De notre correspondante à Rome Aïcha Abdeslem Le retour à un quotidien de normalité signifie pour les Italiens prendre leur café dehors, manger une pizza à une terrasse en famille ou avec des amis, assister à un match de football (même sur écran) au moment où ils se disputent, et surtout, pouvoir réserver un hôtel et un vol pour leurs vacances d'été. Les habitants de la péninsule sont libres de nouveau, de se déplacer sur tout le territoire italien depuis le 3 juin. Plus de restrictions et de limitation des déplacements, tout en maintenant l'obligation de porter le masque, de ne pas se réunir en grand nombre et de respecter la distanciation sociale. Les écoles demeurent fermées jusqu'à la prochaine rentrée scolaire en septembre, les sports collectifs sont toujours suspendus et certaines activités professionnelles (salons de coiffure, centres de soins esthétiques, dentistes et médecins..) ne reçoivent que sur rendez-vous et un client à la fois. Il demeure également interdit de s'embrasser ou de s'enlacer, de quitter son domicile si on a de la fièvre ou si on a été mis en quarantaine pour risque de positivité au Covid-19. Les cinémas et les salles de spectacles n'ouvriront que dans quelques jours et devront respecter des règles strictes pour éviter des salles pleines et des spectateurs trop proches, y compris à l'air libre. Les transports publics ont repris du service, mais au grand dam des usagers qui réalisent comment il est souvent impossible de respecter les distances physiques recommandées, surtout aux heures de pointe. Mais les Italiens, grands mordus de football, pourront se consoler avec la reprise du championnat prévue pour le 20 juin prochain. Le premier match sera disputé entre les équipes de Parma et du Torino, sans public, évidemment. Le pays est désormais sorti de la situation extrêmement critique dans laquelle il s'est trouvé pendant les mois de mars et d'avril, lorsque le nombre de personnes tuées par le Covid-19 avait dépassé les 33.480 sur un total de 233.200 atteintes de cette infection. Un nombre effarent de morts du coronavirus, surtout parmi la tranche d'âge des octogénaires et septuagénaires. Par ailleurs, plusieurs personnes âgées atteintes de pathologies chroniques, par manque de suivi médical, dû à l'encombrement des services des urgences, ont succombé à la maladie et plus d'une centaine de médecins qui étaient aux prises avec le Covid-19 sont décédés. Cette pandémie menace toutefois sérieusement l'économie de la péninsule et les experts prévoient une récession de l'ordre de - 7,5 à - 9,5%, qui ne devra s'atténuer qu'en 2021 avec un taux de croissance qui devrait s'éloigner de l'actuelle récession. Il faut dire que les 27 pays de l'Union européenne accuseront les répercussions lourdes du confinement sur leur économie, le manque d'investissement, la paralysie de secteurs entiers de l'industrie et du commerce pendant les mois de mars, avril et mai. Aucun membre de l'UE n'échappera à la récession, même si l'Italie, l'Espagne et la France devraient être les plus frappées avec un fort endettement public. À la veille des vacances d'été, les pays de la zone Schengen devraient rétablir la libre circulation entre leurs frontières. Mais certains pays ont unilatéralement pris des mesures restrictives comme la Grèce qui a dressé une liste de 25 pays du monde, dont les ressortissants seront les seuls autorisés à séjourner sur ses îles. L'Italie ne fait pas partie de ces derniers, ce qui a provoqué le courroux des touristes italiens, clients habituels de la destination grecque. Les Etats-Unis, qui avaient fermé leurs frontières aux voyageurs européens, n'ont pas encore adopté une révision de cette mesure drastique. Les régions italiennes elles-mêmes, surtout celles du Sud très convoitées par les estivants (Sicile, Sardaigne, Pouilles..) , ont exprimé leur préoccupation face au rétablissement des liaisons maritimes et aériennes. Il faut dire que ces localités se trouvent entre le marteau et l'enclume: le besoin de soulever leur économie avec les entrées du tourisme et la peur de la propagation du Covid-19 sur leur territoire, jusque-là épargné par la pandémie qui a surtout frappé le Nord (Lombardie et, dans une moindre mesure, la Vénétie et le Piémont). Toutefois, les Italiens voudraient se montrer optimistes en se rassurant : «Il peggio è passato» (le pire est passé). A. A.