Jugée comme favorisant un « pouvoir bicéphale » par Bouteflika, la fonction de chef de gouvernement a fini par tout bonnement disparaître au profit de celle de Premier ministre. Au fil des années, cette dernière a été réduite à sa plus simple expression. La réhabilitation du politique, le renforcement du pouvoir exécutif énoncé dans la lettre de mission du comité d'experts chargés de la révision de la Constitution laissent entrevoir des pistes plaidant pour la réhabilitation de la fonction de chef de gouvernement issu de la majorité parlementaire. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Le chantier de la révision de la Constitution laisse déjà entrevoir les contours de ce que sera la nouvelle loi fondamentale. La lettre de mission adressée au président du comité d'experts consacre un chapitre à la redistribution des pouvoirs au sein de l'exécutif. S'il n'est pas clairement dit que la fonction de chef de gouvernement sera réhabilitée, plusieurs indices plaident pour cette piste. Tout au long de sa campagne électorale, le président de la République avait laissé entendre qu'il était urgent de sortir d'un régime hyperprésidentiel, en commençant par limiter les prérogatives du premier magistrat du pays. Une sortie d'un régime hyperprésidentiel qui passe également par l'acceptation d'une meilleure répartition des tâches. Dans la même lettre de mission, il est dit qu'il « conviendra spécifiquement d'assurer un fonctionnement harmonieux des pouvoirs par la redistribution des pouvoirs au sein de l'exécutif ». Un exécutif jusque-là chapeauté par un Premier ministre nommé par le chef de l'Etat. Cela n'a pas toujours été le cas. C'est en 2008 que, excédé par ce qu'il qualifiait de « pouvoir bicéphale », que Abdelaziz Bouteflika décidait de la suppression pure et simple du poste de chef de gouvernement pour le remplacer par celui de Premier ministre. Nommé en fonction du degré d'allégeance, le poste est souvent revenu aux partis dits de l'Alliance présidentielle qui s'y sont alternés en fonction des enjeux du moment. Les réunions hebdomadaires qui étaient alors sanctionnées par des communiqués ont tout simplement été supprimées et la fonction de Premier ministre avait alors été réduite à sa plus simple expression. La Constitution définit les prérogatives du Premier ministre qui est chargé d'élaborer son plan d'action et le présenter au Conseil des ministres. Dans les textes, il est tenu de répartir les attributions entre les membres du gouvernement, de veiller à l'exécution des lois et règlements et de présider les réunions du gouvernement. Depuis la nomination de Abdelaziz Djerrad à la tête de l'exécutif, les réunions hebdomadaires ont retrouvé toute leur place et sont sanctionnées par des communiqués. C'est également les services du Premier ministère qui ont communiqué au sujet de la fin de mission des directeurs de la télévision publique et de l'ANEP, et non pas la présidence de la République. Dans les mois à venir, une fois que les élections législatives auront eu lieu et que la composante de l'APN sera modifiée, les cartes seront certainement redistribuées et le poste de chef de gouvernement reviendra en toute logique au parti majoritaire. Il appartiendra, par la suite, à ce dernier de faire intervenir le jeu des alliances politiques pour s'assurer du soutien de l'Assemblée populaire et éviter toute situation de blocage. Un préalable cependant : la réhabilitation du politique dans un contexte marqué par une scène politique tétanisée. Dans une de ses recommandations aux experts, le président de la République estime nécessaire de « réhabiliter le rôle des partis politiques en tant qu'acteurs incontournables dans l'animation de la vie politique de la Nation ». Il s'agit là d'un autre chantier titanesque. N. I.