Le sport algérien repose grandement sur les attributions financières publiques, et la Sonatrach, entreprise nourricière de l'économie nationale est un des principaux «mamelons» de cette chaîne sans laquelle le MSN est un no man's land. L'annonce d'une réduction de l'ordre de 50% du budget de la Sonatrach pour 2020 a mis le monde des sports sens dessus-dessous. Même en «off», des dirigeants de clubs sportifs, ou de simples associations à caractère socio-caritatif, ont exprimé leur crainte de voir les allocations de la société pétrolière fondre comme neige. Si le Pdg du groupe Sonatrach, M. Toufik Hakkar a parlé d'une réduction de 50% de son budget annuel et du report des projets qui n'ont pas un caractère urgent, il n'a pas donné d'explications sur les secteurs pour lesquels le groupe qu'il dirige depuis le 8 février dernier compte réduire (de moitié) les attributions. M. Hakkar a évoqué le niveau des dépenses liées à l'investissement et au recrutement, du report de certains projets et de réduire les charges d'emploi de près de 30 %, sans fournir d'autres précisions. L'objectif de cette mesure drastique imposée par la crise actuelle, et qui saurait à son avis impacter le niveau futur de la production, est de permettre à l'entreprise d'atteindre le chiffre de 7 milliards de dollars pour les seules charges d'emploi, lesquelles représentent l'équivalent de 50% du budget de la Sonatrach, mais aussi d'assurer des recettes fiscales au Trésor public. Le GSP, le MCA, le CSC et la JSS retiennent leur souffle ! Et qui dit réduction des charges d'emploi dit salaires, avec tout ce que cela engendre comme charges patronales. Et la Sonatrach, l'exemple de toutes les entreprises du secteur des hydrocarbures, apparaît incontestablement comme étant la société qui offre les meilleurs salaires et autres avantages à ses salariés. Parmi ces derniers, plus de 1 000 personnes (athlètes, entraîneurs, médecins, administratifs et même dirigeants) «évoluent» dans le giron du sport d'élite, en l'occurrence treize disciplines émargeant sous le sigle du GSP, en sus du roi football que représentent le Doyen des clubs algériens, le MC Alger, et à un degré moindre le CS Constantine et la JS Saoura. D'autres entités sportives dépendent intégralement de la firme pétrolière (comme le MCA, devenu propriété de la Sonatrach depuis 2001) ou sont parrainées par la Sonatrach ou une de ses filiales (Enafor pour la JSS et ENTP pour le CSC). Ceci sans oublier les clubs et autres associations sportives ou socio-caritatives, et elles sont nombreuses, qui bénéficient d'une manne à titre de sponsoring. Dans les sphères des clubs financés par la Sonatrach, l'on réfléchit déjà à procéder à réduire d'abord la masse salariale des footballeurs. Le nouveau président de la SSPA/MCA, Nacer Eddine Almas, a d'ailleurs anticipé la question en lançant aux joueurs encore sous contrat qu'il faudrait songer à cette éventualité dans les négociations pour la prochaine saison. Le MCA, dont le budget constitue l'un des plus importants en Algérie(120 milliards de centimes), avec une masse salariale qui frise les 60%, va particulièrement souffrir de cette mesure «conjoncturelle mais qui peut durer quelques années», qui intervient à un peu d'un an du centenaire du club. Un anniversaire pour lequel l'ancienne direction de la Sonatrach avait annoncé un «budget conséquent» pour faire de la fête du Doyen un évènement international mais qui, eu égard à la nouvelle situation, va devoir se faire en catimini. M. B.