Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) estime que l'avant-projet de révision constitutionnelle élaboré par le groupe d'experts installé en janvier dernier par le président de la République ne tranche pas la question de la nature du régime et porte une empreinte «populiste». M. Kebci - Alger (Le Soir) - Dans un communiqué sanctionnant la réunion hebdomadaire de son bureau national, le mouvement islamiste relève que certaines dispositions de ce texte sont caractérisées par un «flou», prévoyant qu'elles prendront une «mauvaise» dimension. Et de prendre en premier exemple de ces dispositions à «questionnements» le nouveau poste de vice-président de la République puisque ses missions, ses attributions et encore moins le mode de désignation de son occupant ne sont pas clairement définis». En ce qui concerne les libertés publiques, le parti que préside Abderezzak Makri estime que ce brouillon «ne présente pas suffisamment de garanties constitutionnelles» dans ce chapitre à même de garantir la «transparence des élections» en plus du fait que le document proposé «ne criminalise pas la fraude électorale et ne prévoit aucune disposition contre ce fléau qui est la source de toutes les crises qu'endure le pays». Ne s'arrêtant pas là, le MSP va loin dans ses critiques à l'endroit de ce texte qui porte, selon lui, une empreinte «populiste» qui mènera inévitablement au harcèlement des partis à l'effet de «réduire leur marge de manœuvre, que ce soit dans la Constitution, dans la pratique politique, et dans leur droit de représenter leurs électeurs dans les assemblées élues». Ce qui, par ailleurs, influera, poursuit-il, sur la mission parlementaire en «flagrante contradiction avec les options constitutionnelles de par le monde». Le texte, selon le MSP, ne confère pas «suffisamment de prérogatives aux instances élues à même de consacrer les articles 7 et 8 de la présente Constitution et qui constituent l'une des revendications phares du mouvement populaire du 22 février 2019». Le mouvement islamiste relève également le maintien des instances désignées, notamment administratives au détriment de celles élues, ce qui constitue, considère-t-il, «un handicap au développement local et une entorse à la démocratie participative et aux options de décentralisation». Concernant le pouvoir judiciaire, le MSP note un «recul» dans l'indépendance de la justice, se fiant à l'annulation des dispositions protégeant les juges de toutes sortes de pressions, de mutation et de manœuvres avec le maintien du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) sous la chapelle du pouvoir exécutif. Ceci en sus de la consécration du mécanisme de la désignation au sein de la Cour constitutionnelle projetée, notamment en ce qui concerne les sièges revenant jusqu'ici au Parlement élu au suffrage universel au lieu de l'élection qui permet l'émergence d'une instance indépendante et autonome. Le MSP affirme que son avis final à l'égard de cet avant-projet de révision constitutionnelle sera arrêté à la fin des débats et des concertations qu'il mènera avec des experts, des universitaires via la tenue de conférences thématiques ,en sus de concertations avec des personnalités nationales, la classe politique et la société civile dans ses divers segments. A travers cette posture sévèrement «critique» à l'endroit de l'avant-projet de révision constitutionnelle, le président du MSP n'entame-t-il pas le processus de «prise de distance» vis-à-vis du président de la République, lui qui avait parlé d'un «rapprochement de points de vue» sur toutes les questions nationales et internationales avec le chef de l'Etat à l'issue de leur entrevue, le 6 février écoulé dans le cadre des rencontres des concertations que le chef de l'Etat avait initiées pour faire la promotion de son projet de révision de la Constitution ? M. K.