La suspension des activités sportives, décidée par les hautes autorités du pays, ne sera pas levée de si tôt en raison de la propagation de la pandémie de coronavirus, dont les différents entraîneurs et techniciens sont contraints de concocter et d'improviser de nouveaux plans de préparation. Alors que les joueurs sont déjà à leur 3e semaine d'entraînement en individuel en cette période de confinement, les entraîneurs montrent déjà des signes d'inquiétude quant à leur forme physique. Des équipes de l'élite allant jusqu'aux divisions inférieures, toutes disciplines confondues, les craintes sont les mêmes : la baisse de régime de travail et la prise de poids des joueurs, d'autant plus les moyens de travail en individuel sont différents d'un joueur à un autre. «On ne va pas le cacher, nous n'avons pas les moyens de travail à domicile comme les joueurs européens qui disposent de salles de sports. Nous n'avons ni leurs moyens, ni leur culture, il faut l'avouer. Récemment, je regardais la préparation de Tottenham, en Angleterre, à titre d'exemple, en ces temps de confinement, chaque joueur est connecté avec le staff technique qui dirige les séances sur vidéoconférence sur un grand écran partagé où on voit chaque joueur au même moment. C'est comme s'ils s'entraînent en groupe, et chacun dispose de moyens de travail chez lui, tapis roulant, haltères, vélo, soit tout le matériel pédagogique nécessaire. Déjà lors des entraînements en groupe, nous n'avons pas autant de moyens chez nous. Cette pandémie montre bien les limites de nos clubs», dira un joueur d'un club de Ligue 1 qui regrette que les présidents des différents clubs n'aient jamais pensé à de telles situations. «Déjà, pour nous régulariser, on attend quatre à cinq mois, alors avec quoi les joueurs vont acheter un tel matériel pédagogique qui coûte vraiment cher ! Si on arrive à subvenir aux besoins de nos familles, on est champions. Ce que je fais personnellement, c'est d'essayer de maintenir la forme avec des exercices à la maison et des fois des footings dans le quartier, et encore, on n'a pas vraiment d'endroit pour des footings», explique un autre joueur en implorant Allah de mettre fin à cette pandémie. Des témoignages des joueurs qui se retrouvent livrés à eux-mêmes. «Nous n'avons pas les moyens ni les espaces adéquats pour respecter le programme qu'on reçoit chaque semaine ; un programme calqué sur les équipes européennes. Souvent, tout le monde nous compare aux grandes nations de football, mais il faut offrir les mêmes moyens», réplique un basketteur qui affirme que contrairement aux autres disciplines, le basket-ball se prépare sur un terrain et avec un ballon. «En Algérie, nous n'avons pas de terrain de proximité pour s'exercer aux shoots par exemple. Nous, nous sommes aux USA ou en Europe où chaque maison possède un petit terrain pour s'entraîner. Nous sommes vraiment loin du compte», regrette un international de la balle au panier. Les nageurs sont aussi les plus touchés par cette suspension puisque leur seul «terrain» d'entraînement est une piscine. «Honnêtement, c'est le travail de toute une saison et probablement d'une carrière qui risque de s'évaporer, car pour nous, les nageurs, si on rate une séance dans un bassin, il faudra une semaine pour la rattraper, alors qu'en est-il de quatre semaines ? C'est le travail de toute une saison qui est remis en cause», nous dira un spécialiste de la natation. Ce ne sont que quelques exemples des contraintes de certains athlètes qui rencontrent des difficultés pour poursuivre leur préparation en individuel… Ah. A.