Attention, édifices encore fragiles! L'Atlético Madrid de Diego Simeone et le Real Madrid de Zinédine Zidane testent leur solidité samedi dans le derby madrilène en Championnat d'Espagne, avec la première place en jeu... et un risque d'écroulement pour deux équipes en reconstruction. Dans un stade Metropolitano qui sent encore le neuf et la peinture fraîche, cette confrontation centenaire a subi un profond ravalement de façade ces derniers mois : exit Antoine Griezmann ou Cristiano Ronaldo, bonjour Joao Félix et Eden Hazard! Après une première confrontation retentissante en amical fin juillet (victoire 7-3 des «Colchoneros»), le début de saison a été mouvementé pour les deux clubs, qui ont essuyé une période de doute après la défaite du Real face au Paris SG en Ligue des champions (3-0) et une série de trois matchs sans victoire pour l'Atlético. Mais les deux rivaux ont ensuite redressé leur trajectoire pour s'installer en tête de la Liga avant la 7e journée ce week-end. Le Real Madrid est premier (14 pts) devant la Real Sociedad (2e, 13 pts) et l'Atlético (3e, 13 pts), tandis que le FC Barcelone, opposé samedi à Getafe, est seulement sixième (10 pts). Du coup, le choc de samedi pourrait solidifier les ambitions de l'un des deux clubs de Madrid avant de retrouver la Ligue des champions la semaine prochaine. «Nous sommes leaders mais cela ne signifie rien», a prévenu Zinédine Zidane mercredi, rappelant que reconstruire la «Maison blanche» était un processus de longue haleine. «Tout cela prend du temps. Nous n'étions pas si mauvais la semaine dernière (après Paris), et nous ne sommes pas si bons aujourd'hui», a-t-il philosophé. Hazard peut mieux faire Revenu en mars pour rebâtir l'effectif merengue (plus de 300 millions d'euros investis), l'architecte Zidane a réussi à colmater ses premières fissures en enchaînant deux victoires probantes pour effacer la déroute parisienne : 1-0 à Séville, 2-0 contre Osasuna. Et l'entraîneur français a mis toutes les chances de son côté avant le derby en revenant à sa chère politique de rotation d'effectif, qui avait porté ses fruits lors de son premier mandat (2016-2018): les habituels remplaçants ont eu leur chance contre Osasuna, avec deux buts pour les jeunes Brésiliens Vinicius et Rodrygo. De quoi aborder avec des cadres reposés le choc face à l'Atlético, qui offre une chance de briller au meilleur buteur de Liga Karim Benzema (5 buts), à l'ancien banni Gareth Bale et à Eden Hazard, recrue phare du Real cet été. Jusqu'à présent, le Belge n'a montré son talent que de manière intermittente, ralenti par une blessure à une cuisse. Mais l'attaquant recruté pour plus de 100 M EUR est capable de beaucoup mieux. «C'est un tueur quand il a le ballon», a prévenu l'entraîneur français. «Il va nous faire du bien.» Diego Costa en bulldozer A l'Atlético aussi, la maçonnerie est encore apparente. Pas facile de laisser partir des cadres aussi importants que Griezmann, Diego Godin ou Lucas Hernandez... Tout le mérite de Simeone est d'avoir une nouvelle fois remis son ouvrage sur le métier, comme il l'a fait si souvent depuis son arrivée en 2011. Lui aussi a réclamé un peu d'indulgence à ses supporteurs. «Je connais les gens de l'«Atleti», ils sont exigeants», a-t-il reconnu la semaine dernière. «Mais quand il y a eu des changements de joueurs aussi importants, il faut retrouver une équipe le plus vite possible. Ce n'est pas simple, cela prend du temps.» Samedi, Simeone et l'Atlético attendent beaucoup de leur principal renfort Joao Félix (19 ans), recruté contre 126 millions d'euros et qui a déjà montré de belles choses avec deux buts et une passe décisive en six journées. Et puisque l'ancien attaquant merengue Alvaro Morata sera suspendu samedi, c'est l'avant-centre hispano-brésilien Diego Costa, buteur mercredi à Majorque (2-0), qui jouera les bulldozers afin de libérer des espaces pour le jeune prodige portugais. Un démolisseur pour mieux rebâtir ?