Comme il fallait s'y attendre, la décision de la CAF de reprogrammer la 33e édition de la CAN, au Cameroun en 2021, en hiver au lieu de la période estivale comme c'était le cas en Egypte, a provoqué les premières réactions hostiles à ce projet dont la finalité, à termes, est que la CF se résigne à opter pour une phase finale tous les 4 ans au lieu de 2 ans actuellement. Jürgen Klopp, le coach des Reds de Liverpool où évoluent deux stars du football africain, Sadio Mané (Sénégal) et Mohamed Salah (Egypte) fut le premier à sonner le glas à l'intention de la Confédération d'Ahmad Ahmad à revenir à un tournoi final en hiver. Le technicien allemand a tout simplement qualifié la décision de la CAF de «catastrophe» assurant que, désormais, son club, et tous les autres clubs européens, vont devoir réfléchir avant de recruter un footballeur du continent africain. «Si nous devons prendre une décision pour faire venir un joueur, c'est une décision importante», a d'abord indiqué l'ancien driver du Borussia Dortmund avant de justifier sa «sentence» par la problématique engendrée par cette reprogrammation aussi bien sur le club que les joueurs d'origine africaine retenus en sélection. «Vous savez que pendant quatre semaines, vous ne les avez pas. En tant que club, vous devez y réfléchir. Ça n'aide pas les joueurs africains», dira Klopp qui, au passage, n'a pas manqué de se montrer indigné par la résolution de la Confédération africaine. «Je ne pourrais pas respecter la Coupe d'Afrique des nations plus que je ne le fais car j'aime cette compétition et je l'ai beaucoup regardée dans le passé. C'est un tournoi très intéressant». Klopp qui se montrera compréhensif sur le fait que la CAN doit se jouer en hiver «quand le temps est meilleur pour eux (les footballeurs africains, ndlr) fait valoir l'aspect «juridique» qui impose aux clubs employeurs de libérer leurs internationaux pour ces compétitions officielles ». «Nous n'avons absolument aucun pouvoir». Si nous disons «Nous ne le laissons pas partir, le joueur serait suspendu». Puis d'enchaîner : «Si un joueur est blessé et ne peut pas jouer pour nous, nous devons l'envoyer en Afrique et ils font un examen et dans une ou deux semaines, ils sont de retour. Aujourd'hui, ça ne devrait pas se passer comme ça.» Le qualificatif « catastrophe » employé par le coach des Reds est également employé par d'autres acteurs de la scène footballistique en Afrique et partout en Europe. C'est le cas de l'ancien international malien Fousseni Diawara, consultant sur Canal+. «Une catastrophe pour les joueurs qui se battent pour gagner leurs places en club. Les acteurs du football africain sont des vraies marionnettes pour la Fifa ! Dommage», écrivait-il sur son compte Twitter. La FAF, la première à dénoncer ! Pour les officiels, entendre par là les fédérations africaines affiliées à la CAF et dont la décision de déprogrammer la CAN-2021(et les éditions à venir) de l'été vers l'hiver, les réactions n'ont pas été nombreuses. Une première, et qui a de l'importance, s'est faite entendre vendredi. C'est le président de la FAF, Kheïreddine Zetchi, soit l'instance qui préside aux destinées du champion d'Afrique sortant, qui a apporté sa «contribution» à la polémique. Dans une déclaration à la radio nationale, le patron de la FAF a fait part de ses «inquiétudes» au sujet de ce changement de périodicité, en particulier pour l'équipe d'Algérie composée de «90% de joueurs évoluant à l'étranger et dont certains vont rater le prochain rendez-vous africain à cause de la décision de la CAF» de passer à un tournoi final en hiver. Pour Zetchi «cette résolution va nous causer beaucoup de problèmes. Nous allons devoir changer nos plans préalablement mis en place et que nous devons exécuter dès lors qu'on aura notre programme officiel dans les qualifications au Mondial-2022. Nous avons convenu (avec le staff de l'EN, ndlr) d'organiser un match amical en mars qui devait coïncider avec le début des éliminatoires pour Qatar-2022. La décision de la CAF de changer la périodicité de la CAN-2021 a entraîné l'annulation de la première journée des qualifications en Coupe du monde et la poursuite de celles consacrées à la CAN (3e et 4e journées). Donc, le match amical de mars saute et nous devons réfléchir à en programmer d'autres en juin et en août», a-t-il dit. Et de s'attendre à d'autres conséquences au niveau des compétitions interclubs et sur le plan national. En définitive, la vraie «révolte» des officiels des fédérations nationales dont les sélections sont composées essentiellement de footballeurs expatriés (Cameroun, Nigeria, Sénégal, Côte d'Ivoire etc.) se fera entendre demain au Caire à l'occasion de la cérémonie du tirage au sort de la phase des poules du Mondial-2022. Des voix vont certainement gronder dans la salle des conférences et dans les coulisses. M. B.