Après avoir remporté une nouvelle bataille en l'annulation par le Conseil constitutionnel des élections prévues pour le 4 juillet 2019, le Hirak à Annaba poursuit sa bataille post-Ramadhan en ce 16e vendredi sur le lieu habituel de la contestation : le cours de la Révolution. Les mots d'ordre consécutifs pour arracher sa principale revendication consistant en un Etat de droit où il vivra libre et digne sont toujours d'actualité. En dépit d'une chaleur caniculaire dépassant les 35° Celsius, la population a tenu à faire entendre sa voix. Dès le début de l'après-midi, la foule commençait à se rassembler pour cette 16e semaine où les slogans portaient sur un total refus de la reconduction de Abdelkader Bensalah à la tête de l'Etat, même temporairement. Les protestataires rappellent qu'il s'agit de l'une des principales figures du système honni par le peuple. «Bensalah dégage, Bedoui dégage», «Hadha echaâb la yourid hokm el askar min jadid» (ce peuple ne veut plus d'un nouveau pouvoir militaire), «La doustour la intikhabat, echaâb yourid etakhalous min el i3sabat» (ni Constitution, ni élection, le peuple veut se débarrasser des résidus de la bande). S'arrêtant devant le siège de la mouhafadha du FLN, la procession exprime son refus de ce parti ainsi que son clone le RND : «FLN dégage, RND dégage», «Klitou leblad ya sarraqine» (vous avez bouffé le pays bande de voleurs), ne cessaient de crier les manifestants durant plusieurs minutes devant le rideau baissé depuis le 22 février écoulé et qui est noirci de tags de dénonciations des méfaits des Flnistes. Devant un groupe de barbus, dépassant en majorité la soixantaine, qui essayaient de s'accrocher au mouvement, les jeunes répliquaient par des «La daoula islamia, El Djazaïr horra dimoqratia Ijtimai3a» (l'Algérie libre, démocratique et sociale ne sera jamais islamiste). «El Djeïch echaâb khawa khawa», rappellent les manifestants à l'adresse de Gaïd Salah, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire. «El Djazaïr bladna yahmiouha ouladha oua jaïchha» (l'Algérie est notre pays et elle sera protégée par ses enfants dont les éléments de l'ANP), tonnent-ils. Comme chaque vendredi, les manifestants, soucieux de la propreté de leur ville, ont entrepris, à la fin de la marche, une campagne de nettoyage des lieux. Ils ont ramassé des dizaines de sacs-poubelles qu'ils ont expédiés hors de la ville. Toujours pacifique, la marche s'est déroulée dans un climat bon enfant sans aucune intervention des forces de l'ordre restées discrètes. A. Bouacha