«Les peuples n'oublient en aucune circonstance leurs vrais héros. Les citoyens de Boumerdès non plus. Il y a une semaine, nous nous recueillions au même endroit à la mémoire de nos martyrs qui ont libéré le pays. Aujourd'hui, nous le faisons à la mémoire des sacrifices de ceux qui la préservent.» C'est la réflexion d'un marcheur de la ville de Boumerdès, à la fin de la minute de recueillement à la mémoire des soldats de l'ANP, tombés au champ d'honneur alors qu'ils menaient, aux côtés d'autres soldats, en cours de semaine, une opération contre les terroristes armés dans la wilaya de Tipasa. Cette halte des marcheurs du Hirak de Boumerdès a été observée à l'endroit où a été érigé le mât sur lequel les responsables du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne) ont hissé, pour la première fois, l'emblème national et de manière officielle sur le territoire national après les accords d'Evian. Après avoir chanté Kassamen, le cortège a poursuivi sa marche. Le rejet du vote, l'édification d'un Etat de droit, la libération des détenus d'opinion ont été les principales revendications du jour. A noter que le siège de la cour de justice de Boumerdès, où les marcheurs ont l'habitude d'observer un sit-in sur les escaliers du bâtiment, a été totalement bouclé par un grand nombre de policiers antiémeutes. C'est la première fois que des agents de police sont déployés à ce niveau. Les citoyens de Boumerdès, de Dellys et Bordj-Menaïel ont bien marché, en été, durant plusieurs vendredis sous des chaleurs suffocantes. Ce n'est donc pas une pluie d'automne qui va diminuer de leur ardeur politique, les obligeant à suspendre leur contestation et revendications. Survenant une semaine après l'historique mobilisation du 1er Novembre qui a vu un grand nombre de marcheurs de plusieurs localités de la wilaya de Boumerdès rallier la capitale, on pouvait s'attendre à une sorte de tassement pour cette 38e mobilisation. Au sujet de détenus d'opinion, les lycéens de la ville voisine de Bordj-Menaïel, Laâziv en l'occurrence, sont sortis jeudi dans la rue pour manifester et dénoncer l'emprisonnement, depuis le 21 juin 2019, du jeune Bacha Billel , fils de la localité accusé d'avoir porté l'emblème amazigh. Les lycéens de Laâziv ont été précédés par ceux de Chabet-el-Ameur qui ont manifesté le mardi. A Dellys, selon des informations, les marcheurs, qui n'avaient raté aucune marche depuis le 22 février, avaient subi, juste à leur sortie des mosquées de la ville, un véritable déluge. Finalement avec du retard et après une légère accalmie, les citoyens de Dellys ont fini par marcher pour reprendre les slogans pro-Hirak. Abachi L.