Les contestataires se plaignent des pertes de revenus engendrées par le gel de leurs activités depuis le 14 mars dernier. Des centaines de commerçants et artisans ont observé, hier matin, un rassemblement de protestation devant le siège de la wilaya de Béjaïa pour exiger la réouverture de leurs magasins, après trois mois de fermeture décrétée par les autorités publiques dans le cadre de la lutte contre la propagation du Covid-19. Venus des quatre coins de la wilaya, les protestataires ont assiégé, dès la matinée d'hier, l'entrée principale du siège de la wilaya, afin de réclamer leur droit d'exercer leurs activités commerciales au même titre que les autres commerçants, tels que les épiciers, les bouchers, les kiosques multiservices… Les commerçants contestataires se plaignent de la précarité de leur métier et les pertes de revenus engendrées par le gel de leurs activités depuis le 14 mars dernier, en raison de la pandémie de coronavirus. Selon eux, les pertes sèches provoquées par cette interruption d'activité se sont répercutées négativement sur la trésorerie de leurs ménages, sans parler des frais de location et autres charges qui pèsent sur eux. "Personnellement, j'ai déboursé 120 000 dinars au titre de paiement du loyer, soit 40 000 DA/mois, sans que je ne gagne un sou depuis trois mois. À ce rythme, je ne pourrai plus faire face à mes besoins financiers", se lamente un sexagénaire, propriétaire d'un magasin de vêtements à El-Khemis, dans le centre-ville de Béjaïa. "Nous sommes vraiment à sec ! Nous n'avons même pas de quoi nourrir nos enfants. Notre avenir est incertain. Nous ne pouvons rester inactifs devant une telle situation. L'Etat n'a rien fait pour trouver une solution alternative à nos préoccupations. La somme de 10 mille dinars octroyée aux commerçants en cessation d'activité depuis trois mois, est dérisoire ! C'est vraiment honteux !", renchérit Slimane, un jeune transporteur de voyageurs de la daïra d'Akbou. De son côté, un chauffeur de taxi de Chemini, qui assure des dessertes interwilayas, dénonce la politique de deux poids deux mesures des autorités qui, selon lui, privent certains commerçants de leur droit d'exercer leurs activités, tandis que d'autres secteurs sont autorisés à le faire. "Qui a autorisé le RND et le FLN à tenir respectivement leurs congrès et réunion du comité central, en pleine période de confinement sanitaire ?", s'interroge notre interlocuteur. À noter qu'à l'issue de ce rassemblement de protestation, le wali de Béjaïa a reçu une délégation des manifestants, conduite par le secrétaire de wilaya de l'Union générales des commerçants et artisans algériens (UGCAA), laquelle a demandé au chef de l'exécutif de wilaya de les autoriser à reprendre leurs activités, tout en s'engageant à veiller au respect rigoureux des mesures de prévention sanitaire. Le wali s'est engagé, pour sa part, à transmettre leurs doléances aux autorités compétentes, seules habilitées, selon lui, à décider de la levée de la suspension d'activités commerciales décrétée par le gouvernement Djerad. Enfin, il y a lieu de souligner que bon nombre de commerçants de la wilaya ont décidé, hier, de rouvrir leurs magasins dès aujourd'hui, lundi 1er juin, sans attendre la décision du gouvernement. K. Ouhnia