Les vendredis se suivent et la détermination des populations à arracher leurs revendications pour un changement radical du système se renforce. Hier, au 25e acte de mobilisation nationale, sous une chaleur insupportable, les Algériens ont exprimé leur attachement à leur révolution. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Dans la capitale, la mobilisation était imposante. Par une journée caniculaire, des torrents humains ont convergé vers le centre d'Alger, avec des mots d'ordre, des slogans, des banderoles et des pancartes rejetant tout dialogue et toute élection avec « les bandes » et exigeant la libération des détenus d'opinion. La température a frôlé les 40 degrés mais la détermination des manifestants était encore plus forte, donnant ainsi la preuve que les citoyens tiennent, plus que jamais, à ce mouvement qui traverse les mois et les saisons sans céder aux manœuvres visant à l'avorter, aux tentatives de le diviser et de le dévier. «Il n'est pas évident de sortir manifester sous plus de 40 degrés. Mais quand on le fait, il est évident qu'on ne rentre pas les mains vides. Celle révolution ne s'éteindra pas», résume un manifestant, qui s'attend encore au renforcement de la mobilisation à la rentrée sociale. Des flux humains, en provenance des quartiers d'Alger, empruntant la rue Hassiba-Ben-Bouali, Didouche-Mourad et Zighoud-Youcef, se sont rencontrés au centre-ville, bouclé par un imposant dispositif sécuritaire, offrant des images spectaculaires de manifestants qui jurent de ne faire aucune concession sur les revendications populaires. Face à l'entêtement du pouvoir à satisfaire ces revendications, à leur tête, le départ du chef de l'Etat, Abdelkader Bensalah, et le Premier ministre, Noureddine Bedoui, les manifestants ont menacé, pour le deuxième vendredi consécutif, de recourir à la désobéissance civile, comme un moyen de pression supplémentaire sur le pouvoir. Les foules humaines ont ciblé, pour la circonstance, le chef d'état-major de l'armée qui insiste sur l'élection présidentielle avant le départ des symboles du régime. Scandant le slogan «Etat civil et non militaire», les manifestants ont exprimé, une nouvelle fois, leur rejet de toute élection et de tout dialogue tant que Bensalah et Bedoui, auxquels une chanson de protestataires est dédiée, sont toujours en place. Karim Younès, coordinateur du panel de dialogue, est particulièrement ciblé par les manifestants, lui signifiant qu'«il n'y a pas de dialogue avec les bandes». «Qu'ils dégagent tous», ont, longuement, lancé les marcheurs, en réservant des slogans hostiles au FLN et au RND qui ont tenté d'occuper la scène ce week-end en réclamant la participation à la solution de la crise, alors qu'ils sont accusés d'être à l'origine de cette même crise. A la place Audin, une tribune d'expression libre a été installée. Des dizaines d'intervenants se sont succédé pour appeler à la poursuite de la mobilisation jusqu'au départ du système, insistant sur la nécessité de préserver le caractère pacifique de la contestation. L'un des intervenants a relaté son interpellation, le matin, avec 12 autres personnes, conduits au commissariat de Rouiba, avant d'être relâchés, avant le début de la marche. En cette veille de l'Aïd, les manifestants ont lancé des appels à la libération des détenus d'opinion, notamment le moudjahid Lakhdar Bouregaâ et les jeunes incarcérés pour avoir manifesté avec le drapeau amazigh. K. A.