Avons-nous bien retenu la le�on du 8 avril ? Avons-nous bien compris, nous journalistes oppos�s aux projets du pouvoir, que les urnes donnent souvent des r�sultats contraires � nos convictions ? Croire en la d�mocratie, c�est aussi accepter ces r�sultats et qu�ils nous satisfassent ou pas, nous devons les int�grer comme une r�alit� incontournable. Encore une fois, la passion et le fait de ne vouloir s�adresser qu�aux lecteurs convaincus de nos choix, risquent de nous mener en bateau. Et vogue la gal�re vers d�autres d�sillusions ! Je me souviens encore � je n�oublie rien- de l'effrayant abattement, de ce stress p�nible et de cette terrible d�sillusion qui s��taient abattus sur tous ceux qui avaient pris leur d�sir pour la r�alit� lors de la campagne 2004. Encore une fois, le peuple alg�rien va voter massivement pour cette Charte. Que nous le voulions ou pas, le vote sera sanctionn� par un pourcentage impressionnant (plus de 90%, je signe et persiste) ! Bien s�r, chacun doit exprimer librement ses opinions, notamment � travers les colonnes de la presse ind�pendante ou ce qui en reste. Mais, nous devons en m�me temps �tre r�alistes et savoir que ces avis contraires sont comme une goutte d�eau dans l�oc�an. Ils ressemblent � ces brins d�herbe emport�s par les torrents imp�tueux qui naissent aux pieds des imposantes cascades de l�unanimisme et de la d�magogie. Sachons �tre, par notre r�alisme, notre sinc�rit� et notre profond enracinement dans le quotidien de ce peuple, des journalistes libres et non des partisans cach�s sous la signature de l��ditorialiste ! Seuls les m�dias lourds peuvent influer sur les �lecteurs. Or, ces derniers subissent un matraquage en r�gle, le plus puissant et le plus ferm� depuis l�ind�pendance. Le projet de charte de 1976 (vous dites parti unique ?) a �t� un moment formidable de d�mocratie populaire et de grand d�ballage. N�importe quel citoyen pouvait entrer dans une salle et prendre le micro pour dire ce qu�il pensait du pouvoir et de ses options. La t�l�vision retransmettait les d�bats en direct. L�actuel locataire d�El Mouradia en conna�t quelque chose, lui qui a �t� mis en difficult� par des �tudiants progressistes. Mais il faut lui reconna�tre cette capacit� � s�duire m�me ses ennemis politiques. Personne mieux que lui ne conna�t cette lumineuse �pop�e de la d�mocratie populaire. Pourquoi laisse- t-il faire ? Pourquoi n�appelle- t-il pas le directeur de la t�l�vision pour lui dire qu�il exag�re ! Nous ne demandons plus 50%/50% de temps d�antenne pour le �Oui� et le �Non�. Juste 80%/20% ! Pourquoi ne donne-t-il pas des instructions fermes aux walis pour qu�ils ouvrent les salles devant les partis et les organisations qui veulent appeler � voter contre la Charte ? Il nous semble que jamais r�sultat n�a �t� autant acquis d�avance que celui qui sortira des urnes le 29 septembre. Alors pourquoi ce refus cat�gorique de tout avis contraire ? A-t-on peur des arguments de ses contradicteurs ? A-t-on peur des mots justes, sinc�res, sortis de la bouche d�une victime du terrorisme qui continue de se battre pour que les assassins de son proche soient d�f�r�s devant la justice ? Si certains prenaient le risque de sortir des salons dor�s o� l�on entend finalement le m�me discours depuis des ann�es et d�aller � la rencontre de ce peuple, dans les villages isol�s, les campagnes d�sh�rit�es et les cars tremblotants sur les routes extr�mes, ils auraient une autre image de la r�alit�. Ce peuple est manipul� et le message des quelques �lites �clair�es et dignes qui diffusent des propos coh�rents et justes, se noie malheureusement dans une indescriptible cacophonie o� s�unissent les voix les plus contradictoires ! L�essentiel pour la majorit� des acteurs de la vie politique et sociale n�est plus d�agir pour une id�e ou un programme, mais d��tre dans le carr� �utile�, du bon c�t� de la barri�re, mus par le gain facile, les int�r�ts mat�riels ! Le 29 septembre, le peuple alg�rien adoptera cette fameuse Charte. Pourtant, il ne se passera rien le 30 septembre! Parce que la politique actuelle d�exclusion sociale et de marginalisation ainsi que les grandes options socio-�conomiques � mille lieux des int�r�ts fondamentaux du peuple alg�rien, ne changeront pas ! Alors, voyons plut�t les choses du bon c�t� : ce jour-l�, le peuple alg�rien aura aussi dit Oui � la rel�gation d�finitive, officielle, solennelle et populaire du FIS ! Et rien que pour �a, ce vote servira au moins � quelque chose.