Les Algériens ne comptent pas céder avant l'aboutissement de leurs revendications. Ils sont déterminés à poursuivre la Révolution jusqu'au nettoyage définitif du pays des résidus du système politique et du régime mis en place par Bouteflika durant ses 20 ans de règne chaotique. La mobilisation a repris sa puissance hier, après un pénible été marqué par une résistance sans faille du mouvement. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le 29e vendredi de la mobilisation populaire contre le système politique était un acte d'affirmation dans les différentes wilayas du pays. C'est à une reprise spectaculaire du mouvement que nous avons assisté à Alger et ailleurs. Premier vendredi du mois de septembre et la rentrée sociale, la journée a tenu toutes ses promesses. La reprise a été à la hauteur des aspirations populaires qui rejettent, avec insistance et détermination, toute élection et tout dialogue avec «les bandes». Une forte mobilisation, avec une ferme détermination d'en finir avec le système en place et de renvoyer tous les symboles du régime hérités de l'ex-Président, à leur tête le chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah (imposé par Bouteflika à la tête du Sénat depuis 2002) et du gouvernement de Noureddine Bedoui nommé par le même Bouteflika. Un héritage empoisonné qui risque de coûter très cher au pays. Mais l'engagement des citoyens de mener à bout le mouvement en préservant son caractère pacifique est plus fort que toute autre tentation. Les marées humaines qui n'ont jamais déserté Alger, y compris pendant la saison des chaleurs et de la canicule, ont été au rendez-vous. Mieux, la mobilisation a été bien plus forte, reprenant ainsi sa puissance d'avant l'été. Preuve en est que les citoyens ont pris la décision de protéger la Révolution contre toute tentative de récupération, de déviation ou d'avortement. Fermes, les manifestants ont rejeté les élections que le pouvoir projette d'organiser avant la fin de l'année, en ciblant le chef d'état-major de l'armée qui a appelé à la convocation du corps électoral ce 15 septembre. Les manifestants qui ont afflué par dizaines de milliers au centre de la capitale ont ciblé les détenteurs du pouvoir réel, leur exigeant de remettre le pouvoir au peuple et de respecter la souveraineté populaire. Les citoyens exigent une période de transition avant toute élection, avec le départ, comme préalable, de Bensalah et de Bedoui. Ces derniers ont été descendus en flammes dans un nouveau chant des manifestants qui ont radicalisé les mots d'ordre et les slogans, annonçant le début proche d'une désobéissance civile. Les rues de la capitale ont vibré encore une fois sous le hautement symbolique slogan «le peuple veut l'indépendance». «Pas d'élections avec les bandes», ont-ils en outre lancé, affirmant qu'aucune élection ne sera organisée sans l'aval du peuple. Les Algériens qui refusent de céder sur leurs revendications ne comptent faire aucune concession au pouvoir. «Soit nous, soit vous, on ne va pas s'arrêter !», ont-ils scandé. Dénonçant la justice du téléphone», les manifestants n'ont pas manqué de réclamer la libération des détenus d'opinion, notamment le commandant de l'ALN, Lakhdar Bouregaâ et les jeunes incarcérés pour avoir manifesté avec l'emblème amazigh. Les Algériens, à travers leur historique et pacifique mobilisation qui a repris de plus belle hier, sont décidés à démanteler le système, qualifié à juste titre par l'ancien chef du gouvernement, Mouloud Hamrouche, de «système antinational». K. A.