Depuis le début de la rentrée sociale, en septembre, la mobilisation populaire contre le système politique se renforce chaque vendredi davantage. La semaine qui vient sera décisive pour le mouvement citoyen qui a deux défis à relever d'ici vendredi prochain : la grève générale du 28 octobre et les marches du 1er Novembre. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Au 36e acte de la contestation, les Algériens sont sortis en masse pour renouveler le rejet de l'élection présidentielle, dénonçant, par la même occasion, toute tentative d'ingérence étrangère dans les affaires internes du pays. Le chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, est redevenu la première cible des manifestants, en raison de ses propos tenus lors d'une réunion avec le Président russe, Vladimir Poutine, jugés «humiliants et insultants». «Ce peuple ne se laisse pas humilier», ont scandé les marées humaines qui ont envahis le centre d'Alger dans l'après-midi d'hier. Les manifestants ont exprimé fortement leur colère contre cet acte de Bensalah, considéré comme une tentative d'impliquer une puissance étrangère dans les affaires internes du pays, traversé par un mouvement populaire d'une ampleur jamais égalée depuis le 22 février. Abdelkader Bensalah a voulu rassurer le Président russe, lui affirmant que la situation est maîtrisée, ajoutant qu'il reste «quelques éléments» qui sortent manifester et «brandissent quelques slogans». «Ni Moscou, ni Paris, le peuple choisira son Président», ont lancé les manifestants qui ont dénoncé un chef d'Etat intérimaire qui s'est plaint du peuple à un pays étranger. Plusieurs pancartes dédiées à cette rencontre ont été brandies par les citoyens qui sont sortis en masse, emplissant toutes les rues du centre-ville où des scènes émouvantes et des images spectaculaires se sont déroulées. Parmi ces scènes, celle qui s'est déroulée à la rue Pasteur. A l'arrivée de la déferlante humaine en provenance des quartiers de Bab-el-Oued et de la Casbah, une vieille dame, «perchée» sur son balcon, agitait l'emblème amazigh interdit à Alger et toléré ailleurs. En agitant cet emblème, les manifestants s'arrêtaient et criaient longuement «Imazighen, Imazighen». La manifestation immense s'est déroulée dans le calme, en présence d'un imposant dispositif sécuritaire qui s'est contenté d'observer les manifestants qui défilaient dans les rues du centre-ville, en bouclant la Grande-Poste, le tunnel des Facultés et les accès au palais du Gouvernement. Les manifestants, déterminés et engagés à aller jusqu'au bout de la révolution, ont renouvelé leur rejet de l'élection présidentielle du 12 décembre, réclamant le départ de toutes les figures du système et l'entame d'une transition démocratique. Comme chaque vendredi, la question des détenus du mouvement citoyen n'a pas été oubliée. Le nom du moudjahid Lakhdar Bouregaâ, qui a fait parler de lui cette semaine en refusant de répondre aux questions du juge ,a été fortement acclamé. Les manifestants ont exigé la libération de ces détenus dont une centaine est incarcérée à la prison d'El-Harrach. Après le succès de la mobilisation d'hier, le mouvement aborde une semaine décisive marquée par l'appel à la grève générale pour le 28 octobre et les marches de vendredi prochain qui coïncideront avec le 1er Novembre, date de déclenchement de la guerre de Libération nationale en 1954. K. A.