Le P-dg d'Alliance Assurance, Hassen Khelifati, appelle à l'instauration d'un système de régulation «ferme», lequel facilitera l'accès des compagnies d'assurances privées au marché public. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Inaugurant ce matin la nouvelle émission du Soir d'Algérie intitulée «LSA-Direct» qui fait partie du vaste programme de digitalisation, le patron de cette société s'est plaint d'un déficit qui «se creuse d'année en année», occasionnant «des pertes non négligeables» pour plusieurs entreprises qui activent dans le domaine. Il exige par conséquent, «la mise en place de réformes structurelles et de fond» à même de remédier «au plus vite» à cette situation. Dans le même esprit, Hassen Khelifati parle du «monopole» du secteur public sur le marché. Il se dit convaincu que cela a ouvert le champ à «certaines pratiques douteuses» ayant sur le long terme, «fragilisé plusieurs entreprises privées et le secteur tout entier». Affirmant que ces dernières sont en proie «à une discrimination évidente» de la part du secteur public, le directeur général d'Alliance Assurance insiste pour qu'il y ait «une séparation entre la régulation et l'activité». Relevant une dichotomie entre les relations tutelle/entreprises, il rappelle que l'Etat, qui supervise le travail des entreprises privées, «est en même temps propriétaire des entreprises publiques», d'où la nécessité, selon lui, d'utiliser «en urgence» de «nouveaux outils de régulation». Revenant sur le segment de l'automobile, qui représente 50% du marché du secteur, Hassen Khelifati déplore, là aussi, les conséquences préjudiciables de l'absence de régulation. D'après lui, les démarches «incertaines» et les multiples revirements qui ont caractérisé l'industrie automobile en Algérie ont «déstabilisé le marché des assurances». Etayant son propos, Hassen Khelifati a rappelé qu'en 2019, «le marché de l'automobile n'a progressé que de 210 millions DA en valeur», tandis que les sinistres «ont augmenté de 10 milliards de DA». Pour lui, il est certain que ce déséquilibre fait qu'aujourd'hui, on se retrouve avec une croissance « très basse» en automobiles. Interrogé sur le pourquoi de la défiance des Algériens vis-à-vis de la «culture» des assurances, l'invité de l'émission établit le lien entre cette méfiance et le fait «que les citoyens ont vécu 40 ans sous le monopole administratif», souvent lié à la contrainte. En conséquence, «l'Algérien l'a toujours vécu comme une obligation ou un impôt et non un service», explique-t-il. Hassen Khelifati précise qu'avec l'arrivée des entreprises privées, la situation s'est légèrement améliorée, ajoutant néanmoins que «les entreprises privées subissent toujours la domination du secteur public». Preuve en est, ce dernier fait savoir que « le contrat d'assurance est le contrat le plus taxé en Algérie». Il relève qu'en plus des frais du timbre gradué, celui de dimension, ainsi que de la TVA , «vient s'ajouter la taxe de pollution». Une taxe, dit-il, qui est à l'origine du net recul du chiffre d'affaires des compagnies d'assurances. Dans un autre registre, Hassan Khelifati a abordé l'après Covid-19, en assurant que des discussions ont été engagées en interne dans la perspective de trouver des moyens qui permettraient « d'anticiper à l'avenir sur les pertes financières que peut éventuellement engendrer une pandémie inattendue». Il a ajouté dans ce sens : «Nous sommes en contact avec nos réassureurs», augurant que de nouvelles offres susceptibles de prévoir ce genre de risque, «verront le jour en 2021». M. Z.