De notre envoyé spécial à Batna, Karim Aimeur Houleuse a été la tournée du candidat islamiste à l'élection présidentielle du 12 décembre, Abdelkader Bengrina, hier lundi, dans les wilayas de Bouira, Bordj-Bou-Arréridj, M'sila et Batna. Le candidat a pris le soin d'éviter scrupuleusement les chefs-lieux de ces wilayas, préférant se rendre dans des localités dans l'espoir de voir sa campagne se dérouler dans le calme. Mais mal lui en a pris. La tournée a débuté par la commune de Lakhdaria, dans la wilaya de Bouira, qui enregistre des manifestations imposantes chaque vendredi. A peine le convoi de Bengrina est arrivé au centre-ville qu'une foule de jeunes manifestant contre les élections s'est constituée. Le chef du parti El Binaa a été accueilli par des manifestants hostiles mais pacifiques. Le candidat a tenté de prendre langue avec les protestataires mais ces derniers, catégoriques, lui ont fait savoir qu'il n'était pas le bienvenu. Bengrina, qui se réclame de la badissia-novembria, a quitté la ville de Lakhdaria escorté par les forces de l'ordre. Il a rejoint, ensuite, la localité de Bordj Ghedir, dans la wilaya de Bordj-Bou-Arréridj qui connaît, elle aussi, d'impressionnantes manifestations chaque vendredi. A Bordj Ghedir, l'accueil du candidat est encore plus houleux. Face à sa permanence électorale, des dizaines de jeunes l'attendaient avec des slogans contre les élections dans ces conditions. L'important dispositif sécuritaire avait du mal à maîtriser la foule. Prenant la parole devant la presse, le candidat a insisté sur la nécessité d'organiser l'élection présidentielle, affirmant qu'une transition ouvrira la voie à l'ingérence étrangère dans les affaires du pays qui, a-t-il dit, perdra sa souveraineté pour être à la merci des résolutions internationales. Abdelkader Bengrina et sa délégation ont quitté précipitamment la ville sous protection. Bizarrement, il y avait peu de partisans du candidat dans ces localités. Il a, par la suite, rejoint la localité de Barhoum, dans la wilaya de M'sila, où le candidat islamiste a retrouvé le calme, accueilli par des dizaines de ses partisans. Dans une brève allocution, Bengrina a réitéré son opposition à la transition, affirmant qu'il n'accepte aucune ingérence étrangère dans les affaires du pays. Soulignant qu'il est contre la violence et les dérapages, il s'est attaqué à l'Union européenne dont le Parlement prévoit d'examiner la situation en Algérie. Le candidat a appelé à la tenue de l'élection présidentielle, expliquant que quatre conditions doivent être réunies pour la transparence du scrutin. Il s'agit de la poursuite du mouvement populaire, de permettre à la presse de rapporter la vérité sur ce qui se déroule dans le pays, la participation massive des électeurs à l'élection et la poursuite de l'accompagnement du Hirak par l'armée. Bengrina a quitté Barhoum dans l'après-midi, se rendant dans la commune de Barika, wilaya de Batna. Dans cette ville, où un important dispositif de sécurité a été déployé, il a animé un meeting lors duquel il a estimé que le Hirak du 22 février n'a rien à voir avec le Hirak d'aujourd'hui, condamnant ceux qui divisent le peuple et l'armée, les traitant de traîtres mais sans les identifier. A la fin de son intervention, il a organisé une marche dans la ville sous haute tension. Plusieurs manifestants contre les élections ont improvisé une marche parallèle, durant laquelle une dizaine d'entre eux a été arrêtée. K. A.