L'Algérie a vécu, hier vendredi, une journée hautement historique dont l'acteur principal est le peuple qui a envahi toutes les villes du pays dans l'objectif de parachever l'indépendance nationale. Le 37e vendredi de mobilisation nationale contre le système qui coïncide avec le 1er Novembre qui marque le 65e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale, a tenu toutes ses promesses en matière d'ampleur de la mobilisation populaire et de l'engagement pour l'édification d'une nouvelle Algérie. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - C'est une capitale bouillonnante que les Algériens ont envahie, hier, pour marquer le 37e acte de la mobilisation nationale contre le système. L'ampleur de la mobilisation a rappelé les gigantesques marches du mois de mars dernier. Venus de plusieurs wilayas du pays, les citoyens ont voulu faire de ce vendredi 1er Novembre, pour toute la symbolique que représente cette date, une journée historique, à la hauteur des sacrifices des martyrs de la guerre d'Algérie et de l'engagement citoyen pour un changement radical du système politique. Les rues d'Alger ont vibré sous les cris des manifestants qui ont rempli toutes les places du centre-ville, où il était pratiquement très difficile de se frayer un passage. La place Audin, la Grande-Poste, boulevard Amirouche, rue Hassiba-Ben-Bouali, Didouche-Mourad et les ruelles de la ville se sont avérés exigus pour accueillir toutes les déferlantes humaines venues rappeler, encore une fois, le rejet du maintien du système. La manifestation s'est transformée en un immense rassemblement de millions de manifestants. Une journée intense et très chargée. Les héros de la guerre de Libération ont défilé, à travers leurs portraits et peut-être leurs âmes, avec les vivants. Pour les manifestants, il s'agit de «poursuivre la bataille d'Alger», car, ont-ils affirmé dans leurs slogans, le pays est en danger. Le drapeau national a retrouvé toute sa place, trônant sur les balcons des immeubles, donnant des couleurs exceptionnelles à Alger, gratifiée par la douceur du ciel en cette journée mémorable. Frappé par l'arbitraire, l'emblème amazigh a refait son apparition, donnant à l'unité populaire l'un de ses aspects les plus singuliers, en résistant à toutes les manœuvres de division. Les manifestants ont rejeté l'élection présidentielle du 12 décembre, réclamant le départ de toutes les figures du système et exigeant la libération de tous les détenus d'opinion, à leur tête le moudjahid Lakhdar Bouregaâ. Ce dernier, combattant de la première heure, a été fortement acclamé par les manifestants qui n'arrivent pas à comprendre comment un moudjahid de sa trempe se retrouve en prison un 1er Novembre. Pour l'occasion, le drapeau amazigh, pour lequel quelques dizaines de citoyens sont incarcérés à la prison d'El-Harrach, a effectué son retour en force à Alger où des dizaines de manifestants l'ont arboré. En réalité, la manifestation a débuté dans la soirée de jeudi, lorsque des milliers de personnes ont envahi le centre d'Alger. A minuit tapante, les citoyens ont entonné l'hymne national, suivi, tout de suite après, par le strident «le peuple veut l'indépendance». L'esprit de Novembre a ressurgi. Hier, la manifestation a commencé tôt dans la matinée, face à un dispositif sécuritaire imposant mais conciliant, rappelant le début du mouvement et les marches historiques du mois de mars. Les manifestants ont entamé leur manifestation par un rassemblement à proximité de la Grande-Poste, lançant des slogans contre les tenants du pouvoir. «Cette année, il n'y aura pas de vote», ont-ils proclamé, exigeant la réunion des conditions pour l'organisation d'une élection libre et transparente. A la tête de ces revendications, le départ de toutes les figures du régime de Bouteflika. La démonstration populaire d'hier prouve la détermination d'un peuple résolu à concrétiser ses aspirations de liberté et de démocratie. Elle est marquée par un esprit hautement pacifique. K. A.