Par Pr Baddari Kamel(*) La fuite des cerveaux que les économistes préfèrent désigner par la fuite du capital humain est apparue dans les années soixante et constitue aujourd'hui l'un des phénomènes les plus redoutables dans le monde, notamment pour les pays en voie de développement qui subissent chaque année une saignée à blanc de leur capital humain qu'ils ont formé à coups de millions de dollars, et dont la conséquence est la diminution significative de leur masse critique nécessaire à leur développement scientifique, technique et économique. Si cette saignée pourrait passer pour anecdotique pour les pays développés qui préfèrent le terme de mobilité ou d'expatriation du fait que, souvent, leurs talents partent avec un billet retour pour découvrir une nouvelle culture ou pour bénéficier de ressources technologiques et d'opportunités professionnelles différentes, voire enrichissantes ; en revanche, pour les pays en voie de développement, c'est un gone for good qui se transforme en catastrophe et certains pays n'hésitent pas à qualifier ce phénomène de «rapt» et de montage par les pays développés pour s'accaparer de personnels «bien formés» pour la plupart. La crainte de ces pays en voie de développement se comprend par le fait qu'ils assistent à un véritable exil de leurs ressources humaines sans espérer des retours d'investissement. Plus grave, cet exil touche maintenant les cadres diplômés expérimentés et les étudiants. Pour éviter toute confusion ou connotation négative, nous parlerons dans la suite de l'exposé de talents algériens à l'étranger pour désigner les Algériens qui exercent leur talent intellectuel en dehors de leur pays d'origine. Des raisons de partir, d'y rester, aux difficultés de retour ? Les individus ont le droit de s'installer là où ils veulent, là où ils s'accommodent le mieux. C'est une réalité montrée à travers l'histoire de l'humanité. Les motifs avancés par ces talents algériens à l'étranger en quittant leur pays d'origine sont de nature à les infléchir aux attitudes sournoises des pays d'accueil qui vendent «le rêve américain» en dévaluant l'ici et en idéalisant l'ailleurs. Ces pays offrent, à ne pas douter, une meilleure qualité de vie, des rémunérations alléchantes, des possibilités d'évolution, un rang social recherché... ce qui, a priori, pourrait susciter la tentation même pour les plus sages. Quels que soient les raisons ou les motifs, certains de ces talents algériens à l'étranger ne peuvent être affranchis d'observations à un manquement à leurs obligations professionnelles. Certains partent sans honorer leurs contrats ou assurer la relève des fonctions qu'ils occupaient. Si la démarche de ces candidats au «rêve américain, européen ou asiatique» indique un projet à réaliser et des perspectives individuelles, il faut se rendre à l'évidence que cela ne se réalise pas comme d'un claquement de doigts. Il faut résister à différentes tempêtes de tout ordre — financier et administratif — et à des difficultés d'adaptation, surtout si la famille l'accompagne dans son périple. C'est une véritable course à la réussite qui s'engage jusqu'à affirmer le succès et y rester, ou recommencer éternellement en attendant des jours meilleurs et y demeurer dans une situation peu brillante, voire précaire. Cette course à la réussite mène certains à une déconstruction involontaire et les difficultés de retour se compliquent avec le temps. L'esprit va déambuler entre l'ailleurs et l'ici ou l'ici et l'ailleurs, si bien que certaines phobies naissent et s'enracinent, et que certaines appréhensions justifiées ou non s'installent. La crainte de ne plus s'adapter pour lui et pour ses enfants, les différentes distanciations (manière de vivre, mentalité, obstacles économiques), l'obtention de la nationalité étrangère, l'autorisation d'exercer pour les médecins, la confirmation à un poste de travail pour les technologues et les enseignants sont autant d'éléments qui mettent fin à toute velléité de retour au bled, ce qui les entraîne, dans la majorité des cas, à abroger le projet de retour. Mais, faut-il le signaler, certains talents algériens à l'étranger réussissent parfaitement leur retour ; pourtant, ils avaient la possibilité d'y rester. Nous n'allons pas distribuer des