Jeudi dernier, le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle a accueilli l'auteur, enseignant et analyste politique Ahmed Bensaâda qui a évoqué durant sa conférence intitulée «Hirak printemps arabe et révolutions colorées», sa vision du Hirak en Algérie. «Personnellement, je ne suis pas contre le Hirak, au contraire, je suis pour le Hirak. Par contre, je ne suis pas pour un Hirak pour suivre un agenda étranger. Il faut que le Hirak reste parfaitement et intrinsèquement algérien.» Amel Bentolba - Oran- (Le Soir) -En préambule, Ahmed Bensaâda, chercheur à l'Ecole polytechnique de Montréal et enseignant à l'Université d'Oran, a commencé sa conférence par une mise au point. «Depuis que je fais des interventions au sujet du Hirak algérien, sur les réseaux sociaux on me traite de complotiste. En fait, on essaye de donner une image négative sur ce que je fais parce que ce que je dis dérange beaucoup de gens. Moi je suis un chercheur. J'ai travaillé sur les révolutions colorées. J'ai travaillé sur les révolutions arabes et, maintenant logiquement, je travaille sur le Hirak algérien.» Il ne comprend pas pourquoi la plupart des gens qui le critiquent actuellement étaient parfaitement d'accord avec lui avant. «Mais du moment qu'on parle de l'Algérie ,toutes mes théories ne marchent pas.» Après cette mise au point, l'intervenant a voulu expliquer à l'assistance comment les interventions étrangères se sont faites par le passé, et comment elles sont en train de se faire actuellement. «A partir des révolutions colorées, je veux arriver à ce que vous compreniez les similitudes qu'il y a avec le Hirak algérien et ce qui s'est passé ailleurs dans les pays de l'Est et dans les pays arabes.» Pour étayer ses propos, il rappellera que depuis les années 2000, des régimes tombent sans qu'il y ait de guerres. Comment ça se passe ? s'interroge-t-il. «Entre la mort de Bouazizi et le départ de Ben Ali, il n'y a même pas un mois d'intervalle et entre le 22 février et le départ de Bouteflika également. Ce sont des méthodes de résistance non violentes, des méthodes extrêmement efficaces, si, bien sûr, elles sont suivies.» Il fera savoir que la résistance non violente n'est pas «une chose qui se crée comme ça, il y a des idéologies, des bases et elle a ses propres théoriciens». Des révolutions dites non violentes en répondant, dit-il, à des plans américains concoctés et surtout financés par les officines, telles que Freedom House, la National Endowment for Democracy (NED) et l'International Republican Institute (IRI) du sénateur John McCain. Il explique longuement à l'assistance que la méthodologie «de la révolution non violente dans les conflits» a été conçue par le philosophe américain Gene Sharp. Le but recherché, explique Ahmed Bensaâda, était, théoriquement, de transformer des régimes dictatoriaux en pays démocratiques avec des méthodes non militaires, basées sur la non-violence. Pour l'analyste politique, bien qu'émanant d'une situation sociale exécrable, les révoltes de la rue arabe ne sont pas aussi spontanées qu'elles ne le paraissent. «Ces révoltes ont bénéficié de l'expertise des activistes et des millions de dollars ont été dépensés, en vue de l'exportation de la démocratie, en particulier américaine, pour le financement des activistes arabes. Le département d'Etat américain est directement impliqué dans le programme et les géants du net comme Google, Twitter, Facebook travaillent avec le département d'Etat.» Il estime que le Hirak algérien présente de nombreuses similitudes avec les révoltes non violentes qui ont eu lieu à travers de nombreuses révolutions colorées et des printemps arabes et, finalement, dit-il, «il n'y a aucune raison pour que l'Algérie ne soit pas visée par une printanisation surfant sur la vague du mécontentement populaire». A. B.