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L'approvisionnement des marchés ne doit pas s'arrêter
L'agroéconomiste Ali Daoudi insiste
Publié dans Le Soir d'Algérie le 20 - 04 - 2020

Le professeur Ali Daoudi soutient que l'approvisionnement des marchés en denrées alimentaires de base et autre en ces temps de crise sanitaire relève de la préservation de la santé publique, d'où la nécessité qu'il soit garanti de façon continue.
Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - S'exprimant hier dimanche, à la Radio nationale Chaîne 3, le professeur Ali Daoudi, agroéconomiste et enseignant chercheur à l'Ecole supérieure agronomique d'El-Harrach, assure que pour l'heure « aucune pénurie en matière de disponibilité de produits de consommation n'a été observée». Et ce, grâce «au stock constitué et à notre capacité d'importation», dit-il.
Ali Daoudi souligne également «les efforts» fournis par les agriculteurs qui, «en dépit de conditions difficiles, tiennent quand même leurs champs ». Dans la foulée, l'intervenant a toutefois regretté que le secteur soit, depuis le début du confinement, marqué par un manque de main-d'œuvre et des difficultés de mobilité des acteurs du domaine. Il en appelle de ce fait aux autorités afin qu'elles permettent à ces derniers de se déplacer «sans aucune contrainte». Car il estime que «la chaîne d'approvisionnement ne doit s'arrêter sous aucun prétexte, tant il y va de la santé publique».
L'agroéconomiste a, dans ce sens, souligné, qu'avant de se projeter sur un plus long terme, il est important de mettre en place des mesures d'urgence pour assurer que la production nationale maintienne un certain niveau. « Dans l'immédiat, il faut impérativement assurer les meilleures conditions pour les campagnes de récolte à venir», a-t-il insisté.
Evoquant à ce titre la campagne de moisson-battage qui sera lancée dans quelques jours, Ali Daoudi prévient que si l'on espère avoir une moisson optimale, «les pertes post-récolte doivent à tout prix être évitées». Qui plus est, dans un contexte où chaque grain compte. par ailleurs, il appelle à mobiliser tous les moyens humains et matériels pour réussir la moisson. C'est pourquoi il rappelle encore que les commerçants et tous les opérateurs agricoles doivent avoir le droit de se déplacer librement dans le cadre de leurs activités.
Le professeur Daoudi a, également, abordé l'après-Covid-19 en affirmant que des enseignements sont d'ores et déjà tirés de cette crise, amenant, selon lui, «les responsables du secteur de l'agriculture à réfléchir à une nouvelle stratégie de développement». Celui-ci a, par conséquent, considéré qu'en ces circonstances de crise mondiale, «on ne peut compter que sur soi», et de fait, arriver à garantir une production nationale de qualité en engageant les investissements qu'il faut pour cela. Dans ce registre, l'agroéconomiste rappelle, en se référant à la filière de la céréaliculture, que le potentiel de production est estimé à 6 millions d'hectares, mais seulement la moitié est exploitée. Il a relevé que les 3 millions d'hectares restants sont considérés comme des terres en jachère.
La priorité aujourd'hui, explique-t-il, est de «trouver des mécanismes opérationnels pour remédier à ce problème de taille». Chose qui est tout à fait possible, d'après lui. Preuve en est, « des performances ont été réalisées en termes de rendement », suite à la mesure liée à l'augmentation des prix du blé dur, «le rendement a été fort satisfaisant et la production avait atteint des niveaux inégalés», a-t-il relevé, ajoutant que cela a incité les agriculteurs à faire plus d'efforts afin d'améliorer leurs rendements.
Ali Daoudi recommande, en outre, de développer les légumineuses dans le cadre de la résorption de la jachère. De sorte à inciter l'agriculteur à intégrer la culture des légumineuses et ce, à travers des subventions des prix par exemple.
Interpellé sur la question de la dépendance de l'Algérie des marchés extérieurs, Ali Daoudi tient à faire savoir qu'il est impossible de se passer de l'importation de certains produits. Prenant l'exemple du sucre, il explique que sa culture nécessite énormément d'eau et que notre pays n'est pas connu pour la production de canne à sucre. Il juge, en contrepartie, que pour ce qui est des céréales, légumineuses, lait…, «il nous est possible d'augmenter considérablement notre rythme de production», à condition d'aller chercher et d'acquérir une marge de progression.
L'autre moyen de réduire la facture d'importation alimentaire, selon lui, est de réduire le plus possible le gaspillage. Par gaspillage, il entend les pertes post-récolte notamment, rappelant à ce titre que les experts évaluent que «20 à 30% de disponibilité alimentaire sont jetés chaque année».
Ali Daoudi voit donc l'utilité de se pencher sur une «politique rationnelle de prix et de lutte contre le gaspillage».
M. Z.


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