Cela fait près de quarante ans (depuis 1982) que son quotidien, voire carrément sa vie, s'écoule au rythme qu'il accorde à son métier de kinésithérapeute sportif. A bientôt soixante ans (il es né le 24 avril 1961 à La Casbah d'Alger), Omar Lahoussine, c'est de lui qu'il s'agit, est, à coup sûr, l'un des spécialistes de l'heure, les plus expérimentés et les plus compétents. Devenu véritable référence, devenu même le psychologue, le confident et l'ami des sportifs, des footballeurs en particulier, Omar a vraiment le métier à fleur de peau et lui accorde énormément de temps, d'énergie et de... passion. «Le métier que je fais et qui m'absorbe complètement, je le pratique en m'investissant corps et âme. Il est tellement noble et éreintant qu'il me prend tout mon temps et mon énergie. Le kiné est généralement une personne à part. Il soigne les différents traumatismes, intervient pour la remise en forme et le bien-être des patients sportifs. Il doit avoir de bonnes connaissances du milieu sportif, maîtrise parfaitement l'aspect relationnel, écoute le corps et l'esprit. Il doit être patient et avoir une bonne résistance physique et psychologique. Il est constamment sous pression puisque son but, c'est de remettre d'aplomb le sportif, de favoriser le plus rapidement la reprise, de lui éviter la récidive et de lui permettre de retrouver correctement le geste sportif», dira Omar que nous avons contacté chez lui au cabinet du Beaufraisier. C'est en 1982 à l'hôpital Maillot (militaire à l'époque) de Bab-el-Oued que Omar Lahoussine, qui n'a que 21 ans et active en tant qu'agent assimilé, se lance officiellement dans le métier (après une longue et sérieuse formation). Quelques mois après son recrutement, il prend en charge le footballeur international Salah Assad qui évoluait en tant que pro à Mulhouse. «C'était, je me rappelle, contre Brest, il avait une rupture du cartilage et un décollement au niveau du genou, une blessure fort délicate que j'ai prise en charge en mettant énormément du cœur à l'ouvrage», ajoutera Omar qui s'en souvient comme si c'était hier. En 84/85, il a le privilège de bénéficier d'un complément de formation en France plus exactement à la clinique Georges-Bizet sise dans le 16e arrondissement de Paris. Dans cet établissement assez réputé, Omar arrive à approfondir ses connaissances dans le domaine cardiovasculaire, si nécessaire à son travail. Il pousse également sa formation grâce à un autre stage et pour la même spécialité à l'hôpital Saint-Joseph dans le 14e arrondissement de Paris. Il retourne au bercail en 85 et passe son service national de 86/88. Sitôt son devoir accompli, Omar quitte de nouveau le pays pour se rendre en France où il rejoint une clinique spécialisée dans le cardiovasculaire du côté d'une station thermale en Savoie. Il bossera durant cinq années (90-fin 94). En 96, Omar, qui se souvient parfaitement de son passage en question, est contacté par Saïd Allik, président de l'USMA : «A l'USMA, où je suis resté 16 années d'affilée, j'ai aimé davantage mon métier. Les moyens mis à la cellule médicale, le sérieux des dirigeants, des joueurs, des staffs technique et médical, les supporters uniques dans leur genre, l'ambiance à nulle autre pareille et les titres à gogo, constituent pour moi et jusqu'à aujourd'hui, des souvenirs privilégiés, même si le travail a souvent été éreintant et la pression énorme. Quand vous prenez en charge des joueurs blessés qui ont pour noms Zeghdoud, Ammour, Meftah, Hamdani, Mezaïr, Hamdoud, Ghoul, Dziri, Achiou, Bourahli, Abdouni, Zemmamouche, Ghazi, pour ne citer que ceux-là, vous sortez les tripes et vous n'avez pas le sommeil aisé.» En 96/97, le très courtois Omar fait une virée en Arabie Saoudite, au club El Kadissiya, aux côtés de Noureddine Sadi, Abdelkader Horr et Abderrezak Harb, l'ex-portier de la JSK. Après cet ancrage pour l'autre continent, il retrouve de nouveau l'USMA où il reste jusqu'à l'arrivée des Haddad en 2011. Malgré son coutumier engagement et son enthousiasme, il ne restera qu'une saison, forcé de quitter les lieux, car sans gaieté de cœur. Le sachant libre, Omar Ghrib, le sulfureux président du MCA, le contacte et, très vite, le recrute durant la saison 2012/2013. Après une saison de dur labeur et une notoriété jamais remise en cause, Omar est contraint de prendre du recul. Le décès de son regretté père Rabah, ancien cycliste de l'USMA des années 50 et 60, et la santé précaire de son frangin qui a subi une délicate opération chirurgicale, l'obligent à rester disponible H24 auprès des siens. En 2016, Omar Ghrib, pleinement satisfait du bon boulot de Omar, le relance. «Avec tonton, Kamel Abdellouahab, un grand monsieur, et Cie, j'ai eu du plaisir à mettre mes compétences au service du club.» Ayant dans le sang naturellement le métier qu'il pratique également comme profession libérale à son cabinet, il dépose son baluchon au CRB durant la saison 2019. «Je ne regrette pas d'avoir opté pour le Chabab d'aujourd'hui, ça donne tellement l'envie d'y être, tellement le club est bien structuré, bien organisé, où tous les moyens sont mis à notre disposition. A cela ajoutez la sérénité à tous les étages.» Que peut conseiller Omar Lahoussine du haut de ses quarante années de riche expérience aux sportifs ? «Une irréprochable hygiène de vie, une alimentation étudiée, un sommeil réparateur, une bonne et suffisante récupération et une hygiène bucco-dentaire en permanence afin d'éviter les caries dentaires à l'origine de nombreuses blessures, telles les plus connues que sont les hernies discales, les ligaments croisés, la pubalgie, et bien d'autres lésions musculaires, articulaires tendineuses ou ligamentaires.» Au CRB, Omar Lahoussine, qui a façonné sa méthode, travaille en réelle proximité avec le médecin, l'entraîneur et le préparateur physique. «C'est dans le contact et l'échange qu'on avance et réussit.» Abdenour Belkheir