points sur le patriotisme des uns et des autres, le pays a besoin de tous ses scientifiques. Ces talents à l'étranger démontrent, dans leur quasi-majorité, à chaque occasion qui se présente à eux, que leur attachement au pays d'origine ne souffre aucune tare. Que savons-nous de ces talents à l'étranger Ils activent dans des domaines de pointe, notamment le management et l'économie, l'informatique et les nouvelles technologies, l'électronique et la physique, la médecine et la pharmacie, les banques, la biotechnologie, les énergies renouvelables et les métiers du futur... Les pays d'accueil sont ceux de l'Europe, l'Afrique du Sud, le Canada, les Etats-Unis, les pays du Golfe, la Chine, la Malaisie, Singapour et l'Indonésie principalement. Les statistiques pour cerner l'étendue de ce phénomène sont imparfaites. Quelques bribes d'informations recoupées avec des données émanant d'organismes reconnus permettent d'avancer qu'ils seraient au nombre de 500 000 environ entre cadres, chercheurs, médecins, universitaires et chefs d'entreprise. Parmi eux, un nombre conséquent de 4 000 environ sont dotés de la capacité de décision et d'investissement et 10 000 environ occupent des postes élevés. Ils procurent au pays une rente migratoire de 2 milliards de dollars environ contre 7 milliards pour le Maroc (Source : émission «Invité de la rédaction» de la Chaîne 3 algérienne - octobre 2019), sachant que le nombre des Marocains est inférieur à celui des Algériens à l'étranger. Ils publient dans des revues scientifiques, déposent des brevets d'invention, travaillent dans des centres de recherche de renommée et enseignent dans des universités de prestige pour la plupart. Nous espérons de tout cœur que l'un d'eux au moins puisse accrocher son nom au tableau des médailles prestigieuses du genre Clark ou Fields. Ils possèdent tous ou presque simultanément plusieurs nationalités. Comme tout chercheur ou innovateur en expatriation, ils subissent des effets pervers professionnels liés le plus souvent à des pressions de publication scientifiques, de recherche de fonds de financement pour les chefs d'entreprise, de la recherche du poste de travail correspondant le mieux au profil... mais aussi des effets sociaux tels que d'éloignement de leur patrie d'origine, la crainte de la désintégration familiale marquée par le refus ou l'acceptation de valeurs morales perçues différemment entre les enfants et les parents... Malgré ces difficultés, la majorité de ces talents à l'étranger montrent leur totale disponibilité à une collaboration approfondie, tous azimuts, avec les intelligences nationales pour bâtir un solide partenariat au profit du développement scientifique, technique et économique de l'Algérie. A cet égard, un certain nombre de talents algériens à l'étranger entretiennent, à titre personnel, de parfaites relations professionnelles avec leurs milieux en Algérie (participation à des manifestations scientifiques, actions de formation...). Comment la problématique est-elle abordée par d'autres pays Il s'agit d'un phénomène mondial, mais pour certains pays développés, cela reste anecdotique du fait que les talents accomplissent le plus souvent une mobilité profitable avant d'amorcer leur retour. Certains autres pays, comme la Chine, ont réussi à inverser la courbe. En effet, la Chine a favorisé les investissements directs sur la qualité de la formation et dans les infrastructures technologiques, le numérique et l'intelligence artificielle. Aujourd'hui, elle est une manne pour l'innovation et devient une destination privilégiée des investisseurs, des scientifiques et des étudiants de tout horizon. Pour d'autres pays, à l'image de l'Allemagne ou du Royaume-Uni, c'est l'investissement dans la formation qui est privilégié pour attirer les étudiants étrangers et les retenir par la suite. L'Union européenne a mis au point un programme nommé «Tempus Mundus» (transformé en Tempus puis maintenant en Erasmus plus) pour attirer les étudiants grâce au dispositif de la mobilité humaine et, ensuite, retenir les plus doués. C'est une manière de combler les lacunes créées par le départ de leurs propres ressortissants. Rien qu'en France, une forte saignée de ses ressources humaines est constatée (environ deux millions de