L'émission matinale «L'invité de la rédaction», sur la Chaîne 3 de la Radio nationale a reçu, hier lundi, le professeur Mustapha Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche (Forem). Ghazi Boucharef - Alger (Le Soir) - Le sujet du jour avait trait aux déficiences du secteur éducatif en Algérie, jusqu'alors, irrésolues. Le professeur Mustapha Khiati, connu pour son esprit critique envers plusieurs phénomènes sociaux et politiques, a été invité, cette fois-ci, pour aborder les conséquences de deux principales problématiques touchant à l'éducation nationale, notamment les répercussions de la surcharge excessive des classes sur la scolarité des élèves, avec la déperdition de certains qui en découle, et la réussite ou non des réformes engagées dans ce même secteur depuis l'Indépendance. Les réponses du professeur Mustapha Khiati ont mis en exergue plusieurs aspects de l'éducation nationale qui sont à déplorer. Au sujet de la surcharge des classes dont chacune abrite entre 50 et 70 élèves, ce phénomène se généralise de plus en plus. L'enseignement se transforme donc en une tâche difficile des deux côtés. En effet, les écoliers ont du mal à suivre les cours, déconcentrés à cause de leur grand nombre. Quant aux enseignants, seuls face à une multitude d'élèves, ils n'arrivent pas à se souvenir de la totalité de leurs élèves, ce qui est préjudiciable pour la scolarité de ces derniers. Alors que ce genre de problèmes persiste, les responsables, quant à eux, ne font pas le moindre effort pour y remédier. En effet, dans un contexte où le taux de natalité est excessivement croissant et où le nombre de logements distribués est en pleine augmentation, lesdits responsables font la sourde oreille, délaissant ces données, pourtant cruciales pour la plénitude de la scolarité de ces enfants. Aussi, selon le professeur Khiati, le phénomène de la déperdition des élèves n'est surtout pas à sous-estimer. Conformément à un récent recensement, 10 millions d'élèves ont quitté les bancs de l'école avant leurs 17 ans durant les 20 dernières années. Les mesures devant être prises dans ce cadre-là y sont totalement absentes, ce qui engendre une perceptible oisiveté de milliers d'enfants dans la rue, où violence et insécurité sont devenues omniprésentes. Quant à l'aspect pédagogique dont l'amélioration serait la solution, bien que les plaintes ne cessent de se faire entendre de la bouche des parents d'élèves depuis longtemps, nulle évolution n'a été constatée. En effet, en Algérie, il y a une dichotomie entre les deux concepts que sont l'enseignement et l'apprentissage. Par exemple, dans les pays développés qui ont assimilé la combinaison de ces deux éléments, les lycéens diplômés sortent du lycée formés pour la vie universitaire. Cette solution appliquant ce système, portant le nom de baccalauréat professionnel, a pour objectif de former précocement les lycéens sortants. Les responsables algériens ont, malheureusement, laissé tomber ce projet en 2001. Certes, une instance ministérielle a planifié sa création, mais selon les spécialistes dont le professeur Khiati, un baccalauréat professionnel, sans un cheminement scolaire adéquat et entamé dès le collège, est impossible. G. B.