Le mouvement populaire contre le système politique atteint le nombre symbolique de 50 vendredis de mobilisation, sans céder sur ses principales revendications. Dernier du mois de janvier et à la veille du début du mois révolutionnaire de février, le mouvement a démenti tous les pronostics quant à son affaiblissement, préservant ainsi sa force et son unité. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - La mobilisation populaire était plus impressionnante, hier à Alger, à l'occasion du 50e vendredi de contestation, que les trois derniers vendredis et ce, à quelque 20 jours de la célébration du 1er anniversaire du mouvement déclenché le 22 février 2019. Sous un soleil printanier, des déferlantes humaines ont convergé vers le centre-ville, prouvant encore une fois que la mobilisation préserve toujours son unité et sa puissance. Le décor est le même depuis maintenant quatre semaines. Un dispositif sécuritaire des plus draconiens a quadrillé la ville, réduisant les espaces de manifestations au niveau de la place Audin, de la Grande-Poste, boulevard Amirouche et la rue Asselah-Hocine. Un climat tendu a régné pendant plusieurs minutes à la place Audin et à la rue Asselah-Hocine au passage de la marée venant des quartiers ouest d'Alger. Les manifestants ont réitéré les revendications du mouvement, affirmant qu'ils ne s'arrêteront pas avant de réaliser les objectifs de la révolution populaire. Ils refusent toujours de reconnaître la légitimité du chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, issu de l'élection présidentielle du 12 décembre 2019. Les manifestants ont lancé des slogans contre le Président, rejetant tout dialogue avec lui, exigeant le respect de la volonté populaire à travers une période de transition durant laquelle les jalons d'une deuxième République et d'un véritable Etat de droit seront jetés. Les manifestants n'ont pas manqué de renouveler la réclamation de la libération des détenus du mouvement populaire, en arborant les portraits de ces prisonniers dont la majorité croupit à la prison d'El-Harrach, à Alger. D'autres séjournent dans les prisons de plusieurs autres wilayas du pays. L'on distingue sur les pancartes Karim Tabbou, le porte-parole de l'UDS, Abdelouahab Fersaoui, président de l'association RAJ, l'étudiante de Tlemcen Nour Elhouda Oggadi et l'activiste de Bordj-Bou-Arréridj, Brahim Laalami. Dans un carré à la rue Didouche-Mourad, plusieurs journalistes ont réclamé la libération de leurs confrères en prison Sofiane Merakchi et Belkacem Djir qui ont décidé d'entamer une grève de la faim en guise de protestation contre la non-programmation de leurs procès. A travers leurs pancartes, banderoles et slogans, les manifestants ont appelé à une justice indépendante, s'en prenant à « la justice du téléphone » et dénoncé l'embargo médiatique qui frappe le mouvement populaire depuis plusieurs mois ainsi que l'embargo sécuritaire sur la capitale. Les manifestants ont exprimé également leur soutien à la cause palestinienne au lendemain de la présentation, par le Président des Etats-Unis, Donald Trump, de son plan de paix où il propose une solution à deux Etats , dans lequel Jérusalem resterait une « capitale indivisée » d'Israël. Le plan, rejeté par plusieurs pays du monde, fait de nombreuses concessions à l'Etat hébreu, lui offrant davantage de garanties qu'aux Palestiniens. Pour exprimer leur rejet de ce plan et afficher leur soutien aux Palestiniens, de nombreux manifestants ont arboré le drapeau palestinien, scandant des slogans en faveur de la cause palestinienne. K. A.