Ce qui n'était qu'une appréhension s'est, au fil des derniers jours, transformé en une véritable inquiétude. Le bilan des contaminations au Covid-19 en est à l'origine. La relative baisse des contaminations n'aura été qu'un bref interlude. La courbe ne fléchit pas. Au contraire, des foyers de contamination apparaissent dans plusieurs wilayas. Le directeur de la prévention avertit : le retour au confinement dans certaines localités n'est pas exclu. Le Premier ministre avait déjà mis en garde : l'allégement des mesures liées au confinement est tributaire du respect des mesures barrières. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Il n'aura pas fallu plus de deux semaines de déconfinement pour que la situation épidémiologique soit à nouveau inquiétante. En s'adonnant à l'exercice quotidien de la lecture du bilan des contaminations, le porte-parole du Comité scientifique a laissé entendre que le durcissement des mesures de confinement dans certaines wilayas ne sera pas exclu si le taux de contamination y reste aussi élevé. Le dernier bilan faisait état de la contamination de 119 personnes et du décès de 14 autres alors que 53 patients se trouvaient en réanimation. Les échos émanant du terrain sont encore plus inquiétants : dans de nombreuses wilayas, les services dédiés à la prise en charge des patients atteints du Covid-19 affichent à nouveau complet. Certaines structures sanitaires ont dû aménager de nouveaux espaces pour recevoir les patients. Les équipes médicales qui avaient pu souffler un peu à la fin du Ramadhan se retrouvent, une fois de plus, sous pression. Le constat des médecins et membres du Comité scientifique est unanime : depuis la fin du Ramadhan, la tendance haussière s'est confirmée avec cependant une particularité : l'apparition de clusters. Des familles entières sont ainsi contaminées alors que des wilayas du centre et de l'est du pays affichent un triste palmarès. Dans son bulletin épidémiologique, l'Institut national de santé publique fait état d'une augmentation du nombre de nouveaux décès déclarés au cours des sept derniers jours. Les régions qui ont enregistré le maximum de décès durant cette période sont les régions est (41,9%) et centre (29,0%). Cette hausse de la mortalité témoigne d'une circulation encore active du virus, conclut le groupe de médecins qui travaille à l'élaboration dudit bulletin. Les raisons ? Clairement, le non-respect des mesures barrières est montré du doigt. Les foyers de contamination n'apparaissent que parce que des groupes d'individus adoptent des comportements à risque. Le port du masque est aléatoire lorsqu'il n'est même pas respecté, sans compter la distanciation physique. Toutes les campagnes de sensibilisation n'ont visiblement pas porté leurs fruits sur les plus réfractaires. Ils continuent de fréquenter marchés et autres espaces publics sans respect des consignes. Beaucoup d'entre eux constituent un véritable réservoir de contamination potentielle mais également un risque sur la santé publique. Cette nouvelle donne a été à l'origine de la mise en place d'une cellule opérationnelle chargée d'investigation et de suivi des enquêtes épidémiologiques. Avec à sa tête le Pr Belhocine, elle a été chargée de coordonner les enquêtes sur le terrain pour identifier, isoler et, ensuite, traiter les cas confirmés et les sujets contacts afin de circonscrire le risque de contamination. L'approche a été adoptée avec l'annonce de la sortie du confinement. De l'avis de tous les spécialistes, les mesures liées au confinement ne peuvent être éternelles. L'impératif du retour à une vie économique presque normale a imposé une sortie du confinement sur deux étapes avec dans un premier temps une reprise des activités commerciales puis du transport et du retour progressif des fonctionnaires à leur poste du travail. Le Premier ministre avait averti : le défi consiste à éviter un rebond qui pourrait être fatal pour le système de santé algérien. Djerad l'avait clairement dit : le maintien des mesures d'allégement du confinement restait tributaire de l'évolution de la situation épidémiologique. En clair : un retour à une application plus stricte des mesures de confinement n'est pas du tout exclu. N. I.