En ces temps de pandémie de coronavirus Covid-19, les consultations médicales, ô combien vitales pour les patients porteurs de maladies chroniques, restent très limitées. Très peu de spécialistes ont gardé leurs cabinets ouverts. Pourtant, ces malades, particulièrement ceux atteints de diabète, comptent énormément sur les consignes de leurs médecins traitants pour le jeûne du mois de Ramadhan. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Si le jeûne du mois de Ramadhan est possible dans bien des situations de maladies chroniques, il est carrément contre-indiqué dans certains cas. Chez les personnes atteintes de diabète, pratiquer le jeûne entraîne un risque accru d'hypoglycémie, d'hyperglycémie et d'acidocétose. Des taux d'hypoglycémie sévère plus importants chez les patients diabétiques de types 1 et 2, et des hyperglycémies plus élevées chez les diabétiques de type 2 sont enregistrés pendant le Ramadhan. Un mois qui impose, donc, une adaptation de traitements pour certains patients et l'interdiction du jeûne à d'autres. Pourtant, nombre de patients atteints de ces pathologies se retrouvent, à la veille du mois de Ramadhan, privés de leur consultation médicale. La plupart de ces rendez-vous ont été annulés puisque très peu de cabinets médicaux sont restés ouverts durant cette période de pandémie de coronavirus. Le Dr Abdelhafid Habitouche fait partie des quelques médecins qui ont gardé leurs cabinets ouverts en ces temps de crise sanitaire. Etabli dans le quartier des Annassers à Hussein-Dey, à Alger, ce diabétologue continue à recevoir ses patients. Selon lui, la plupart d'entre eux n'ont pas raté leur rituelle consultation d'avant le Ramadhan. «En fonction des résultats de leur bilan médical effectué au préalable avant ce rendez-vous, je leur ai donné des consignes pour jeûner ou pas. Ceux qui maintiennent leur intention de jeûne ont reçu leur nouveau schéma thérapeutique. Quant aux patients âgés et qui cumulent plusieurs maladies chroniques, je leur ai conseillé de ne pas le faire puisque leurs maladies sont un handicap pour le jeûne», explique-t-il. Le spécialiste insiste ainsi sur le rôle du médecin traitant dans l'accompagnement des patients afin qu'ils ne se trouvent pas livrés à eux-mêmes. Il souligne également l'intérêt de la consultation médicale avant le mois de Ramadhan durant laquelle sera élaboré un schéma thérapeutique approprié en fonction des horaires du jeûne. «Durant ce mois, les traitements de certains malades atteints de diabète sont allégés. La dose d'insuline est diminuée et le nombre de prises de médicaments per os est aussi réduit», dit-il. Le Dr Habitouche évoque, par ailleurs, les patients qui n'ont pas pu se déplacer en ces temps de pandémie. «Ces patients peuvent déléguer un membre de leur famille pour venir récupérer leur ordonnance renouvelée avec des doses et des prises réadaptées au Ramadhan. Dans les cas extrêmes, ils sont informés par téléphone avant de les orienter vers les pharmacies pour se procurer leurs médicaments et ce, grâce à la mesure prise par la Cnas permettant aux malades chroniques de se procurer leur traitement en présentant leur carte Chifa», précise-t-il. De son côté, le président de l'Association des diabétiques d'Alger, Fayçal Ouhada, reconnaît que la propagation du virus Covid-19 a chamboulé la vie de tous, notamment à l'approche du mois de Ramadhan. «Ce virus est un grand problème qui nous a complètement perturbés», avoue-t-il. Toutefois, il affirme que son association est toujours aux côtés des malades atteints de diabète, surtout en cette période où la plupart des cabinets médicaux sont fermés. «Nous sommes en contact permanent avec les malades à travers nos lignes de téléphone, mais aussi via la page Facebook de l'association. Nous leur donnons des conseils et des consignes à suivre et nous orientons les malades qui hésitent à observer ou pas le jeûne. Il y a même ceux pour qui nous avons fait établir des ordonnances afin qu'ils puissent se procurer leur traitement chez les pharmaciens», dit-il. Ry. N.