Le président du MSP a tenu, hier au siège du parti, une conférence sur la situation économique qui prévaut en Algérie dans le sillage de la crise politique que vit le pays depuis l'enclenchement du mouvement de contestation populaire pour le changement. Abderrezak Makri a dressé un tableau sur la situation économique, ses dangers quant à l'avenir du pays ainsi que sur les possibilités de sortie de crise, dans un discours qui s'apparente à une pré-campagne électorale pour laquelle le MSP ne s'est pas encore prononcé avant la tenue de son majliss echoura prévu les 27 du mois en cours. Abdelhalim Benyellès - Alger (Le Soir) - Aucun signe n'a été perçu, tout au long de son exposé sur l'adhésion du MSP quant à la participation du parti islamiste à la prochaine élection présidentielle prévue le 12 décembre prochain. Les journalistes présents s'y attendaient à quelques déclarations, mais leur déception fut grande quand Abderrezak Makri, confiant la parole à un expert pour la poursuite de l'analyse du sujet, et de prendre au plus vite le chemin de la porte de sortie. Impossible d'être rejoint par les journalistes qui s'y sont préparés pourtant pour cela. La question de la participation aux prochaines joutes électorales reste suspendue jusqu'à la tenue de son majliss echoura. Ceci n'a pas été évoqué dans la conférence consacrée à l'analyse de la situation économique, le thème du jour, et le président du MSP, tout en dressant un tableau «noir» a déclaré que la situation «n'est pas à impliquer au Hirak mais elle date d'il y a longtemps». Le MSP qui s'est depuis toujours intéressé au volet économique de l'Algérie «avait averti en 2013 de la gravité de la crise à laquelle est exposée l'Algérie». Le président du MSP a cité dans ce cadre la preuve de sa confrontation avec Amara Benyounès sur la chaîne France 24, à l'époque. Pour lui, son parti qui privilégie l'économique sur le politique, n'a cessé de lancer des appels à l'Etat dont «la fonction est d'assurer le bonheur de la population», ce qui est une option mondiale, selon lui. «Depuis 20 ans, tous les indicateurs renvoient à une crise économique sévère qui attend l'Algérie du moment que le taux de croissance est égal à 4%», a annoncé l'orateur, indiquant qu'il avait toujours dénoncé les effets néfastes de la mafia financière sur l'économie en Algérie, et que le pays allait payer cher la facture. «Heureusement que le Hirak a tout dévoilé», a poursuivi Abderrezak Makri, précisant que certains opportunistes tentent quand même de lui imputer la responsabilité. Comment sortir de la situation économique générée par les pratiques de la mafia ? Le président du MSP préconise tout d'abord de mobiliser les instruments à même de récupérer les sommes faramineuses détournées par la mafia. Et pour cela, il pose les conditions de la bonne gouvernance, de la stabilité afin d'apaiser le front social, les exigences du temps qui peut s'étaler jusqu'à 5 années, et enfin, des garanties politiques. Dans le même cadre, le président du MSP pose la condition de l'exercice de la nouvelle direction politique de l'Algérie dans un «environnement favorable» à même de mener des réformes dans le cadre de la justice, «dans la transparence et dans un climat des affaires sain». Et de revenir sur le sujet de la «mafia financière» qui a pillé le pays. «Personne n'acceptera leur amnistie dans trois ou quatre ans», a-t-il averti, et de poursuivre, que cela «dépend de la nature de la nouvelle gouvernance du pays». Par ailleurs, il s'est montré très critique quant aux pratiques du gouvernement actuel. «Nous sommes toujours dans les mêmes pratiques politiques», s'est-il exclamé. Arguant qu'à la lecture de la nouvelle loi de finances, tous les indicateurs prévoient une situation d'endettement. «Ceci aura des répercussions très graves sur la question de la souveraineté nationale et sur la liberté de la décision politique». En bref, le président a préconisé toutes les solutions de sortie de crise qui reposent, selon lui, sur le profil du président de la République nouvellement élu. L'Algérie est en danger, a réitéré Abderrezak Makri, mais pas dans une situation catastrophique, a-t-il rassuré. C'est la vision du MSP sur la situation qui prévaut actuellement, comme perçue par son dirigeant, qui dit détenir toutes les cartes de sortie de crise en prévision de la prochaine élection présidentielle du 12 décembre prochain. A. B.