Depuis deux jours dans les rues d'Oran, l'on remarque que de plus en plus de citoyens hommes, femmes et enfants portent des masques de protection contre le coronavirus. Mais pas seulement, beaucoup d'entre eux portent également des gants en latex. Si l'initiative de se protéger est à encourager, des connaisseurs, principalement des médecins, s'offusquent de la mauvaise utilisation de ces moyens de protection. Amel Bentolba - Oran (Le Soir) - C'est le cas du médecin urgentiste au CHUO Mohamed-Abed-Khouidmi qui poste depuis quelques jours des vidéos via les réseaux sociaux pour communiquer sur le sujet et prodiguer des conseils en connaissance de cause. Sur sa dernière publication, il se dit perplexe face à la mauvaise utilisation des masques notamment les FFP2 et l'inutilité de porter des gants. «Non seulement le port de masques, alors qu'on n'est pas malades, n'est pas obligatoire, mais une grande majorité de personnes qui les portent ne savent pas respecter les conditions de ce port.» Il explique que si, au même moment où l'on porte ces masques on n'arrête pas de toucher son visage, les surfaces et les objets puis retoucher le masque on risque d'infecter ce dernier censé nous protéger. «Certains mettent le masque sur leur tête puis le remettent sur la bouche, d'autres autour du cou, vont boire leur café en le soulevant juste pour prendre une gorgée… et, le comble, le port inutile des gants !» Ce dernier point l'offusque puisqu'il précise que la plupart qui en portent se touchent le visage avec, les utilisent lorsqu'ils parlent au téléphone, alors que les gants censés protéger, en définitive, sont porteurs de germes qui peuvent justement les contaminer. «La solution ? Se laver les mains très régulièrement !», insiste-t-il. Face à cette ruée sur les bavettes et les masques de protection, un nouveau commerce illégal voit le jour par leur vente dans la rue, c'est le cas à la ville nouvelle. Les jeunes vendeurs les manipulent et les clients en font de même pour toucher et vérifier la qualité du produit. Ce sont des gestes qui contribuent à la propagation du virus, puisque parmi les règles d'hygiène, c'est justement de ne pas manipuler ces moyens de protection sans précaution d'hygiène afin qu'ils demeurent efficaces. Autre phénomène apparu que l'on peut voir à travers des vidéos postées sur les réseaux sociaux, ce sont des recettes jugées dangereuses par les connaisseurs. Leurs auteurs proposent de fabriquer soi-même des produits pour désinfecter son intérieur, comme par exemple de mélanger de l'eau de Javel avec du vinaigre blanc et ou avec de l'alcool. Le docteur Khouidmi s'offusque : «Des génies conseillent de mélanger du vinaigre avec de l'alcool et de la Javel pour désinfecter les maisons. Mélanger de la Javel avec du vinaigre donne du dichlore (CL2) qui est extrêmement toxique ! Mélanger de la Javel avec de l'alcool produit du chloroforme (CHCL3) qui est aussi très toxique ! Cette vidéo risque de faire beaucoup de dégâts !», prévient-il. Autant dire que des campagnes de prévention et de sensibilisation sont plus que jamais indispensables mais que ces initiatives soient encadrées de sources sûres et provenant de gens du domaine. Le but étant d'éviter la contamination et non pas de propager des conseils et des pratiques dangereuses et inefficaces. Les habitants protestent contre la réquisition de l'EHS Les Pins (ex-Planteurs) en cas de coronavirus Depuis le début des premières mesures préventives et sanitaires contre le coronavirus en Algérie, les Algériens ont eu souvent des réactions parfois loufoques usant d'humour en ne prenant pas au sérieux la gravité de la situation. Toutefois, plus le nombre de cas augmente, plus on constate que la prise de conscience s'installe. Une prise de conscience qui, parfois, s'étend jusqu'à refuser d'être à proximité d'un établissement accueillant d'éventuels cas de personnes atteintes au coronavirus. C'est le cas ce lundi des habitants de Haï Sanawber (ex-Planteurs) qui ont appris que la Direction de la santé d'Oran a pris la décision, en cas d'épidémie de coronavirus, de réquisitionner l'EHS les Pins implanté dans leur localité. Aussitôt, ils se sont révoltés (pacifiquement) contre cette décision, estimant qu'ils ne sont pas des citoyens de seconde zone pour « qu'on nous impose un ‘'regroupement'' de cas de coronavirus, nous qui avons toujours été marginalisés, ils viennent en rajouter une couche. Nous ne voulons pas de cette réquisition , nous souhaitons garder la vocation de notre EHS qui est réservé à la maternité et aux enfants». Alors que légalement dans le cas d'une crise sanitaire, la Direction de la santé a la latitude de réquisitionner des établissements de santé. Face à cette réaction des citoyens, la DSP a adressé une autre note au responsable de l'EHS lui signifiant que « suite à la révision du dispositif de prise en charge des cas de Covid-19…, votre établissement n'est nullement retenu pour l'isolement de cas suspects ou confirmés ». Mettant ainsi un terme à la crainte qui a envahi les habitants de Haï Sanawber. Amel Bentolba