Photo : M. Hacène De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
Il n'est toléré à aucun diabétique d'observer le jeûne sans avis médical, alertent les spécialistes. Mais la plupart des malades ignorent cette mesure réitérée chaque année. Se croyant aptes à accomplir ce devoir sacré, ils taquinent leur glycémie et les effets directs sont désastreux. Les malades chroniques tentent de jouer avec le feu à chaque Ramadhan. Ils ne veulent pas sacrifier leur carême en prenant leur traitement indispensable à la régulation de leur organisme. Pourtant les scientifiques et ulémas à travers l'éthique musulmane autorisent ces personnes à suivre leur médication sans faire carême. Ce sont des patients inconscients et indisciplinés, selon les médecins. Ces derniers estiment qu'il existe des exceptions pour ce genre de patients. Notamment les diabétiques, insistent-ils. «Le sujet diabétique ne doit pas interrompre son traitement quotidien sans avoir pris attache avec son médecin », alerte un diabétologue. «Une simple hypoglycémie pourra le conduire aux urgences et les complications pouvant être générées par sa maladie ne sont pas à écarter», a-t-il ajouté. Il est d'autres affections qui sont inscrites en rouge et donc ne permettant pas à leur sujet de jeûner. Les spécialistes énumèrent l'hypertension artérielle, l'épilepsie, l'ulcère gastrique. Ces pathologies provoquent chacune des effets graves. Toutefois ce qui préoccupe généralement les médecins et la population en ce mois de Ramadhan demeure le diabète. Par ses multiples formes de complications et son évolution galopante en Algérie, le nombre de consultation en urgences de personnes atteintes de cette pathologie augmente dans les hôpitaux pendant le mois de carême. Souvent, par pudeur, certains diabétiques font fi des conséquences engendrées par l'abstinence. Ils se contentent de mesurer leur glycémie à longueur de journée. En cas de chute de sucre ils rompent avec la privation. «Cela s'avère parfois dramatique pour leur santé. L'accent est mis sur les risques qui peuvent découler d'une rupture brusque du jeûne : crise cardiaque, hyperglycémie, attaque cérébrale,…», explique un médecin. «Les insulino- dépendants sont soumis à un suivi rigoureux. Ils sont tenus de respecter à la lettre les consignes de leur médecin. De toute façon cette frange de malades est rarement autorisée à jeûner, et si c'est le cas le suivi journalier devra être strict». En revanche il est toute une série de conseils à prodiguer aux diabétiques dits non insulino-dépendants. Ceux qui prennent des traitements oraux. C'est cette catégorie de patients qui pose le plus de problèmes aux spécialistes, car elle ne sollicite pas préalablement un avis médical. Alors qu'un examen médical est indispensable avant d'entreprendre ce mois. il se traduit par un bilan biologique «déterminant ou non» un diabète équilibré, à quelques jours du Ramadhan. Et l'on ne s'arrêtera pas là. «Même avec un bilan donnant le quitus pour faire carême la prise des molécules devra être répartie judicieusement», insistent les spécialistes. En matière d'alimentation les repas doivent être équilibrés (fruits et légumes) et répartis judicieusement. Sans omettre la prise d'une quantité importante d'eau en ces grandes chaleurs pour éviter des déshydratations, fréquentes en cette période. «Ceux qui ont un diabète déséquilibré et ne se font pas suivre régulièrement feraient mieux de ne pas jeûner», conseillent les praticiens. En somme seule la consultation permettra de décider de la suite à donner aux malades chroniques, s'ils ont les aptitudes requises pour ne pas mettre leur santé en danger.