Abdelwahab Zidani a indiqué que 60% des patrons vivent dans la crainte de voir leurs entreprises disparaître. Le président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA) attire l'attention en effet sur la détresse qui touche les entreprises algériennes depuis l'apparition du Covid-19. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Abdelwahab Zidani a indiqué, lors de son passage, jeudi dernier, à la Radio Chaîne 3 que « 60% des entreprises ont cessé toutes leurs activités ». C'est ce qui ressort du dernier recensement mené en concertation avec les pouvoirs publics, a-t-il précisé. Il avance, en outre, que les microentreprises sont les plus démunies face à cette crise. Abdelwahab Zidani poursuit que celles qui sont en lien avec le secteur du BTPH souffrent particulièrement de ce contexte sanitaire. S'appuyant sur les données du même recensement, l'intervenant a souligné que dans certaines wilayas, « on parle de 50 à 80% des entreprises qui sont en cessation d'activité ». Il explique, toutefois, que certaines ont quand même pu réagir promptement pour limiter les dégâts, et qu'elles continuent, « tant bien que mal » ,de maintenir leur rythme de production à un niveau correct. « 20% des entreprises recensées ont recours au télétravail et 20% au chômage partiel », soulève-t-il. D'un autre côté, Abdelwahab Zidani s'interroge sur le devenir de ces entreprises. Evoquant les mesures exceptionnelles annoncées par le gouvernement pour accompagner et soutenir ces dernières, il regrette la réticence des banques qui, d'après lui, « hésitent à appliquer concrètement ces décisions », en dépit du fait que « la Banque centrale ait donné l'instruction ». Il déplore que même en pareilles circonstances, le problème de la bureaucratie se pose toujours. Le fait est qu'entre-temps « les pertes en chiffre d'affaires ne sont pas des moindres », soutient-il. Abdelwahab Zidani explique que 60% des chefs d'entreprises ont exprimé leurs inquiétudes par rapport à la survie de leurs entreprises, et à juste titre. Dans la mesure où si des entreprises venaient à disparaître, « il serait très difficile de les reconstruire et de remettre le train en marche ». Des craintes, dit-il, justifiées quand on sait que cette crise économique peut très vite devenir une crise sociale. « Nous avons peur de voir ces entreprises mourir », ce qui entraînera inéluctablement « une perte de la ressource humaine », chose qui menace, appuie-t-il, directement l'approvisionnement du marché sur le long terme. Le président de la Cipa estime que des mesures doivent être appliquées pour accompagner ces entreprises dans l'immédiat, comme il faudra penser à réfléchir à de nouvelles alternatives dans l'optique de sauver l'économie nationale. Il fait savoir à cet effet que la Confédération qu'il représente a déjà proposé au gouvernement la mise en place d'un moratoire de 12 mois sur les échéances bancaires pour l'année 2020 ». Proposition qui a été faite, tient-il à rappeler, avant l'apparition du Covid-19, l'année 2019 ayant été marquée par une économie morose suite aux évènements sociopolitiques qui sont intervenus depuis le 22 février. Dans la foulée, Abdelwahab Zidani a fait savoir qu'au regard de la situation, le Cipa , ainsi que d'autres syndicalistes du secteur, ont appelé à la création d'une cellule de crise « regroupant les syndicats patronaux et les travailleurs ». Abdelwahab Zidani a, dans cette ligne, souligné qu'outre cette recommandation, le Cipa se projette aussi sur le moyen terme en jugeant judicieux de penser à « intégrer l'argent de l'informel dans le secteur bancaire ». Il rappelle que la sphère de l'informel contribue à hauteur de 40 à 50% du PIB, ce qui représente près de 60 milliards de dollars. Il estime à cet égard que la situation que nous vivons nous impose d'unir toutes les parties. Abdelwahab Zidani pense que cet argent est dans le marché et que, par conséquent, « il faut trouver des mécanismes adaptés pour aller le chercher », sans pour autant déclarer la guerre à l'informel, car cela « ne servira personne au final », soutient-il. M. Z.