Après l'échec retentissant de la réunion des ministres de l'Energie du G20, vendredi, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole Opep a repris, dimanche, sa visioconférence entamée jeudi avec ses alliés menés par la Russie dans le cadre de l'Opep+. Engagés jeudi donc, dans des pourparlers extrêmement serrés afin de parvenir à un accord de limitation de la production pour soutenir les prix du pétrole, les pays regroupés au sein de l'Opep+, soit les membres de l'Opep et le groupe de producteurs mené par la Russie, se sont retrouvés dimanche pour sceller l'accord historique conclu jeudi. Les deux parties ont, ainsi, décidé de faire sans les pays du G20 dont la rencontre par visioconférence, vendredi, destinée à appuyer les initiatives devant mener à enrayer la chute des prix, s'est achevée par un retentissant échec, suscitant dès lors quelque doute sur la faisabilité de l'accord par lequel il a été décidé que l'Opep+ consent à une coupe de production de 10 millions de barils par jour en mai et juin prochains. Le projet initial de l'Opep et ses alliés de l'Opep+, selon une information de Reuters, était d'arriver à ôter du marché 20 millions de barils par jour, mais en fin de compte, c'est sur les 10 millions de barils que l'accord a été scellé, malgré la «résistance» du Mexique qui n'entendait diminuer sa production que de 100 000 barils/jour ,alors qu'il lui était proposé par l'Opep+ d'aller jusqu'à 400 000 barils/jour. L'accord qualifié d'historique conclu jeudi était ainsi assorti d'une réserve à laquelle est venu s'ajouter, vendredi, l'échec de la réunion des ministres de l'Energie du G20. C'est dimanche que l'accord historique a été finalement entériné et la représentante mexicaine s'est même fendue d'un tweet pour saluer l'œuvre de l'Opep+ pour emboîter le pas au ministre saoudien de l'Energie et son pair du Koweït qui ont annoncé la nouvelle de la réduction de la production mondiale du pétrole de 10 millions de barils par jour en mai et juin, et ce, «même si les réductions de production sont inférieures à ce dont le marché avait besoin, le pire est pour l'instant évité», commentait un analyste du cabinet Rystad Energy. Selon la presse spécialisée américaine, l'accord a pu être matérialisé malgré la réserve du Mexique qui jugeait au-delà de ses capacités de se priver de la quantité qui lui a été signifiée par ses alliés de l'Opep+. Selon toute vraisemblance, ce sont les Etats-Unis, qui ne sont pas membres de l'alliance Opep+ mais ont soutenu l'accord qui fait les affaires de leur industrie du schiste, se sont mis à presser les Mexicains. Vendredi déjà, le Président Donald Trump a confié lors d'un point de presse à la Maison Blanche que les Etats-Unis «aideraient le Mexique à aller dans le sens des demandes de l'Opep+». Ainsi, les discussions entamées jeudi dernier ont abouti, dimanche, à l'accord qui verra le marché pétrolier, noyé par une offre surabondante par rapport à une demande en panne à cause du coronavirus, soulagé de 10 millions de barils quotidiennement entre le 1er mai et la fin juin. Une réduction qui, de l'avis des analystes de Rystad Energy, «évitera aux prix de tomber dans un abîme, mais elle ne permettra toujours pas de rétablir l'équilibre du marché». Hier lundi, en tous les cas, le marché asiatique, à son ouverture, a bien réagi à la conclusion de l'accord Opep+. En effet, dans la matinée de lundi, le baril de WTI montait à 23,55 dollars, soit en hausse de 3,4% par rapport au prix de clôture de vendredi, alors que le baril de Brent prenait 3,1% au prix de la fin de séance de la semaine dernière pour atteindre 32,46 dollars. Azedine Maktour