Les habitants de la ville de Blida commencent à tenir compte des consignes prodiguées par les pouvoirs publics quant aux préventions contre la propagation du coronavirus. Hier, il n'y avait pas foule dans les rues de la ville comparativement aux jours précédents. Cette prise de conscience s'est vraisemblablement accentuée avec le décès, hier matin, d'une quatrième victime du Covid-19. Il s'agit du frère de la dernière femme décédée trois jours avant. De sources hospitalières, nous avons appris que le défunt, âgé de 49 ans, souffrait de diabète et a succombé à une hypoglycémie qui lui a été fatale. Dans un souci de prévention, Blida et Ouled-Yaïch ont connu hier un grand toilettage réalisé par les entreprises de nettoiement de la wilaya. Les rues et ruelles ont été aspergées de produits désinfectants dans le but de limiter au maximum la prolifération du virus. De leur côté, les cafés qui entourent la place du 1er-Novembre, en plein cœur de Blida, ainsi que d'autres ont, au vu du manque de clientèle, fermé d'eux-mêmes leurs boutiques. Cependant, certains citoyens continuent à paniquer aux moindres signes d'une grippe saisonnière. L'hôpital Brahim-Tirichine fait toujours l'objet d'afflux de personnes craignant d'être contaminées. Le personnel médical n'arrive plus à gérer cette situation et le pavillon réservé à ce type de maladie est saturé. 25 cas suspects ont déjà été enregistrés jusqu'à hier, alors que 13 personnes ayant été atteintes au coronavirus et totalement guéries viennent de quitter l'hôpital de Boufarik où 21 cas confirmés sont encore en isolement. Pour les responsables de la wilaya de Blida, la situation est maîtrisée et «pour l'heure, il n'y a pas péril en la demeure», dira le chef de cabinet du wali lors d'une conférence de presse. C'était pour alerter l'opinion publique à la vue du rush sur les supérettes qui ont été vidées des produits de première nécessité depuis dimanche dernier. A ce propos, le chef de cabinet du wali dira qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter, car ces espaces de commerce seront approvisionnés régulièrement. Il y a lieu de noter, par ailleurs, qu'un communiqué émanant du premier responsable de l'exécutif qui tend à donner ordre à certains établissements publics et privés de cesser leurs activités a été suivi à la lettre. «L'on ne badine pas avec ce genre d'épidémie», commentera un citoyen. Même les jardins publics de Blida et de Ouled-Yaïch ont été désertés par le public. Les habitants de Blida ont peur et ne veulent pas s'exposer inutilement. Ils préfèrent se confiner chez eux que de risquer de contracter la maladie. Ils ont conscience que le mal a émergé de leur ville qui fut le premier foyer du coronavirus et ne peuvent pas savoir à qui ils ont affaire surtout que l'on avance que certaines gens qui ont assisté aux funérailles de la femme décédée font l'objet d'enquêtes épidémiologiques. D'ailleurs, ils ne s'adonnent plus aux embrassades et aux poignées de mains. Si pour le professeur Bouamara Abderrezak, chef de service d'épidémiologie de l'hôpital Frantz-Fanon, à la mort d'une personne atteinte au coronavirus, celle-ci n'est plus contagieuse, le doute demeure entier chez certains qui préfèrent s'en méfier. L'adage «vaut mieux prévenir que guérir» reste leur devise, affirma un habitant. Pour le Pr Bouhamed Mohamed, chef de service de réanimation du même hôpital, se laver les mains et le visage régulièrement et se gargariser la bouche évite, à coup sûr, la contamination. C'est dire enfin que l'ambiance dans la ville des Roses est devenue morose tant la défiance a gagné toute la population. Et c'est tant mieux. M. B.