Les Algériens ont répondu, hier, à l'occasion du 31e vendredi de mobilisation populaire contre le système, à la volonté du pouvoir d'imposer une élection présidentielle dans le contexte actuel. Des marches imposantes ont été organisées dans les différentes wilayas avec un mot d'ordre consensuel avec les résidus du système. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Les rues de la capitale ont renoué avec la mobilisation des grands jours, rappelant à certains les marches massives du mois de mars dernier. Des centaines de milliers de manifestants, dans une sorte de défi, ont défilé dans les principales rues d'Alger, pour le premier vendredi après la convocation du corps électoral. La réponse était claire au pouvoir qui a décidé de fermer la capitale aux citoyens venant des autres wilayas : la mobilisation était tout simplement imposante. Impressionnante. De tous les quartiers affluaient des processions humaines, dénonçant le dernier discours du chef d'état-major de l'armée qui avait instruit les forces de la Gendarmerie nationale de serrer les accès sur Alger. Des barrages filtrants ont ainsi été déployés sur les routes de l'Est et de l'Ouest. Un énorme dispositif a été également mis en place dans le centre d'Alger, en particulier entre la place de la Grande Poste et la rue Didouche-Mourad, en passant par la place Audin. Par contre, sur l'axe de la place 1er Mai-boulevard Amirouche, en passant par la rue Hassiba-Benbouali, le dispositif sécuritaire habituel a tout simplement disparu, hormis au niveau de la trémie de Maurétania, restée fermée aux manifestants. Plusieurs citoyens ont été interpellés le matin, pour avoir porté le drapeau national. Les manifestants, qui ont exprimé leur rejet catégorique de l'élection présidentielle fixée pour le 12 décembre, ont pris pour cible le chef d'état-major de l'armée, en réitérant le slogan «Pour un Etat civil et non militaire». Les manifestants exigent ainsi le départ du gouvernement et du chef de l'Etat avant d'adhérer à tout processus électoral. Dénonçant l'encerclement de la capitale, ils ont affirmé que la révolution ne s'arrêtera pas avant le départ définitif du système. «Coupez les routes, coupez internet, coupez le téléphone, coupez l'électricité, coupez l'eau et si vous pouvez, couper l'oxygène et faites disparaître le soleil ! On ne va pas plier», a écrit un manifestant sur sa pancarte. Et comme chaque vendredi depuis le début des incarcérations des citoyens, les manifestants ont exigé la libération des détenus du mouvement citoyen. Depuis le début du mouvement, plus d'une centaine de manifestants sont en prison, dont la majorité à Alger. Ces derniers jours, ce sont les hommes politiques et les activistes qui sont ciblés. Des citoyens ont défilé avec les portraits des jeunes incarcérés et du moudjahid Lakhdar Bouregaâ. La mobilisation d'hier reflète l'engagement et la détermination des Algériens à ne pas abandonner cette révolution unique au monde, qui traverse les mois et les saisons en préservant son arme fatale : le pacifisme. K. A.