scientifiques et entrepreneurs français vivent en tant qu'expatriés). Les pays occidentaux ont la particularité d'être xénophiles des compétences nécessaires à leur développement (à la Silicon Valley, 50% de sa population est née à l'étranger). L'Inde, l'un des pays les plus touchés par le phénomène d'émigration, a enregistré une augmentation sur 10 ans de 256% du taux d'étudiants poursuivant leurs études en médecine à l'étranger (Source : Institut indien de management de Bangalore – 2015), ce qui a amené le gouvernement de l'Inde à instaurer une législation particulière à ses étudiants devant se rendre à l'étranger pour des études en médecine. L'étudiant indien s'engage par contrat à retourner au pays au terme de ses études sous peine de se voir interdire d'exercer la profession de médecin. Ces pays, au côté de leur nouvelle politique de développement intégrant le capital humain de tout horizon, ont mis en œuvre différentes mesures fortement incitatives comprenant des avantages fiscaux, des compensations financières, facilitation d'obtention des visas et de résidence, augmentation d'écoles nationales de qualité... Que faire Sans prétendre détenir la solution miracle pour endiguer cet exode, il nous semble que l'approche la plus plausible et dont il faut tout faire pour qu'elle réussisse est de rationaliser la participation des talents algériens à l'étranger à partir de leurs pays d'accueil en prenant soin d'éviter les écueils du passé. A notre humble avis, une politique forte est à mettre en place consistant notamment à : 1/ Créer le cadre institutionnel le mieux adapté à la situation en revisitant, s'il y a lieu, le décret présidentiel n° 09-297 du 9 septembre 2009 portant création, organisation et fonctionnement du Conseil consultatif de la communauté nationale à l'étranger. 2/ Assainir et améliorer l'environnement de travail : les réglementations actuelles sont jugées envahissantes, voire contraignantes, levée des restrictions des déplacements et renforcer l'amélioration de la qualité de prise en charge, revoir les rémunérations, améliorer l'attractivité des laboratoires de recherche, élaborer des feuilles de route bâties sur des objectifs clairs, réalisables et mesurables... 3/ Agréger les différentes associations créées à cet effet en Europe, en Amérique, au Canada... autour de mêmes objectifs profitables pour le pays. Il faut procéder à leur recensement avec le concours du MESRS et du MAE, 4/ Améliorer la communication et l'information pour que les talents algériens à l'étranger soient au fait de ce qui se passe dans leur pays d'origine en matière d'opportunités et de perspectives de développement. 5/ Avoir une vraie direction de ressources humaines à l'échelle nationale : plans de carrières, cadres de travail, qualité de management... 6/ Donner la possibilité aux jeunes Algériens bien formés de diriger des entreprises et des services de l'Etat, accroître la croissance économique et favoriser l'investissement national et extraterritorial sont des éléments qui redonnent confiance, de l'optimisme et renforcent l'attachement au pays. 7/ Permettre aux talents algériens à l'étranger les plus doués de diriger des entreprises et des organes consultatifs ou de décision. 8/ Renforcer la participation des talents algériens à l'étranger dans les affaires du pays pour développer les échanges avec leurs pays d'accueil. Ils peuvent amener des sommités mondiales pour donner des séminaires, encadrer des sujets de doctorat, animer des cours de haut niveau... Si cette politique venait à être mise en place et consolidée, la participation de ces talents serait sans doute effective avec une forte plus-value pour le pays, mais il ne faut pas perdre de vue que cette population a fait son choix de s'exiler pour exercer ses talents intellectuels en dehors du pays. Il faut respecter ce choix. Nous pensons qu'il faut inventer les solutions originales pour freiner cet exode par la prise en charge réelle et effective de ceux qui sont restés dans le pays. Ceci passe par au moins deux approches. L'une est l'amélioration des conditions de travail et la création d'un environnement profitable à l'exercice des compétences individuelles et collectives comme exposé auparavant. L'autre consiste à actionner le