Les manifestants arrêtés mardi à l'occasion de la 33e marche des étudiants à Alger ont été placés sous contrôle judiciaire par le juge d'instruction du tribunal de Baïnem (Bab-el-Oued), a annoncé le Comité national pour la libération des détenus. Ils sont poursuivis pour attroupement non armé, désobéissance, et atteinte à l'ordre public. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Si la majorité des manifestants interpellés mardi à Alger ont été relâchés le soir de la même journée, ce n'est pas le cas de Fouad Bachene, étudiant à l'USTHB de Bab Ezzouar, Slimane Hamitouche, Amar Rokeiba, Noureddine Khimour, Lyes Rachid et Ali Mechoud. Ces derniers ont été gardés dans les commissariats de police avant d'être présentés, hier mercredi, devant le juge d'instruction du tribunal de Baïnem. Poursuivis pour attroupement non armé, désobéissance, et atteinte à l'ordre public, ils sont placés sous contrôle judiciaire, échappant ainsi à la systématique mise en détention provisoire prononcée à l'encontre de plusieurs détenus du mouvement populaire par le tribunal de Sidi M'hamed. Un collectif d'avocats s'est constitué pour défendre ces jeunes manifestants pacifiques. La répression de la marche des étudiants à Alger commence à mobiliser la communauté estudiantine qui a dénoncé les violences policières de jeudi à Alger. Hier, les étudiants de l'USTHB ont tenté d'organiser une marche de soutien, mais ils ont été empêchés par les services de sécurité de quitter l'enceinte universitaire. Cela au moment où la campagne de condamnation de la répression de la 33e marche estudiantine par les partis politiques et les organisations de la société civile s'est poursuivie hier. Le Collectif de la société civile pour une transition démocratique et pacifique a estimé que le mouvement citoyen a franchi un nouveau pas. Le Collectif des amis du manifeste pour l'Algérie nouvelle a dénoncé, pour sa part, une « campagne de terreur qui vise à imposer la farce électorale que le pouvoir projette d'accomplir afin de restaurer l'ancien régime ». Le Collectif a condamné cette campagne de terreur, exigeant l'arrêt de la répression et de l'arbitraire judiciaire et la libération immédiate et inconditionnelle de tous les détenus politiques ainsi que la levée de toutes les entraves aux droits et libertés. De son côté, le collectif Nabni a dénoncé les arrestations et mises sous mandat de dépôt abusives, appelant à la libération de tous les détenus d'opinion et manifestant sa solidarité avec toutes les victimes de l'arbitraire. « Face à l'accélération inquiétante des arrestations de manifestants pacifiques et de figures du mouvement populaire, et face aux intimidations de l'appareil sécuritaire contre certaines associations qui militent de manière pacifique pour l'avènement de la démocratie en Algérie —telles que le Rassemblement action jeunesse ou les collectifs estudiantins —, Nabni manifeste sa profonde inquiétude face aux récents développements », souligne Nabni dans un communiqué, condamnant le recours à la répression. L'association RAJ a dénoncé, elle aussi, la répression, appelant à la vigilance, à la mobilisation et à la solidarité de toute la société pour défendre les droits citoyens et pour faire aboutir les revendications populaires pour la construction de l'Etat des droits et des libertés. K. A. Pour port de drapeau Amazigh Un an de prison ferme pour un jeune à Constantine Première condamnation définitive d'un jeune pour port du drapeau amazigh à Constantine. En effet, le jeune Amazigh Semmani, pour avoir pris des photos en portant l'emblème identitaire nord-africain, a été condamné, hier mercredi, par le juge du tribunal de Constantine à un an de prison ferme, alors que son ami Fentiche Ameziane a été acquitté par le même tribunal, selon le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). Amazigh Semmani, qui a déjà passé 28 jours de détention provisoire, est accusé d'atteinte à l'unité nationale et profanation de l'emblème national. K. A.