Meetings chahutés, candidats chassés et hués et des manifestations de rue qui se poursuivent ; au neuvième jour de la campagne pour l'élection présidentielle du 12 décembre prochain, la protestation citoyenne s'amplifie. Les arrestations et le fort déploiement policier autour des meetings des candidats n'ont pas dissuadé des centaines d'Algériens de dénoncer la présence des postulants au scrutin présidentiel dans leurs villes. Ainsi, des citoyens ont empêché, tôt dans la matinée d'hier, le candidat Abdelkader Bengrina de tenir un meeting à Lakhdaria, dans la wilaya de Bouira. Sous les cris de "Dégage, dégage", le candidat islamiste a dû quitter la ville non sans avoir tenté de détourner la situation en sa faveur. Il a, en effet, essayé de faire croire à un bain de foule. En vain. Il a quitté la ville sous escorte policière avant de se rendre à Bordj Bou-Arréridj où d'autres citoyens ont hué sa prise de parole devant sa permanence électorale dans la commune de Bordj-Ghedir. À M'sila, le chef islamiste a tenté de se mêler à une foule de marcheurs anti-élection. Il a même porté une pancarte appelant au départ du système. Mais sa présence dans la ville n'a été que de courte durée. S'ils ont respecté leur programme, les autres candidats n'ont dû leur salut qu'à une forte présence des policiers. Les meetings d'Abdelaziz Belaïd à Boumerdès a été précédé par une trentaine d'arrestations et celui de Tebboune à Oran a été fortement perturbé, y compris à l'intérieur de la salle. Dans la même ville, des citoyens ont organisé un rassemblement pour s'opposer à la venue de Azzedine Mihoubi dont la direction de campagne a empêché des journalistes de couvrir le meeting. Parallèlement à la poursuite de ces sorties électorales, des centaines d'Algériens continuent de manifester leur opposition à la tenue du scrutin présidentiel. Des marches populaires imposantes ont eu lieu hier à Béjaïa, dans plusieurs daïras, notamment à Tichy et à Souk El-Tenine ainsi qu'à Bouzeguène, dans la wilaya de Tizi Ouzou). À Oran, c'est une traditionnelle manifestation qui a été organisée en fin de journée pour s'opposer aux élections. À Constantine, les manifestants étaient également au rendez-vous en fin d'après-midi. À l'Université Mentouri, des étudiantes ont profité d'une activité consacrée à la sensibilisation contre les violences faites aux femmes pour brandir des slogans appelant à l'annulation de l'élections et à la libération des détenus du hirak. Dimanche, en début de soirée, des manifestations nocturnes ont eu lieu à Sétif et à El-Harrach, dans la banlieue d'Alger. Les manifestants ont rappelé, là aussi, leur aversion pour le processus politique en cours et ont appelé au boycott de l'élection présidentielle. Des manifestations que continuent d'ignorer et les candidats au scrutin présidentiel et le pouvoir qui poursuit sa feuille de route. Même l'Autorité nationale indépendante des élections fait comme si ces manifestations n'existaient pas. Tout porte à croire que ce bras de fer se poursuivra puisque des appels à des mouvements de grève sont déjà lancés. Ali Boukhlef