La semaine a été pénible. La mort a toujours autant de… succès, comme depuis toujours ? Non, beaucoup plus, pour plein de raisons. La plus importante, parce que la plus évidente de toutes est qu'avant, il n'y avait pas d'internet et surtout pas ces espaces où on peut avoir un avis sur tout, le publier et, du coup, il est lu par des milliers de gens à travers le monde, commenté et parfois «partagé», de façon à ce qu'il devienne accessible à plus de monde. Ces derniers jours, il a été beaucoup question du décès d'un homme. Il n'y a pas longtemps, c'était quelqu'un d'autre et avant lui, c'était un troisième, puis un quatrième, en attendant le cinquième et le sixième qui arrivent… Cette mort de la semaine, fausse jusqu'à preuve du contraire, a donc été commentée en long, en large et en travers. Mais de tout ce qui a été publié en la matière, on retiendra ce propos particulièrement lucide et inspiré : on ne conjugue pas la mort, le verbe mourir pour être plus juste, au conditionnel ! La semaine a été pénible. On pensait que l'horreur commise par le directeur de la culture de M'sila était terminée avec sa sanction mais voilà qu'elle a charrié d'autres «passions». D'abord avec la loi contre le propos raciste et l'incitation à la haine venue dans sa foulée. On ne sait pas s'il s'agit d'une coïncidence ou d'une «inspiration» mais tout le monde ou presque a considéré que même un hasard ne peut pas venir seul. Une loi, puis tout de suite un emprisonnement que beaucoup ont trouvé «exagéré», y compris parmi ceux qui ont été fortement indignés par l'ignoble atteinte à la mémoire d'Abane Ramdane. Le pays est ainsi, même quand on partage quelque chose sur le fond, on se demande souvent s'il n'y a pas quelque chose de moins vertueux qui se cache derrière. Et ça, ça un nom : la crise de confiance. La semaine a été pénible. Les enseignants du cycle primaire étaient encore en grève. Difficile de savoir le taux de suivi exact tellement les chiffres ont été différents. Différents selon la source qui les fournit, différents selon les wilayas et différents selon l'évolution du mouvement de protestation. Deux constantes cependant, dans les débrayages d'enseignants. La première est que ces grèves ne sont jamais populaires. C'est compréhensible mais ce n'est pas toujours parce qu'il y a «conflit d'intérêts» comme on pourrait le croire. La seconde est dans la nature des revendications, toujours socioprofessionnelles, rarement en relation avec les programmes et la pédagogie. On pense que certains problèmes sont réglés et à chaque débrayage, on découvre qu'il n'en est rien. Et ça repart. La semaine a été pénible, avec la disparition d'Abdelkrim Hamada à l'âge de 70 ans. Krimo était un journaliste d'une rare rigueur professionnelle, un syndicaliste de conviction et un homme d'une attachante humilité. Il sera inhumé aujourd'hui au cimetière d'El-Kettar. Adieu l'ami, tu nous manques déjà. S. L.