Inlassablement, l'armée réitère, et à haute voix, sa détermination à tenir l'élection présidentielle avant la fin de l'année, écartant, avec la même fermeté, tout autre scénario, en l'occurrence toute autre forme de transition, qu'elle considère même comme étant «des idées coloniales d'un autre âge, condamnées par l'Histoire et rejetées par le peuple». Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Cette décision d'aller à la présidentielle, dans les délais précédemment précisés par le chef de l'état-major est, pour l'armée, une question de principe irréversible. C'est ce qu'affirme le ministère de la Défense nationale, à travers son organe central, la revue El Djeich. Dans son édition de septembre 2019, parue hier mardi, El Djeich affirme, dans son très officiel éditorial, qui exprime le point de vue du Haut Commandement de l'ANP, ce qui suit : «En dépit de toutes ces missions que notre armée s'apprête à accomplir durant la prochaine année de préparation au combat et du caractère sensible et décisif de la phase que traverse notre nation, la détermination de notre Commandement militaire à ce que notre armée se tienne aux côtés du peuple en vue de concrétiser le changement souhaité, d'encourager le dialogue rationnel et intègre afin d'aller rapidement vers une élection présidentielle transparente, est un principe duquel notre Armée nationale populaire, digne héritière de l'Armée de libération nationale, ne déviera pas». Avant d'écrire encore, aussitôt après : «La phase que nous traversons nécessite de faire prévaloir la légalité constitutionnelle à travers l'organisation de l'élection présidentielle dans les plus brefs délais qui débouchera sur l'élection d'un président de la République ayant le désir de servir le pays et le peuple en toute sincérité. Ceci, loin de toute surenchère ou tentative d'imposer des conditions irréalisables, des dictats et de véhiculer des idées coloniales d'un autre âge, condamnées par l'Histoire et rejetées par le peuple». L'éditorialiste d'El Djeich sera plus explicite encore lorsqu'il s'en prendra aux partisans de la transition. On lit ainsi, en effet : «Aussi et au moment où le peuple algérien, dans toutes ses composantes, a approuvé cette démarche sérieuse de sortie de crise en se rangeant aux côtés de l'ANP, exprimant ainsi son adhésion à son approche reposant sur le dialogue rationnel sans exclusive dans le cadre de la légalité constitutionnelle, certaines parties tentent de semer des embûches dans le processus de dialogue, en faisant valoir la nécessité d'une période de transition afin d'entraîner le pays dans le piège du vide constitutionnel, dans une tentative d'abuser et de tromper l'opinion publique interne et étrangère, en véhiculant des idées douteuses et empoisonnées.» Comme l'a constamment fait le vice-ministre de la Défense, l'armée, non seulement s'oppose à la transition, mais la dénonce et la combat de toutes ses forces. «Ces parties (les partisans de la transition NDLR) espèrent ainsi tirer avantage des espoirs, des aspirations et des revendications légitimes exprimées par le peuple. Elles semblent ignorer que l'ère des diktats et de la fabrication des présidents est définitivement révolue». El Djeich, rappelant les différentes interventions du général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, sur cette question, enfoncera encore le clou en s'en prenant vertement aux partisans de la transition et tous ceux qui s'opposent, directement ou indirectement, au processus électoral auquel l'armée tient absolument. Une précédente déclaration du chef d'état-major, sera particulièrement mise en évidence par El Djeich et qui illustre bien la position de l'institution sur cette question. «Quelques voix fourbes dont les intentions malveillantes sont bien connues, ayant vendu leur âme pour servir les intérêts de la bande et ceux de leurs maîtres, œuvrent par tous les moyens possibles à entraver le travail de l'Instance nationale de la médiation et du dialogue. Ils tentent notamment d'imposer des conditions irréalisables et des exigences rejetées dans leur totalité, notamment en faisant la promotion de l'idée de la négociation au lieu du dialogue et de la désignation plutôt que l'élection». Aussi, et comme pour lancer une véritable mise en garde, à la veille du lancement officiel du processus, avec la convocation du corps électoral, l'éditorialiste d'El Djeich assénera encore : «Ces parties et leurs acolytes qui conspirent contre l'institution militaire et s'emploient à semer le doute sur ses intentions et ses efforts, à travers certaines plumes mercenaires, certaines chaînes douteuses et partis rejetés par le peuple, n'ont d'autre argument que la critique et le dénigrement dans le seul souci de concrétiser des intérêts étroits au détriment des intérêts suprêmes de la patrie, exprimant leurs doutes sur l'ANP, sur l'Instance nationale de médiation et de dialogue, sur les slogans brandis par le peuple lors de ses marches pacifiques ainsi que sur l'appareil judiciaire». Il s'agit clairement, ici, de lignes rouges que l'armée trace, de manière claire, en prévision du lancement officiel du processus devant aboutir à l'élection présidentielle, dans les cent jours. K. A.