 2e mandat du frère, président par faux et usage de faux. Toutes les situations de ce genre, des parties, même bien intentionnées parfois, se singularisent pour des causes qui divisent. L'une des victoires exceptionnelles du mouvement a été de rassembler tout le peuple dans ses différences avec toute la tolérance que cela exige. 
On a vu apparaître au fur et à mesure des slogans ou banderoles et autres supports mettant en avant la défense de causes qui opposent les Algériens les uns aux autres, ceci aux antipodes de la logique unitaire du soulèvement populaire qui a fait sa force avec son pacifisme.
Vous évoquez là les signes de divergences qui ont fait leur apparition…
Alors que les uns et les autres avaient gagné cette tolérance tant recherchée, qui a vu les hommes en tenue reflétant une appartenance idéologique évidente», marcher à côté de femmes et jeunes filles aux bras nus et cheveux au vent, comme on a apprécié que ceux qui exprimaient une crainte ou un rejet pour leurs frères portant des «barbes imposantes» reprenaient les slogans communs à tous dans une communion qui a fait rêver. Comment les uns et les autres des deux camps ont-ils pu imaginer la dérive progressive vers des revendications qui divisent. Il faut savoir raison garder et retrouver la volonté d'unité qui est l'une des principales conquêtes de ce magnifique épisode de l'histoire de notre pays. Il faut donc laisser aux urnes la définition des majorités, une fois consacré le principe de l'alternance au pouvoir, et l'expression des revendications singulières au cours des campagnes électorales et non pas lors des marches d'unité nationale.
Votre lecture de la scène politique actuelle ?
La situation politique actuelle, malgré sa complexité, a révélé une évolution extrêmement positive par rapport à une prise de conscience générale de la nécessité de ne pas la laisser aux seules mains du «pouvoir», mais de la ressentir, partager, influencer, pour tous les citoyens. La politique se pratique bien sûr dans la rue, lorsque la situation l'exige, mais surtout dans des organisations créées à cet effet, à savoir les partis politiques, et parfois la société civile lorsqu'un appel est fait en direction des masses par ceux qui la manient.
Les progrès réalisés par les partis politiques dans leur présence sur le terrain dans cette période exceptionnelle représentent un acquis remarquable à mettre à l'actif de la Révolution populaire, quand bien même une partie de la population continue à opposer de la méfiance allant jusqu'au rejet vis-à-vis de ces organisations.
C'est la conséquence de la fermeture du champ politique imposée par le pouvoir totalitaire alors que le multipartisme avait été une victoire de la révolte d'Octobre 1988. Si le pouvoir a tout fait pour discréditer les formations politiques autres que celles qui constituaient les appareils de reproduction et défense du système, il faut convenir que la mission d'information revenant aux médias pour rétablir l'ordre des choses n'a pas été accomplie.
Il est indispensable que les citoyens soient convaincus qu'il existe des partis politiques propres, constitués de militants engagés qui donnent de leur personne et ne sont pas là pour prendre, quand bien même il est normal qu'ils soient animés d'ambitions de parvenir à un poste électif.
L'irrespect manifesté par les citoyens vis-à-vis de ces militants et leurs dirigeants est malheureusement la condamnation à l'échec d'un processus revendicatif. Je suis fier d'avoir complété ma vie de militant bénévole au service du peuple entamée comme dirigeant sportif, puis entraîneur national de handball, par des missions politiques à chaque fois que la situation du pays l'exigeait.
I. T.


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