levier de l'enseignement supérieur pour que l'université retrouve sa confiance et devienne une référence en matière de formation en Afrique et dans le monde. Elle devra se surmonter pour amener les jeunes diplômés à innover et à inventer, à généraliser l'assurance-qualité dans ses missions de formation, de recherche et de gouvernance, à viser l'accréditation et la labellisation internationale de sa formation... ce qui lui permettra de contribuer à l'émergence d'une nouvelle forme de développement en séduisant des investisseurs, à conserver ses propres étudiants et aussi à retenir les excellents étudiants étrangers présents sur son territoire à l'image de ce que font les pays occidentaux. À cet égard, 54% des talents africains préfèrent émigrer vers un pays africain. Cette politique devra aussi rejeter la xénophobie et s'ouvrir aux compétences mondiales, soit en matière d'études ou d'investissement. L'Algérie a formé quelque 60 000 étudiants étrangers de tout horizon depuis l'indépendance (source : MESRS Algérie). Parmi ces étudiants, combien sont-ils restés en Algérie ? Probablement zéro ! Ce qui représente un gâchis en laissant «filer» des talents formés par nous-mêmes pour des Occidentaux probablement. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que la partie n'est pas pliée d'avance. Les pays destinataires s'opposeront en tout moyen au départ des talents étrangers présents sur leur sol. L'exemple du Canada est significatif. Dans ce pays très vaste et possédant une industrie florissante, le retour des talents étrangers à leur pays d'origine sera préjudiciable et rendra le pays plus vulnérable aux conséquences du vieillissement de sa population et du faible taux de fécondité. Le cas préoccupant des étudiants Le cas des étudiants qui partent émigrer à leur bon gré à l'étranger est un phénomène préoccupant qui se développe depuis plusieurs années. Ils seraient plusieurs milliers à partir chaque année pour l'étranger (Source : le ministre de l'Enseignement supérieur à la Chaîne 3, rapporté par le journal Algérie-éco du 19 mai 2020). Rien que pour l'année universitaire 2017-2018, le recensement a donné environ 30 000 étudiants algériens inscrits dans l'enseignement supérieur français (Source : Campus France rapporté par le journal Le Monde). Le retour n'est plus comme dans la période de la défunte CNFE (Commission nationale de la formation à l'étranger) des années 80 où le taux de retour était très élevé. Dans les années 90, ce taux est passé à 25% alors qu'actuellement ce taux est toujours faible (les chiffres officiels n'étant pas publiés). Il est plus urgent que jamais d'accorder une attention particulière à ce phénomène qui doit être suivi de plus près et d'y apporter les remèdes. Il ne faut pas que l'université algérienne soit une pépinière de formation pour les autres pays. La modernisation des infrastructures universitaires, l'amélioration des conditions de vie, l'attractivité des études, les programmes de formation, les méthodes pédagogiques d'enseignement et d'évaluation, la créativité et l'innovation sont autant de variables d'ajustement indispensables à cette transformation. Ce n'est que de cette manière que le pays arrivera à mettre fin à la spirale infernale de départs de ses étudiants, seuls garants de la continuité de ses générations. Le cas particulier des médecins Le pays d'accueil pour les médecins algériens qui veulent s'exiler est la France pour les raisons que tout le monde connaît. Dans ce domaine, les médecins algériens diplômés des universités algériennes se trouvant en France sont au nombre de 4 404 au 1er janvier 2017, soit une augmentation de 60% en 10 ans. Si on ajoute à ce nombre les Algériens nés en Algérie et diplômés en Europe, ce nombre passera à 14 305 médecins (Source : Conseil national de l'ordre des médecins - CNOM France). Bien entendu, à ce nombre il faut ajouter les médecins non affiliés au CNOM et dont le nombre reste inconnu. Ces médecins, non affiliés au CNOM, exercent à des postes subalternes par rapport à leurs compétences. Ils sont le résultat de vagues de départs à titre personnel de médecins estimées à plusieurs centaines par an. Mais malgré cette saignée, le nombre de médecins pour 1000 habitants en Algérie demeure le plus élevé