Le 30e vendredi consécutif du mouvement populaire de contestation du pouvoir mis en place depuis deux décennies, représenté encore par ses résidus, a marqué un regain de présence plus important que celui remarqué la semaine précédente, qui intervenait au lendemain de la rentrée sociale. La population de Annaba ne renonce pas à ses revendications d'une deuxième république démocratique, libre, sociale et moderne. Sortie dès le début d'après-midi de ce vendredi 13 septembre, la population de Annaba composée de femmes, hommes jeunes et moins jeunes, enfants accompagnés de leurs parents a, comme chaque semaine depuis plus de six mois, envahi le Cours de la révolution, place mythique de la quatrième ville du pays. Des chants patriotiques sont entonnés par les marcheurs drapés de l'emblème national ou tirant sur plus de cent mètres un ensemble de 48 drapeaux d'une même dimension portant chacun le nom d'une wilaya du pays, symbole de l'unité du peuple. Haut et fort, les révoltés pacifiques scandaient : «wahda watania barka min el jihaouia», (unité nationale face aux adeptes du régionalisme). Ils n'ont pas manqué de réitérer leurs exigences pour une sortie de crise conforme aux demandes du peuple, l'élargissement sans retard des détenus d'opinion, le départ des figures, toutes les figures du système honni. Ou encore «makanch lintikhabat ya el içabate» (pas d'élections bandes de voleurs), «Daoula madania machi 3askaria», (état civil non militaire) «les généraux à la poubelle ou el Djazaïr teddi l'istiqlal» (Les généraux à la poubelle et l'Algérie recouvrera son indépendance). «L'intikhabat ma endirou hatta Bedoui ou Bensalah itirou» (pas d'élections avant de voir Bedoui et Bensalah déguerpir). Un groupe de barbus reconnus à leurs attributs vestimentaires et leurs slogans religieux, a échoué dans sa manœuvre de récupération des marcheurs. Il n'a pu drainer, tout au plus, qu'une vingtaine de personnes, avant d'être isolé par la foule. Ayant fait la boucle du Cours de la révolution plusieurs fois, les marcheurs se sont rassemblés face au Théâtre régional Azzedine-Medjoubi pour écouter des intervenants de conditions diverses dont des intellectuels, des travailleurs et des chômeurs. Ils se sont dispersés dans le calme après des heures de mobilisation pour réclamer un changement pacifique du système politique en place et la remise sans tarder du pouvoir au peuple. A. Bouacha