Jusqu'à hier mercredi en milieu d'après-midi, la remontée des prix du pétrole se poursuivait pour la troisième séance de la semaine, sur la lancée de la précédente qui, elle, avait déjà vu le cours de l'or noir entamer son redressement et atténuer peu à peu l'inquiétude, jusqu'à il y a quelques jours jamais autant vive, chez tous ceux qui font le monde particulier du marché pétrolier. Sur leur lancée de la semaine dernière, les cours du pétrole maintiennent depuis lundi la tendance des prix à la hausse. La tendance qui a cours depuis plusieurs séances consécutives et qui n'a fait ensuite que tirer profit, en partie sans doute, de l'entrée en vigueur, vendredi dernier, de l'accord par lequel les pays de l'Opep et plusieurs autres exportateurs en dehors de l'organisation ont convenu de couper leur production de 9,7 millions de barils par jour pendant deux mois, du 1er mai à fin juin, afin de redresser les prix en chute libre depuis janvier. Lundi donc, pour ouvrir la semaine, à New York, le baril de WTI qui a valu tant de tourments aux producteurs américains était cédé au prix final de 20,39 dollars, soit une hausse de 3,1% par rapport à son prix de clôture de jeudi, tandis que sur le marché de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord, contrat de juillet, s'est établi à 27,20 dollars, marquant ainsi une hausse de 2,9% par rapport à la clôture de vendredi pour ensuite passer la barre des 30 dollars pour le Brent, mardi, lorsqu'il clôturait la cinquième séance consécutive en hausse, à 30,97 dollars. Hier, à la mi-journée, les cours des deux barils de référence poursuivaient leur hausse, portés par les intentions des plus grandes économies de booster la demande avec le déconfinement progressif. Une passe qui inspire l'optimisme pour les investisseurs et qui a fait écrire, hier, à un spécialiste du site américain spécialisé Oilprice.com : «La demande de pétrole s'accélère et certains signes indiquent que, lentement mais sûrement, nous passerons d'un excédent important à un scénario dans lequel nous aurons de graves pénuries locales».Une tendance à la hausse des prix des deux barils de référence aidée, en plus de l'entrée en vigueur de l'accord conclu dans le cadre de l'Opep+, par les nouvelles données de l'Agence américaine d'information sur l'énergie qui faisaient état, en fin de semaine dernière, d'une baisse de la production aux Etats Unis pour la quatrième semaine de suite, notamment sur les plateformes d'exploitation du schiste frappées de plein fouet, plus que d'autres, par les effets de la baisse des prix de ces dernières semaines. Une donne à laquelle est venue se greffer la remontée de tension commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, un moment «suspendue» en raison du Covid-19, et les accusations de plus en plus véhémentes des Américains sur l'origine chinoise, un laboratoire de Wuhan plus précisément, du nouveau coronavirus. Des données auxquelles le marché ne peut rester insensible et, du coup, les prix pourraient de nouveau en pâtir. Mais en attendant, les projections se multiplient quant à la tenue de l'or noir durant les prochains mois, sur fond de récession économique généralisée en raison du coronavirus. Des projections et perspectives à l'instar de celles de la banque Goldman Sachs qui, il y a deux jours, a revu ses prédictions quant au prix moyen du pétrole en 2021 qui passe, ainsi, de 48,50 dollars à 51,38 dollars le baril de WTI alors que le Brent vaudra en moyenne 55,63 dollars alors que son estimation précédente était de 52,50 dollars, selon Goldman Sachs qui s'attend à une reprise progressive de la demande mondiale de pétrole et à l'application de l'accord de réduction de production de l'Opep+ et à des fermetures ailleurs pour soutenir les prix du pétrole l'année prochaine. «La demande commence également à se redresser à partir d'une base basse, entraînée par le redémarrage de l'économie chinoise et par la demande de transport dans les économies de marché développées», expliquent les analystes de Goldman Sachs dans leur note de conjoncture à travers laquelle ils soutiennent également que même si les producteurs de pétrole ont finalement accepté de réduire la production de près de 10 millions de barils/jour, l'accord ne parviendra pas à soutenir les prix du pétrole dans les semaines à venir, car l'accord, bien qu' historique, ne répond pas à la destruction et aux attentes énormes de la demande, pense-t-on à la banque Goldman Sachs. Quoi qu'il en soit, à la «banque qui dirige le monde» si on ne s'attend pas à ce que les prix explosent ces prochaines semaines après l'entrée en application de l'accord Opep+, on se dit optimiste quant à la reprise de la demande de pétrole en 2021 du fait plus que probable du respect de l'accord «historique» de réduction de 9,7 millions de barils/jour, et de la réduction de production aux Etats-Unis et au Canada en raison des conditions du marché. Ceci si on y ajoute l'intérêt des Russes à devoir respecter l'accord qu'ils ont signé avec les autres exportateurs de l'Opep et en dehors puisque, selon les projections de la Banque centrale russe, il y a quelques jours, les mesures de confinement prises pour contrer le nouveau coronavirus et la chute des prix du pétrole vont faire plonger l'économie russe dans le rouge, a prévenu la Banque centrale qui s'attend à une baisse du PIB de jusqu'à 6% en 2020. C'est dire donc si jusqu'au bout, l'année 2020 demeurera sans doute difficile mais, après, tout devrait rentrer dans l'ordre. A moins que… Azedine Maktour