en Afrique. C'est là l'une des forces du système éducatif algérien. En effet, l'université canadienne de Sherbrooke (outil perspective monde - 2020) a donné ses statistiques sur l'Afrique où respectivement le nombre de médecins pour 1000 habitants en Algérie est de 1,72 en 2018 alors qu'il était de 1,79 en 2017. A titre comparatif, pour l'année 2017, le Maroc a un taux de 0,73, la Tunisie 1,30 et 0,91 pour l'Afrique du Sud. Ce résultat montre si besoin est pour l'Algérie les excellents résultats des investissements effectués sur la formation du capital humain depuis l'indépendance du pays. Rien que dans le domaine médical, 80 000 médecins ont été formés depuis 1962. Une comparaison des extrants diplômés par année de l'enseignement supérieur montre là aussi l'excellent comportant du système éducatif algérien. En effet, à titre comparatif, en France, il y a eu 113 000 (master et doctorat), 72 000 (licence) et 60 000 (ingénieurs) sortants diplômés en 2017, soit un total de 245 000 diplômés (source : INSEE – France) ; alors qu'en Algérie, il y a eu 230 000 environ dans la même période. Certains « complotistes » diront que là ce n'est que l'aspect quantitatif qui est avancé aux dépens du qualitatif. Les statistiques les démentiront. Que dire de l'étudiant algérien, soumis le plus souvent à des conditions d'existence très difficiles à l'étranger, qui réussit ses études haut la main ? Conclusion Prise d'un côté, la fuite des cerveaux peut être une excellente nouvelle pour l'université algérienne car cela prouve que son produit est exportable ; mais orgueil et prestige mis de côté, force est de constater que le pays ne tire aucun bénéfice économique des travaux et brevets produits par les talents algériens à l'étranger dont les résultats ne profitent qu'aux pays d'accueil. Le phénomène de la fuite des cerveaux résulte de stratégies de pays à la recherche de talents quel que soit le pays où ils sont formés. C'est un phénomène qui n'est pas près de s'éteindre, tout le contraire. Selon une étude prospective de Global Talent Consulting, les besoins en ressources humaines qualifiées dans les années à venir s'expriment selon les taux de croissance d'emploi suivants : Europe de l'Ouest (+3,5%), Amérique du Nord (+6,1%), Japon-Corée du Sud et Taïwan (+10%), Chine (+22,2%), pays arabes (+12,7%) ; alors que la progression des diplômés dans ces pays sera insuffisante pour absorber les besoins en emplois : France-Royaume-Uni-Italie (entre 0,5% et 1%), USA-Canada (un peu plus de 1%), Japon (-0,5%) et aussi négative en Allemagne. Ces pays devront donc faire appel à des diplômés des pays du Sud pour compenser ces pénuries (Source : plateforme «Geneva Business News» - Suisse). Tout compte fait, la fuite du capital humain raisonnable, au sens d'expatriation, n'est-elle pas profitable pour l'Algérie ? Si elle est bien maîtrisée, elle pourra servir de pont entre notre pays et les pays d'accueil pour favoriser le commerce et les investissements entre les deux parties mais aussi l'échange de scientifiques, la venue de professeurs associés et d'experts internationaux de haut niveau, l'incorporation dans le circuit scientifique et économique du pays de talents algériens hautement qualifiés, la commercialisation des produits fabriqués en Algérie... C'est la seule façon de transformer le brain drain en brain gain. En revanche, si ce phénomène de fuite des cerveaux n'est pas pris en charge comme il se doit d'être pris, le départ de jeunes scientifiques s'aggravera et fera de sorte que leurs aînés restés actifs en Algérie auront moins de personnes à qui transmettre les connaissances de génération à génération. Il ne faut pas que l'évocation de ces talents algériens à l'étranger soit faite seulement pendant les périodes de crise ou de restriction budgétaire. Une forte politique est à mettre en place. Nous formulons l'espoir que le nouveau ministère délégué auprès du Premier ministère chargé de la Communauté nationale à l'étranger, issu du remaniement ministériel du 23 juin 2020, puisse, avec science, concrétiser les immenses attentes du pays en la matière visant à faciliter les synergies autour de l'objectif commun de développement du pays. B. K. (*) Professeur des universités et recteur de l'université de M'Sila