A seulement un mois de l'élection présidentielle fixée au 12 décembre, les Algériens continuent à se mobiliser massivement contre ce rendez-vous, réclamant le départ de toutes les figures du système politique. Le 38e vendredi de contestation, intervenant après le vendredi historique du 1er Novembre, est une nouvelle occasion de réaffirmer la détermination d'aller au bout de la révolution. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - « Cette année, il n'y aura pas de vote » et « Pour un Etat civil et non militaire .» Ces deux slogans sont revenus en force, hier à Alger, à l'occasion du 38e vendredi de la mobilisation populaire contre le système politique. Malgré le climat défavorable et les fortes pluies matinales qui se sont abattues sur la capitale, la mobilisation était forte et la manifestation a commencé dès les premières heures, sous un ciel pluvieux. Mais comme si la nature s'était mise du côté des manifestants, le ciel s'est attendri dans l'après-midi, en restant nuageux mais calme, laissant les marées humaines en provenance des différents quartiers d'Alger se déverser sur le centre-ville. Imposant, un torrent humain a foncé de Belouizdad sur le centre-ville, traversant la place du 1 er-Mai, la rue Hassiba-Ben-Bouali et le boulevard Amirouche. Immense, un « tsunami » est arrivé du côté ouest d'Alger, des quartiers de Bab-el-Oued et de La Casbah. Une troisième marée humaine s'est déversée sur le centre à partir des hauteurs de la rue Didouche-Mourad. Les manifestants ont réitéré le rejet de l'élection présidentielle du 12 décembre , à un mois de son déroulement, s'en prenant aux tenants du pouvoir et aux cinq candidats, estimant que cette élection va permettre la reproduction du système contre lequel les Algériens sortent massivement depuis le 22 février. Ils ont qualifié les cinq candidats de « marionnettes » du pouvoir et se sont dit résolus à s'opposer à ce scrutin. Pour eux, aucune condition n'est réunie pour la tenue d'une élection présidentielle qui permette l'édification d'une nouvelle Algérie, à laquelle aspirent les citoyens. Demandant une transition démocratique, ils réclament le départ de toutes les figures du régime, sans aucune exception. Les images émouvantes offertes par les manifestants ne s'effaceront certainement pas de sitôt de la mémoire collective et individuelle. Les manifestants ont renouvelé, en outre, leur appel à la libération des détenus d'opinion, à leur tête le moudjahid authentique Lakhdar Bouregaâ, qui vient de subir une intervention chirurgicale à l'hôpital Mustapha d'Alger. Des procès de plusieurs détenus de l'emblème amazigh auront lieu cette semaine, alors qu'une manifestante poursuivie pour le même motif a été acquittée à Jijel. La manifestation d'hier était également une occasion pour rendre un vibrant hommage aux soldats assassinés ce week-end à Damous (Tipasa) ,dans un accrochage avec les terroristes. Une minute de silence a été observée à 15h en leur mémoire dans une atmosphère lourde et émouvante. Les manifestants ont crié des slogans à leur gloire , du début jusqu'à la fin de la manifestation, réitérant, pour l'occasion, le slogan «Peuple et armée sont des frères». K. A.