Les perspectives sont de moins en moins positives pour le secteur de l'assemblage automobile en Algérie. Après la dernière sortie médiatique du ministre de l'Industrie, les données relatives au plan de restructuration de cette activité sont désormais connues et annoncent clairement l'abandon du schéma actuellement en vigueur. Le nouveau cahier des charges dont il est question depuis la constitution du gouvernement prévoit de revoir à la hausse le niveau d'exigence pour l'investissement dans ce domaine. Une confirmation et une continuité dans la démarche de Ferhat Aït Ali Braham, anciennement expert et présentement ministre. En imposant le taux de 30% d'intégration dès le démarrage du projet avec l'exigence de l'emboutissage en premier, c'est, de l'avis de tous les observateurs, une condition difficilement réalisable par un investisseur qui opterait pour le marché algérien. Une unité qui nécessiterait de la part du constructeur la mobilisation de pas moins de 250 millions de dollars pour une production annuelle de 200 000 coques. Instabilité des textes et manque de visibilité Aussi légitime soit-elle pour les autorités algériennes, cette exigence peut paraître rédhibitoire pour certains, en raison du contexte difficile que traverse actuellement l'industrie automobile mondiale et surtout des conditions peu attractives offertes en Algérie. A cela s'ajoutent une instabilité récurrente dans les textes réglementaires et un manque de visibilité qui ne permet nullement aux groupes de dimension internationale de réaliser leur business plan selon les normes universelles. Ainsi, avec la publication de ce nouveau cahier des charges tant attendu, l'Algérie passera d'une expérience, voire même d'une aventure qui aura coûté énormément cher au Trésor public avec une rigueur réglementaire réduite à sa plus simple expression et des avantages fiscaux et parafiscaux inédits, à une nouvelle expérience où les exigences sont élevées si haut que les candidats pourraient ne pas venir se bousculer au portillon. Une phase tampon indispensable Il faut rappeler que plusieurs grandes marques et groupes internationaux, dont le leader mondial cinq années consécutives, en l'occurrence Toyota, mais aussi Chevrolet, Peugeot PSA, Ford, Mercedes VP, pour ne citer que ceux-là, ont déserté le marché algérien depuis 2016. C'est dire qu'après le choc des révélations judiciaires sur l'ampleur de la prédation exécutée dans le cadre de ce qui était pompeusement appelé «développement d'une industrie automobile nationale», il est temps de revenir à une période transitoire devant permettre, d'abord, une normalisation du marché automobile à travers ses acteurs professionnels légitimes et, ensuite, une phase de réhabilitation de l'image de l'Algérie, de ses institutions et de sa réglementation. Bref, tenter de corriger les errements du passé et du préjudice occasionné dans la relation de l'Algérie avec ses différents partenaires économiques et industriels. Certes, des pays, comme le Japon et l'Italie ont exprimé, à travers leurs ambassadeurs, la disposition de leurs pays respectifs à développer et intensifier leur partenariat, notamment dans le domaine automobile, il demeure néanmoins établi que le chemin à parcourir est encore parsemé d'embûches diverses entravant la mise en place d'investissements d'une telle envergure. La sous-traitance, l'ultime alternative Pour l'heure, le développement et la modernisation de la sous-traitance algérienne apparaît plus que jamais comme l'ultime alternative à l'émergence d'une filière mécanique nationale. Tout comme il est impératif de la voir intégrer le processus international de fabrication automobile. Les unités d'assemblage créées dans la précipitation et en faveur des courtisans ne tarderaient pas, selon toute vraisemblance, à baisser rideau. Et même la petite porte qui leur est laissée entrouverte par le ministre de l'Industrie, à savoir la possibilité de poursuivre leurs activités sans les divers avantages qui leur étaient généreusement et exclusivement concédés, ne pourra aucunement offrir une reprise rentable des affaires face aux importations des véhicules en l'état (CBU). Leur fermeture semble inéluctable. B. Bellil