La semaine a été pénible. Y a-t-il des Algériens qui savaient que Makri était médecin ? Et s'il y en a qui l'ont su dans une autre vie, est-ce qu'il y en a encore qui s'en souviennent tellement ça fait longtemps qu'il n'a pas travaillé, si un jour il a travaillé, bien sûr ? Il y en a qui « savent » et s'en souviennent, manifestement, il s'en est même trouvé un qui le lui a rappelé, en lui posant la question : pourquoi, doc, vous n'êtes pas sur le terrain, pourquoi vous n'avez pas songé à remettre votre blouse blanche même si elle a dû changer de couleur depuis, en ce moment de crise sanitaire dans le pays ? Sa réponse était prévisible mais on la savoure quand même : j'y ai pensé mais je me sens plus utile en tant qu'homme politique dans cette épreuve difficile pour le pays. Est-ce qu'il y a encore des Algériens qui se souviennent que Makri est un homme politique ? La semaine a été pénible. Plus de 2 000 morts en moins de vingt-quatre heures aux Etats-Unis. Dans le foisonnement des réactions suscitées par cette terrible information, tout a été passé en revue. D'abord, les folles truculences du Président de la première puissance mondiale qui parlait, il y a peu de temps, d'une périlleuse pandémie mondiale avec une choquante légèreté. Ensuite de ceux qui ont donné écho à sa thèse, aussi légère que dangereuse de la « primauté » de l'économie sur la santé. Et enfin de la fragilité d'un système social qui, de manquer terriblement d'humanité ne pouvait donner que ce qu'il a donné en l'occurrence. Dans tout ça, on a malheureusement souvent oublié qu'un pays vient de vivre une vraie tragédie, avec des conséquences dont on ne mesure pas encore la gravité. Les tragédies humaines, qu'elles surviennent aux Amériques ou ailleurs, sont les mêmes, surtout qu'elles peuvent avoir des prolongements partout. La semaine a été pénible, les premiers jours du couvre-feu réaménagé ont donné lieu à quelques situations vraiment inquiétantes en termes de respect des règles des barrières de sécurité. Il y a malheureusement beaucoup d'Algériens qui ont compris que le fait de ne pas pouvoir sortir de 15 heures à 7 heures du matin leur donne la liberté de le faire le reste du temps sans se soucier des précautions d'usage. Non, mesdames et messieurs, il ne faut sortir que pour les choses essentielles, couvre-feu ou pas ! La semaine a été moins pénible. Il y a de moins en moins d'images d'Algériens qui se bousculent pour l'acquisition des denrées alimentaires de large consommation comme la semoule qui tient toujours le haut du pavé. Si on a moins d'images, c'est qu'il y a une amélioration dans la vraie vie. Amélioration sans doute dans la distribution, amélioration dans la prise de conscience du danger que constituent les rassemblements et peut-être bien amélioration tout court, en restant optimiste. Restons quand même à la maison. S. L.