A la veille de l'entame d'une campagne électorale qui s'annonce ardue pour les cinq candidats à l'élection présidentielle du 12 décembre, les Algériens sont sortis à nouveau pour exprimer leur rejet de ce scrutin et exiger le départ de toutes les figures du système politique. Sous une pluie battante, les manifestants ont prouvé leur détermination de tourner la page du passé pour en ouvrir une autre sur l'avenir. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Hier, au 39e vendredi de contestation, la mobilisation était très forte, marquant la volonté et la détermination populaire de tourner la page d'une époque et d'en ouvrir une autre, celle d'une nouvelle Algérie libre et démocratique. Dans la capitale, les manifestants ont convergé vers le centre-ville sous une pluie battante pour rappeler leur opposition à l'organisation des élections avant le départ des figures du régime bouteflikien. Bravant les mauvaises conditions météorologiques, les manifestants ont empli toutes les grandes places devenues emblématiques de la contestation contre le pouvoir. La rue Hassiba-Ben-Bouali, la rue Didouche-Mourad, la place Audin, la Grande-Poste : toutes ces places ont été envahies par une marée de manifestants venus pour dire non à l'élection présidentielle du 12 décembre prochain. Les grands boulevards, sous ces pluies, surtout Didouche-Mourad jusqu'à la Grande-Poste, ont donné l'image de fleuves humains en crue, dont les affluents proviennent du fin fond des quartiers populaires. En colère mais pacifiques, les manifestants s'en sont pris aux cinq candidats à l'élection et aux tenants du pouvoir. Abdelmadjid Tebboune, l'ancien Premier ministre, a été le candidat le plus ciblé par les manifestants qui veulent peser de tout leurs poids pour faire partir les figures du système qui ont résisté à neuf mois de mobilisation populaire de grande envergure.La deuxième cible des manifestants sont les juges du tribunal de Sidi-M'hamed sévèrement dénoncé après avoir condamné des détenus du mouvement citoyen à la prison ferme. En effet, 28 manifestants ont été condamnés la semaine passée par ce tribunal d'exception à 12 mois de prison dont six fermes, alors que le tribunal de Bab-el-Oued a relaxé cinq détenus poursuivis pour la même raison : port du drapeau amazigh. Réclamant l'édification d'un Etat civil, les manifestants ont appelé à la libération de tous les détenus dont les portraits ont été brandis par les citoyens toujours mobilisés et engagés pour le changement radical du système. K. A.