Le 42e acte du mouvement de protestation populaire intervient quelques jours après le début du procès du siècle, mettant en cause d'importantes figures de la bande, de leurs serviteurs zélés et autres oligarques ayant profité, grâce à leur proximité avec les centres de décision d'un pouvoir non constitutionnel, pour vider les banques de l'argent du peuple. A Annaba, et comme tous les vendredis et mardis, la population est toujours mobilisée, signe irréfutable de sa volonté inébranlable de se réapproprier son destin jusque-là confisqué par un système l'ayant exclue, marginalisée et volée. Ce que démontrent les premiers jours du procès de l'ancien système honni. Dès la fin de la prière du vendredi, des milliers d'hommes, de femmes de conditions sociales diverses, couples avec enfants, handicapés-moteurs sur leurs chaises roulantes et qui ont célébré récemment leur journée, ont tenu à être présents dans la procession qui s'est rassemblée face au théâtre Azzeddine-Medjoubi, avant de s'ébranler, arpentant les allées du cours de la Révolution durant plusieurs heures. Emblème national noué autour du cou ou flottant au vent, brandissant banderoles et pancartes de fortune, les marcheurs reprenaient, à l'aide de mégaphones, les slogans habituels réclamant une deuxième République démocratique, libre et sociale débarrassée des résidus de l'ancien pouvoir. Le refus des élections et la libération des détenus d'opinion sont les principales revendications criées haut et fort par les protestataires. Dès le premier vendredi de la Révolution du sourire, les protestataires, pacifiquement, ont brisé le mur du silence et chassé la peur pour imposer leur choix d'une gouvernance qui écoute le peuple et qui soit à son service. En même temps que la marche du cours de la Révolution, une autre marche soutenant les élections, ayant rassemblé des centaines de personnes, en majorité des travailleurs du port, de la santé et d'autres secteurs socioéconomiques, a été organisée par l'union de wilaya UGTA. Elle s'est déroulée du collège syndical, sur le front de mer, avant d'arpenter le boulevard Mostefa-Ben-Boulaïd aux cris de «El Djeïch, echaâb khawa Khawa» (l'armée et le peuple sont frères). Une présence policière surveillait les alentours des deux marches, veillant à éviter tout éventuel contact entre les marcheurs divergents, à moins d'une semaine de l'élection présidentielle programmée pour le 12 décembre courant. A. Bouacha